Tournantes : la justice française en ses oeuvres

Banlieux tournantes

Tournantes : la justice française en ses oeuvres

 

Banlieux tournantes
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Le « procès des tournantes » s’est conclu le 10 octobre à la manière d’une mauvaise farce juridique. Les deux jeunes femmes – blanches, mais chacun sait que le racisme anti-blancs n’existe pas dans les banlieues françaises–, Aurélie et Nina, victimes pendant des mois de viols collectifs dans des caves de cités à Fontenay-sous-Bois, ont été confrontées à leurs tortionnaires, devant la cour d’assises.

Treize ans après les faits, dix des accusés ont été acquittés et quatre condamnés à des peines de six mois de prison à un an ferme, assorties de quatre mois de sursis.

Aurélie a fait une tentative de suicide cinq jours après l’ouverture du procès et a préféré partir en province après le verdict, par peur des représailles. Aucun de ses quatre agresseurs n’a été condamné.

Ceux de Nina n’ont guère plus de souci à se faire : depuis la loi pénitentiaire votée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les condamnés à des peines allant jusqu’à deux ans de prison bénéficient d’aménagements de peine quasiment automatiques. Et ce n’est pas avec Christiane Taubira au ministère de la Justice que cette orientation laxiste s’inversera…

Rappelons néanmoins que lors du procès, l’un des accusés était en cavale au Chili tandis qu’un autre, Mahamadou Doucouré, comparaissait détenu : il sera jugé en novembre, devant la cour d’assises du Val-de-Marne, pour l’enlèvement (présumé) de son fils et l’assassinat (présumé) de son ex-femme, en février 2010. Une bien brave personne…

Après le verdict, l’assistance a applaudi les accusés, condamnés ou acquittés.

Nina a déclaré : « J’avais l’impression d’être la coupable et eux les victimes. Je souhaiterais des peines à la hauteur de ce qu’ils m’ont fait. Je veux que ça aboutisse, qu’il y ait une justice. » C’était beaucoup trop demander.

Les violeurs des caves qui traitent leurs victimes comme de la « viande », ainsi qu’ils l’ont eux-mêmes avoué, n’ont rien à craindre en France, ce beau pays où l’on est si prompt à dénoncer la main sur le cœur les violences faites aux femmes ; du moins, tant qu’elles ne sont pas le fait des voyous des banlieues. Les journalistes, d’ordinaire si sourcilleux sur le chapitre du sexisme, ont magnanimement souligné, en cette occurrence, que la plupart des accusés menaient désormais des vies rangées de pères de famille « d’ambulancier, de styliste ou encore de gardien d’immeuble », précisait par exemple Le Parisien.

Ces deux bonnes femmes, avec leurs traumatismes de treize ans d’âge, n’allaient quand même pas déranger ces pères de famille aux vies rangées !

Le parquet, qui n’a pas une vision des faits aussi irénique, a cependant fait appel de la décision pour huit accusés sur quatorze, estimant que le verdict « est trop éloigné du réquisitoire, à la fois sur les peines prononcées et sur certains acquittements. Il ne correspond pas au déroulement des crimes et à leur appréciation. C’est un message à l’égard des deux jeunes femmes qui doivent être restaurées dans leur place de victimes. »

Ainsi va la France de 2012, où il ne suffit pas d’être violée, battue et humiliée pendant des mois pour avoir droit au statut de victime.

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Comments (5)

  • Daniel Répondre

    Y aurait-il une compréhension mutuelle entre des violeurs en groupe et un groupe de violeurs organisés selon un système?
    Comment l’irresponsabilité statutaire disposant entre ses mains de la vie des autres pourrait-elle ne pas être un viol permanent et rémunéré?

    16 octobre 2012 à 21 h 26 min
  • QUINCTIUS CINCINNATUS Répondre

    Dans ” le Figaro ” ( quotidien de Bloch-Dassault ) de ce jour on ” apprend ” ( façon de parler ) que les frères Elmaleh dont un se prénomme … Meyer sont … ” marocains ” ( sic ) et que d’autre part la ” victime collatérale ” d’E.E.L.V. architecte ( d’intérieur ) est chef (- taine ) de projets dans une société de design pour valoriser les produits industriels mais surtout qu’elle a pour directeurs d’anciens chefs de cabinet de deux élus socialistes … intéressant non ?

    15 octobre 2012 à 21 h 21 min
  • QUINCTIUS CICINNATUS Répondre

    Parlez nous aussi , pour être , justes , équitables et impartiaux , des têtes ” pensantes ” du réseau de blanchiment de l’argent de la drogue récemment démantelé , et non pas uniquement de cette simplette bobo d’ E.E.L.V., mais plutôt des frères Elmaleh , bien connus dans le monde de la finance suisse , et qui apportent comme un zéphyr rafraichissant aux propos récents de Monsieur Bonnal …
    il était un secret de Polichinelle que les ” financiers ” appartenaient au peuple élu et curieusement je l’avais signaler sans être publié … comment dit on omerta en hébreux ?

    14 octobre 2012 à 20 h 46 min
  • Bourbonnaise Répondre

    Peut-on savoir qui est le juge ?
    C’est curieux, dans ces affaires, on ne nous communique jamais le nom du juge et pourtant il pourrait peut-être éclairer le verdict…

    14 octobre 2012 à 18 h 05 min
    • QUINCTIUS CINCINNATUS Répondre

      le patronyme n’a AUCUNE importance ; ce qui en a , par contre , c’est le mode de sélection des magistrats , les lois qu’ils sont en charge d’appliquer , avec ” souplesse pour certains avec rudesse pour d’autres , en somme ce qu’on peut appeler ” l’ambiance ” philosophique et politique qui domine notre ” société ” : bien penser , se repentir … et battre sa coulpe … à perpétuité

      15 octobre 2012 à 9 h 11 min

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