Arbitraire judiciaire

Arbitraire judiciaire

Jean-Luc Mélenchon, aux prises avec la justice à la suite d’une perquisition «mouvementée», s’en est récemment pris à Nicole Belloubet, Garde des sceaux.

Il a notamment accusé cette dernière de laisser les magistrats diligenter un «procès politique» contre lui, de peur d’avoir elle-même des problèmes avec la justice après son départ de la place Vendôme.

Je ne suis pas sûr que le procès de Jean-Luc Mélenchon soit un procès politique. Les images de la perquisition ne sont pas à son honneur et l’arrogance du parlementaire d’extrême gauche face aux policiers était assez pénible à regarder.

Il n’empêche que l’utilisation politique de la justice est une réalité. L’extrême gauche serait d’ailleurs fort mal venue de s’en plaindre, puisqu’elle l’a elle-même organisée avec la fondation du Syndicat de la magistrature en 1968 (dont certains membres assument publiquement de ne pas appliquer les lois qui ne leur plaisent pas ou de tordre le droit dans leurs jugements).

Mais, à la faveur de cette passe d’armes médiatique entre Jean-Luc Mélenchon et Nicole Belloubet, nous avons appris que cette dernière avait «oublié» pendant plusieurs mois (elle aurait rectifié fin 2017) des éléments importants de son patrimoine dans la déclaration rendue obligatoire par l’affaire Cahuzac.

Mme Belloubet a confirmé «l’oubli». Mais j’avoue que je vois mal comment on peut «oublier» deux appartements à Paris et une maison dans l’Aveyron – à moins de disposer d’un patrimoine immobilier colossal.

Qu’elle ait rectifié d’elle-même sa déclaration après six mois plaide certes en sa faveur. Mais cette affaire montre assez la difficulté qu’il y a à respecter la loi.

Les lois sur la «moralisation de la vie politique», comme les lois sur la «liberté de la presse», sont en réalité des lois qui ne sont pas faites pour être respectées, mais des lois favorisant l’arbitraire et le « deux poids, deux mesures» judiciaire.

L’utilisation d’assistants parlementaires à des fins politiques est ainsi très généralement répandue parmi les partis français, mais seuls le RN et le Modem sont visés par une enquête. L’«oubli» de déclaration de patrimoine conduit Patrick Balkany en prison, mais laisse Nicole Belloubet au sommet de la Justice.

Il ne s’agit pas d’excuser les erreurs des uns, mais de constater que les autres ne sont pas les mieux placés pour leur donner des leçons de morale.

Des lois inapplicables, une justice politisée, des médias aux ordres et une classe politique à la moralité «discutable», voilà ce qui se permet de donner des leçons de savoir-vivre aux gilets jaunes. Et l’on s’étonne de la montée des populismes!

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