L’Union européenne et la politique familiale

L’Union européenne et la politique familiale

Il serait possible de remonter à Jean Raspail et à son célèbre ouvrage d’immigration-fiction, « Le camp des saints » (Robert Laffont, 1973).

Concentrons-nous simplement sur l’avertissement que livra en février 1995 un excellent démographe, Jean-Claude Chesnais, dans un livre intitulé « Le crépuscule de l’Occident » (Robert Laffont). Sa quatrième de couverture comporte cet avertissement : « L’Europe devient sous nos yeux le premier continent d’immigration, et cela avec des implications très préoccupantes et parfois explosives. »

Il s’inquiète aussi du peu d’impact positif de la construction européenne : « L’avènement du marché commun, perçu comme un signe de la montée en puissance de l’Europe, n’a pas, jusqu’à présent, produit les effets escomptés. »

Il avertit enfin des conséquences économiques de l’hiver démographique européen : « Les deux récessions, économique et démographique, s’entraînent mutuellement et participent du même sentiment de pessimisme. »
Hélas, il ne semble pas que les responsables des institutions européennes aient, sauf exception, pris la mesure des conséquences du collapsus démographique européen.

Le « grand remplacement » ne suscite aucune réaction efficace. Il est soit nié, soit considéré comme une chance, soit subi, ce qui suscite naturellement des inquiétudes chez les autochtones – inquiétudes qui ne trouvent guère à s’exprimer politiquement que par l’essor de partis dits « populistes ».

L’Union européenne semble ne pas avoir de véritable stratégie démographique, ni pour la natalité, ni pour les mouvements migratoires.

Une note récente de la Fondation Robert Schuman intitulée « Europe 2050 : suicide démographique », due à Jean-Michel Boussemart et Michel Godet, le confirme : « Quel silence étourdissant face au suicide démographique de l’Europe à l’horizon 2050 ! » Et les auteurs de la note publiée par cette fondation – qui ne saurait être soupçonnée d’animosité de principe à l’égard de la construction européenne – ajoutent en commentant des projections démographiques de l’ONU à l’horizon 2050 : « Si 1 % du surcroît de la population africaine s’installait en France d’ici à 35 ans (ce qui est aussi proche de nous que 1980), cela ferait 13 millions d’habitants en plus dans l’hexagone d’ici à 2050, soit 20 % de plus ! Quand on songe que l’Union européenne a été fragilisée et ébranlée en 2015 par un million de réfugiés dont les trois-quarts politiques, on se rend compte que l’Europe devrait se préparer à de telles perspectives. »

Les conseils donnés par les deux auteurs cités ci-dessus sont très pertinents. Premièrement, s’inspirer du Canada, qui a une « politique de quotas en fonction des besoins du marché du travail ».

Et, parallèlement, « encourager la relance de la fécondité dans le vieux continent, car l’intégration se fait d’abord par le brassage des cultures dans les écoles. » La comparaison qu’ils utilisent est tout à fait juste : « Quand il y a trop de sable, le ciment ne prend pas. Pour accueillir le maximum de sable, il faut plus de ciment, c’est-à-dire d’enfants parlant la langue du pays. [ …] Pour rester ouvert au monde, il faudrait relancer la fécondité en Europe dès maintenant. » Hélas, le nombre de décès a dépassé celui des naissances pour la première fois en 2016, sans que les dirigeants réagissent.

Face à cette indifférence, il importe que les prochaines élections européennes se jouent pour une part importante sur les politiques qui exercent une influence notable sur l’immigration et sur la fécondité. Des candidats français pourraient par exemple inscrire dans leur programme l’instauration dans toute l’Europe d’une fiscalité et d’une protection sociale reconnaissant pleinement le rôle de la famille. Le quotient familial, débarrassé de l’absurde « plafond » dont l’ont attifé des pouvoirs publics français obnubilés par l’idée politiquement correcte, mais économiquement fausse, de « réduction d’impôt provoquée par le quotient familial », pourrait être promu au niveau européen.

De même faudrait-il faire comprendre à ce niveau le rôle de la famille en matière de retraites par répartition, et donc la nécessité en bonne justice et en bonne logique économique de baser l’attribution des droits à pension sur la participation fournie par chacun à l’investissement dans la jeunesse.

Les candidats français aux élections européennes qui se présenteraient sur un programme où ces deux points occuperaient une position de choix mériteraient bien, à la fois, de leur patrie et de l’UE.

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Europe et politique démographique
Jacques Bichot, économiste, 21 mai 2018

Des avertissements anciens concernant l’immigration

Il serait possible de remonter à Jean Raspail et à son célèbre ouvrage d’immigration-fiction, Le camp des saints (Robert Laffont, 1973). Concentrons-nous simplement sur l’avertissement que livra en février 1995 un excellent démographe, Jean-Claude Chesnais, dans un livre intitulé Le crépuscule de l’Occident (éd. Robert Laffont, 1995). Sa quatrième de couverture comporte cet avertissement : après avoir souligné « les déséquilibres internationaux et la situation de l’Occident – de l’Europe en particulier – où la menace de dépopulation se précise d’année en année en se combinant à un vieillissement accéléré de la population », il estime que : « L’Europe devient sous nos yeux le premier continent d’immigration, et cela avec des implications très préoccupantes et parfois explosives ».

Il s’inquiète aussi du peu d’impact positif de la construction européenne : « L’avènement du marché commun, perçu comme un signe de la montée en puissance de l’Europe, n’a pas, jusqu’à présent, produit les effets escomptés ». Il avertit enfin des conséquences économiques de l’hiver démographique européen dont il observe l’installation : « L’Europe ne peut imaginer de reprise économique sans reprise démographique. Les deux récessions, économique et démographique, s’entraînent mutuellement et participent du même sentiment de pessimisme. »

Des responsables européens dépourvus de stratégie démographique

Hélas, il ne semble pas que les personnes ayant d’importantes responsabilités dans le fonctionnement des institutions européennes aient, sauf exception, pris la mesure des conséquences du collapsus démographique européen. Le « grand remplacement » (selon l’expression de Renaud Camus) qui est en cours ne suscite aucune réaction efficace ; il est purement et simplement soit nié, soit considéré comme une chance, ou à tout le moins comme un problème assez facile à régler, soit subi, ce qui suscite naturellement des inquiétudes chez les autochtones – inquiétudes qui ne trouvent guère à s’exprimer politiquement que par l’essor de partis dits « populistes ».

Des analystes plus soucieux de ménager la susceptibilité des tenants du « politiquement correct » emploient pour se faire entendre des formules plus douces, par exemple celle retenue par Julien Damon comme titre d’un article paru en 2016 dans la revue Commentaire : « Comment l’immigration change l’Occident ». Mais que les avertissements soient virulents ou policés, ils ne sont pas entendus au niveau européen : l’Union européenne semble ne pas avoir de véritable stratégie démographique, ni pour la natalité ni pour les mouvements migratoires.

Une note récente de la Fondation Robert Schuman intitulée Europe 2050 : suicide démographique, due à Jean-Michel Boussemart et Michel Godet, le confirme : « Quel silence étourdissant face au suicide démographique de l’Europe à l’horizon 2050 ! (…) De fait, personne n’en parle, surtout à Bruxelles où l’on préfère produire des rapports sur les révolutions technologiques, le développement durable ou la transition énergétique. » Et les auteurs de la note publiée par cette fondation – qui ne saurait être soupçonnée d’animosité de principe à l’égard de la construction européenne – ajoutent en commentant des projections démographiques de l’ONU à l’horizon 2050 : « Nous invitons nos interlocuteurs à imaginer quelques millions de réfugiés climatiques en provenance d’Asie ou encore plus de réfugiés politiques et économiques en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient. Si 1 % du surcroît de la population africaine s’installait en France d’ici à 35 ans (ce qui est aussi proche de nous que 1980), cela ferait 13 millions d’habitants en plus dans l’hexagone d’ici à 2050, soit 20 % de plus ! Quand on songe que l’Union européenne a été fragilisée et ébranlée en 2015 par un million de réfugiés dont les trois-quarts politiques, on se rend compte que l’Europe devrait se préparer à de telles perspectives. »

L’Union européenne devrait s’occuper de natalité et donc de politique familiale

Les conseils donnés par les deux auteurs cités ci-dessus sont très pertinents : premièrement, s’inspirer du Canada, qui a une « politique de quotas en fonction des besoins du marché du travail ». Et parallèlement « encourager la relance de la fécondité dans le vieux continent, car l’intégration se fait d’abord par le brassage des cultures dans les écoles. » La comparaison qu’ils utilisent est tout-à-fait juste : « Quand il y a trop de sable, le ciment ne prend pas. Pour accueillir le maximum de sable, il faut plus de ciment, c’est-à-dire d’enfants parlant la langue du pays. (…) Pour rester ouvert au monde, il faudrait relancer la fécondité en Europe dès maintenant. » Hélas, se demandent-ils, « mais qui parle de politique familiale en Europe ? » Le nombre de décès a dépassé celui des naissances pour la première fois en 2016 sans que les dirigeants européens réagissent.

Face à cette indifférence, il importe que les prochaines élections européennes se jouent pour une part importante sur les politiques qui exercent une influence notable sur l’immigration et sur la fécondité. Des candidats français pourraient par exemple inscrire dans leur programme l’instauration dans toute l’Europe d’une fiscalité et d’une protection sociale reconnaissant pleinement le rôle de la famille. Le quotient familial, débarrassé de l’absurde « plafond » dont l’ont attifés des pouvoirs publics français obnubilés par l’idée politiquement correcte mais économiquement fausse de « réduction d’impôt provoquée par le quotient familial », pourrait être promu au niveau européen.

De même faudrait-il faire comprendre à ce niveau le rôle de la famille en matière de retraites par répartition, et donc la nécessité en bonne justice et en bonne logique économique de baser l’attribution des droits à pension sur la participation fournie par chacun à l’investissement dans la jeunesse. Les candidats français aux élections européennes qui se présenteraient sur un programme où ces deux points occuperaient une position de choix mériteraient bien, à la fois, de leur patrie et de l’Union européenne.

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Comments (8)

  • Kavulomkavulos Répondre

    Lu récemment sur un journal en ligne non gauchiste : à Ottrau en Hesse – Allemagne-, une femme de 39 ans qui avait pris en stop un immigré d’afrique de l’est a été frappée et violée pour tout remerciement. Tant qu’il existera des imbéciles comme cette femme pour prêter l’oreille – et peut être autre chose- à ces abrutis, ils ne sont pas prêt d’arrêter ni de limiter leurs exigences. Welcome in Deutchland qu’ils – elles- disaient. Ils sont servis maintenant. Les gretchen semblent avoir un faible pour les gross wursts braun.

    19 juin 2018 à 1 h 58 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Le langage populaire allemand encourage les jeux de mots avec les saucisses

      Exemples:
      Es ist mir Wurst egal => je m’en fous
      Es geht um die Wurst => c’est tout ou rien
      Je dicker die Wurst um so schöner die Musik => Plus grosse la saucisse, plus douce la musique
      Etc…

      Cela peut influencer des esprits faibles!

      19 juin 2018 à 13 h 06 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    la famille version européenne

    ” l’ Italie pourrait rejeter l’ accord du C.E.T.A. avec le Canada “

    14 juin 2018 à 12 h 04 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      La désintégration de la famille est amorcée.

      Quelques neutrons rapides comprenant les ministres de l’intérieur de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Autriche avec la bénédiction des Pays-Bas et du Danemark veulent former un front commun contre l’envahissement du continent.
      La masse critique sera atteinte quand ces pays rejoindront ceux du groupe de Visegrad.

      Merkel et Macron vont passer un mauvais quart d’heure.

      14 juin 2018 à 17 h 10 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    avec l’ odyssée de ” l’ Aquarius ” , un nouvel ” Exodus ” pour le Media, on entend surtout … le silence gêné des Républicains en particulier celui de cette pourtant habituelle grande gueule de Jacob ; il est vrai que la Libye ” fournit ” à la fois et les passeurs et les ” passagers ” , le capitaine étant , lui, allemand , et que cet héritage africain des duettistes Bernard-Henri Levy *** et Sarkozy Mehda est particulièrement difficile à gérer … médiatiquement

    bon Wauquiez c’ est rappé … au suivant !

    *** dont le père fit fortune dans le bois en Afrique noire

    13 juin 2018 à 20 h 52 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Pour 100 naissances vivantes en France métropolitaine on en détruit ~26 par avortement.
    Ne faisons nous pas partie du monde animal où sont donc les végans?
    En moyenne 140000 avortements / an depuis 1997, je vous laisse le soin de calculer le manque à gagner sur ces 20 dernière années (selon l’expression favorite du fisc français).

    Le gouvernement français a donc décidé de combler ce trou par des importations massives d’éléments étrangers déjà tout faits. Cette décision serait louable si ces éléments nous étaient à tout point semblables.
    Une rapide analyse des lieux nous informe que nenni.

    Ces éléments ont une culture totalement étrangère voire ennemie à la nôtre et leur niveau d’instruction est dans l’ensemble calamiteux.
    Un carcan de plus pour la population déjà sur place qui se manifeste par des augmentations d’impôts, de cotisations sociales et d’insécurité.

    Et l’on voit de nouveau où le constructivisme collectiviste nous a ammené.
    Les bras nous en tombent, ce pays est foutu.

    12 juin 2018 à 16 h 28 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    la … France et la politique … familiale :

    ” Macron ” dénonce ” le … ” cynisme ” de … l’ Italie ” nous dit la presse

    pire hypocrite et … jésuite , vous ne trouverez pas : ” Versaillais ” votez la R e m !

    12 juin 2018 à 15 h 36 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      la Palais Chigi [ Président du Conseil ] confirme la note ci-dessus révélée par la presse italienne par un communiqué officiel

      ” le gouvernement italien refuse de recevoir des ” leçons HYPOCRITES ” de PAYS COMME LA FRANCE ayant préféré détourner la tête de la question migratoire ”

      votez : ” la R en M ” !

      12 juin 2018 à 20 h 10 min

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