Des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues

Des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues

Deux cas d’euthanasie décidée par le corps médical font l’objet de vives contestations.

Vincent Lambert, victime d’un accident de la route à 19 ans, est depuis dans un état de conscience diminuée.

Il n’est ni mourant, ni en fin de vie, ni atteint d’une maladie incurable. Il s’endort seul, sans médicament, le soir, et s’éveille seul le matin.

Il a néanmoins fallu recourir pour lui à une alimentation et une hydratation parentérales pour lui éviter des fausses routes qui auraient pu provoquer une embolie pulmonaire fatale, son réflexe de déglutition ayant, sinon disparu, du moins considérablement diminué.

Mais son état s’est sensiblement amélioré depuis son accident, tant sur le plan de la conscience que sur celui du retour partiel du réflexe de déglutition, ce qui pourrait autoriser la reprise, au moins partielle, d’une hydratation et d’une alimentation par la bouche et ceci, malgré l’arrêt de tous soins de kinésithérapie depuis plusieurs années.

Malgré aussi le fait qu’un médecin de l’hôpital avait déjà tenté de le priver d’alimentation et de le déshydrater (pendant 31 jours, jusqu’à intervention de la justice pour faire rétablir la fourniture normale d’aliments et d’eau) : la survie quasi miraculeuse de Vincent après cette terrible épreuve semble indiquer qu’il n’y a pas chez lui de volonté de mourir.

Cependant, la justice a cru bon de conférer la tutelle de Vincent à son épouse (car, juridiquement, ne pouvant divorcer, elle l’est toujours), sans tenir compte du fait qu’elle a refait sa vie avec un autre homme, qu’elle ne s’occupe pas de Vincent, et que son intérêt, tant financier que sur le plan matrimonial, serait que celui-ci disparaisse.

C’est ce qu’elle ne cesse de réclamer, appuyée par un neveu de Vincent.

Au contraire, les parents de celui-ci, constatant ses progrès, ne cessent de demander qu’il quitte le service de soins palliatifs, où tous soins lui sont refusés, pour être accueilli un service compétent pour un cas comme le sien, où une place lui est réservée depuis longtemps.

Cette demande est appuyée par de nombreux spécialistes.

Mais le médecin qui a décidé que la vie de Vincent ne valait pas d’être vécue, et qu’il convenait de lui supprimer alimentation et hydratation (les terribles souffrances qu’implique cette suppression étant réduites ou masquées par une sédation profonde terminale), persiste dans sa décision de refuser toute autre solution.

Le cas d’Alfie Evans est très différent de celui de Vincent, puisque ce bébé, né avec une maladie congénitale rare et incurable, ne peut respirer sans assistance et qu’il n’a apparemment aucun moment de conscience ou semi-conscience, mais il n’est pas mourant.

Le Pape lui-même est intervenu pour demander que l‘enfant soit transféré à l’hôpital du Vatican Bambino Gesù, où une place lui est réservée.

Mais les médecins qui ont décidé que sa vie ne valait pas la peine d’être vécue et qu’il fallait lui supprimer l’assistance respiratoire indispensable à sa survie, persistent dans leur décision.

Les médecins spécialistes ont des opinions divergentes sur son cas, certains pensant que son état peut s’améliorer avec les soins appropriés (qui lui ont jusqu’ici été refusés), d’autres que ce n’est pas possible.

Ce qui est scandaleux et doit être combattu, c’est la prétention de certains médecins (en France comme en Grande-Bretagne), d’avoir le droit de décider pour des personnes qui ne sont ni mourantes, ni malades, que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue et qu’il faut donc y mettre fin par une euthanasie, et même d’être les seuls, excluant les proches, à avoir ce droit.

Cette prétention doit être combattue, même dans le cas où leur décision serait justifiée (ce qui ne peut être le cas que si, en fait, il y a mort cérébrale définitive et seulement une apparence de vie).
Et, évidemment, elle doit d’autant plus être combattue si d’autres avis médicaux autorisés récusent leur diagnostic.

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Comments (12)

  • philaw Répondre

    Sauf stipulation contraire adressée à un organisme officiel, l’euthanasie doit être systématiquement mise en œuvre, en cas de coma dépassé.

    28 avril 2018 à 16 h 18 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    le malthusianisme c’ est très exactement la réduction VOLONTAIRE de la natalité , ce n’ est ni l’ euthanasie, ni l’ arrêt de soins palliatifs , ni l’ avortement ” thérapeutique “

    28 avril 2018 à 11 h 44 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    pourquoi garder si longtemps ” en vie ” une personne qui est sans ” conscience ” ? d’ abord est ce seulement humain ?

    26 avril 2018 à 14 h 47 min
    • Paul Répondre

      A partir de quel niveau de conscience estimez-vous que l’on peut laisser une personne mourir ?

      26 avril 2018 à 15 h 46 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Goethe dans “le roi des aulnes” montre que les efforts déployés pour maintenir en vie ne sont pas toujours récompensés.
      La nature impitoyable l’emporte toujours.

      26 avril 2018 à 21 h 08 min
      • BRENUS Répondre

        De toutes façons, la “nature” l’emporte toujours pour chacun de nous. Ce n’est peut être pas une raison pour forcer les choses. Encore que, pour certains, le malthusianisme ne fait pas peur (quand il s’agit des autres, quand même)

        27 avril 2018 à 0 h 39 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Deux cas me viennent à l’esprit.

    a) Stephen Hawking
    Sans le dispositif ingénieux lui permettant de communiquer sur un écran, le célèbre physicien était comparable à un végétal.
    Si ce dispositif n’avait pas été construit, fallait-il pour autant euthanasier le physicien car il coûtait plus qu’il ne rapportait?

    b) Jacques Attali
    L’homme qui a osé dire qu’à partir un certain âge l’individu coûtait plus à la société qu’il ne rapportait, suggérant implicitement qu’il fallait s’en débarasser.
    Vu le bilan négatif de ses prédictions économiques faudra-t’il l’euthanasier pour éviter que l’économie continue à subir son influence néfaste?

    À votre bon coeur Mesdames et Messieurs.

    24 avril 2018 à 19 h 00 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      il y a une [ énorme ] différence entre les deux personnages que vous citez :

      l’ un est un génie l’ autre n ‘ est qu’ un plagiaire

      26 avril 2018 à 14 h 44 min
      • HansImSchnoggeLoch Répondre

        C’est exact, le génie est parti, le plagiaire reste.
        C’est aussi cela la vie.

        26 avril 2018 à 17 h 44 min
  • lucienTricot Répondre

    j’ai donné une lettre à mes enfants qu’en cas d’accident suivi de lésions , non seulement handicapantes , mais entravant une vie cérébrale normale, i lsoit fait le nécessaire. Je ne pense pas être immoral.
    La médecine sait conserver des années , une personne en état végétatif, s’il y a là un intérêt scientifique, je l’admettrais, sinon, nous sommes nés “mortels”

    24 avril 2018 à 15 h 25 min
    • Paul Répondre

      Etre mortel ne légitime pas le suicide car où se situe le niveau de l’insupportabilité de la vie ? Un handicap ? Mais à quel niveau de sévérité ? Il est facile de rédiger une lettre quand on se porte bien mais qu’en sera-t-il quand on ne pourra plus se déjuger ? Ne pas tuer quelqu’un au moment où il est dans l’état le plus fragile, quelles que soient ses instructions données en toute autre circonstance, devrait-être une directive indérogeable.

      24 avril 2018 à 15 h 45 min
  • Paul Répondre

    Encore une fois, si les racines chrétiennes de la France étaient affirmées en préambule de la Constitution (en lieu et place de la révolutionnaire déclaration des Droits de l’Homme), la question ne se poserait pas car toute décision d’euthanasie serait déclarée inconstitutionnelle. On serait définitivement à l’abri de décisions venues de médecins se considérant comme ayant droit de vie et de mort sur leurs patients ou de parents plus ou moins intéressés par une disparition accélérée. Il est même immoral que l’on puisse préciser par simple lettre que l’on ne souhaite pas vivre en cas de lésions handicapantes. Vivre, ce n’est pas tant que l’on veut mais tant que l’on doit et au suicide collectif légalisé par l’avortement ne doit pas mécaniquement suivre un légitime suicide individuel pour convenances personnelles.

    24 avril 2018 à 14 h 48 min

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