Brexit et transition

Brexit et transition

Le 29 mars, le ministre du Brexit, David Davis, a publié un article dans « Brexit Central » pour rappeler à ses compatriotes les progrès accomplis dans les négociations et pour faire le point : « Dans un an, après des décennies d’adhésion, des années de consternation et des mois d’âpres négociations, nous quitterons enfin l’UE et ce jour-là restera dans l’histoire. »

S’il est indéniable que les négociations ont pris beaucoup de retard, du fait des blocages multiples dus à l’esprit de revanche mesquin des eurocrates, les Brexiteurs ont tout de même bien avancé depuis le déclenchement de l’Article 50 et Theresa May, malgré ses faiblesses, a fait preuve d’une ténacité surprenante, comme si elle était dopée par les attaques de tous bords.

Le projet de retrait de l’UE est passé au parlement, malgré les euro-nostalgiques fielleux et frileux. Début 2018, la « note de départ » à payer a enfin été fixée : 37,1 milliards de livres sterling payables sur … 45 ans.

Car, si cette union douanière (aux droits de douane très élevés, du reste !) affiche entrée libre, la sortie, elle, ne l’est pas.

La priorité était de régler le côté humain, afin de rassurer les citoyens directement concernés dans leur vie personnelle et pour désamorcer les tensions : le sort des expatriés anglais dans l’UE est désormais résolu, tout comme celui des membres de l’Union vivant au Royaume-Uni, dont 300 000 Français exilés fiscalement à Londres et qui ne reviendront jamais.

Les statuts de résidence sont inchangés et c’est une immense victoire d’avoir obtenu cela.

Enfin, le fameux accord marchand entre l’Angleterre libérée et l’UE, si épineux en raison des services financiers à inclure, est en bonne voie.

Rappelons que le slogan des Brexiteurs ces derniers mois était : « Pas d’accord, pas d’ar­gent. » Si l’impasse n’avait pas pu être brisée, les Britanniques étaient déterminés à claquer la porte et à rejoindre l’OMC.

Ce qu’ils pourraient encore faire en cas de coup bas imprévu, car « rien n’est acquis, tant que rien n’est définitivement établi ».

Reste en souffrance la question de la frontière irlandaise : les prétentions de l’UE à vouloir garder l’Irlande du Nord dans le marché unique et dans l’union douanière ne prévaudront jamais, car c’est là une chose qui ferait éclater le royaume jusque-là uni – ce « qu’aucun Premier ministre britannique ne pourrait accepter », a sèchement rétorqué May. Aussi l’obstacle est-il reculé à la fin du processus de sortie, ce qui est plus logique puisque l’on ne connaîtra les détails de l’accord marchand UK-UE qu’en fin de parcours.

Enfin, a été conclu un accord pour une période de transition (Transition Deal).

Et, là aussi, les Brexiteurs mar­quent des points, même si les plus pressés y voient un retard inutile vers le but ultime qui est de retrouver leur souveraineté pleine et entière à se gouverner soi-même, leur système juridique ancestral, la liberté d’avoir sa propre politique étrangère et de commercer avec qui l’on veut.

Ce qui n’empêche nullement le royaume d’être toujours une nation de la vieille Europe et de continuer une collaboration consentie dans certains domaines.

Pendant la transition (point capital car il répond aux revendications libertariennes du mouvement), les Brexiteurs ont obtenu le droit de pouvoir négocier les futurs traités marchands avec le reste du monde.

En revanche, ils ont échoué à supprimer la politique de pêche commune, l’équivalent sur mer de la PAC honnie, et l’industrie de la pêche, qui a beaucoup contribué à la victoire du 23 juin 2016, se sent à juste titre trahie.

Toutefois, la transition est strictement limitée à 21 mois après le 29 mars 2019, ce qui place le jour de la libération totale des Anglais, et de leurs pêcheurs, au 29 décembre 2020.

De plus, l’attaque de Salisbury a ranimé un sentiment de sympathie appréciable envers nos amis anglais.

De savoir qu’ils sont à mi-parcours et qu’ils tiennent le bon bout devrait faire passer la pilule de la transition.

Qu’est-ce que 21 mois dans le temps long d’une nation ?

De plus, pour les aider à ronger leur frein, ils peuvent comparer leur sort au nôtre.

Eux descendent de la galère tandis que nous, nous ramons enchaînés, à cadence infernale, vers des écueils évidents – mais que les élites aux commandes ne voient pas, ivres de leur vanité et aveuglées par une utopie qui est à contre-courant de l’histoire.

Or, l’histoire n’est jamais charitable envers ceux qui cherchent à lui barrer la route …

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Comments (3)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    pour ce qui concerne les droits de pêche : tous sans exception accusent les britanniques de se comporter comme des … braconniers … idem pour les … Espagnols

    8 avril 2018 à 11 h 42 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Les braconniers pardon les flibustiers britanniques contre les galIons espagnols. à l’époque les filets contenait de l’or et non du vulgaire haddock.

      8 avril 2018 à 14 h 16 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Quand la France a voulu introduire un volet social dans l’UE cela a signifié la mort de cette dernière.
    Faut-il rappeler que cette union s’appelait au début le Marché Commun.

    Les Britanniques, des insulaires peu enclin à se laisser commander à distance par Bruxelles ont donc repris leur instinct séculaire et décidé de rester au large.
    C’est leur droit (Dieu et mon Droit).

    La France devrait arrêter de faire des propositions idiotes qui irritent la majorité de ses partenaires dans l’UE. Elle n’est ni plus ou moins qu’un partenaire comme les autres et doit arrêter de se croire le nombril de cette union.

    4 avril 2018 à 20 h 52 min

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