1804-2004 : d’un sacre à l’autre

1804-2004 : d’un sacre à l’autre

Il y a exactement 200 ans, le 2 décembre 1804, Napoléon Bonaparte arracha la couronne au Souverain Pontife pour se sacrer lui-même empereur des Français. Par un curieux concours de circonstances, le bicentenaire de cet épisode coïncide avec un autre sacre médiatique, celui de Nicolas Sarkozy, dont la brillante élection à la présidence de l’UMP laisse augurer un destin hors du commun, parmi les champs élyséens du pouvoir politique.
Sarkozy semble exercer la même fascination que l’auguste personnage auprès des milliers de militants UMP réunis en masse au Bourget.
Certes, Nicolas Ier n’a pas encore couronné Cécilia de ses mains aguerries par plusieurs victoires militaires, quelques insurrections écrasées sous les boulets rouges de l’autoritarisme et un coup d’État. Pourtant, l’extraordinaire fascination qu’exerce Nicolas Sarkozy auprès des militants UMP suscite une interrogation légitime, car si la noblesse de la politique consiste à mettre les hommes au service des idées, on a ici l’impression contraire que les idées tantôt libérales, tantôt gaullistes, tantôt sécuritaires, tantôt favorables aux minorités ethniques, tantôt papistes ratissent large pour mieux servir l’ambition d’une seule personne.
Avec 85 % de suffrages exprimés, un parfum de 5 mai 2002 plane sur cette élection qui ne souffrit pourtant pas de la qualité des candidats. Car la « conservatrice de cœur » Christine Boutin et le néo-gaulliste Nicolas Dupont-Aignan ne ressemblent guère à un Jean-Marie Le Pen cristallisant les peurs et le rejet. Au contraire, ces outsiders réussirent à insuffler une véritable dynamique de campagne en privilégiant le débat d’idées sur les paillettes médiatiques, la discussion militante sur la course à l’audimat, les réunions à échelle humaine sur la politique-spectacle.
À propos de politique-spectacle, un petit film à la gloire de Nicolas Sarkozy fut diffusé durant cette soirée au Bourget avec une brochette d’acteurs et de réalisateurs comme Christian Clavier, Alain Delon, Jean Reno… et même le gauchisant Bertrand Tavernier dont la présence confirme au passage que les artistes flairent mieux que les autres les changements de régimes et d’époques.
La résistible ascension de Nicolas Ier nous incite à nous poser une question de fond pour l’avenir de la représentation politique : pourquoi cette fascination ? Pourquoi un plébiscite aussi spectaculaire ? Pourquoi le charisme d’une personne a-t-elle primé sur la pertinence des idées ?
Trois raisons essentielles semblent se dégager pour expliquer cette « sarkomania ». Tout d’abord, il semblerait que ce soit surtout le changement de style imposé par Nicolas Sarkozy qui ait conquis le cœur des électeurs. Exploitant la lassitude qu’inspirent 30 ans de chiraquisme, Sarkozy incarne le changement que les militants attendaient. En corollaire à cette explication politique, il faut garder en esprit que l’UMP, comme toute institution en crise, subit un vieillissement massif et inquiétant de ses adhérents.
Deuxième explication, et cela n’est pas contradictoire avec l’envie de renouveau, la faiblesse du débat au sein de l’UMP. L’esprit de discipline hérité du RPR, les vieux réflexes de soutien absolu au leader, le peu d’intérêt pour la culture démocratique, la confusion entre loyauté et obéissance, tous ces défauts inhérents à un archéo-RPR dépassé par la modernité se sont retrouvés catalysés au sein d’une UMP mort-née depuis la scission de Bayrou et l’apparition d’un vote souverainiste. Dans l’esprit de nombreux militants UMP, l’important dans cette élection n’était pas d’exprimer une sensibilité, mais de soutenir une personne susceptible d’incarner le chef.
Enfin, Nicolas Sarkozy maîtrise à merveille le temps court médiatique : sens du spectaculaire, avidité dans la course à l’audimat, récupération parfois obscène de l’émotion des faits-divers… En réalité cette force constitue son talon d’Achille, car cette occupation du terrain médiatique exige l’obtention rapide de résultats concrets…
Une chose est sûre cependant : après un plébiscite à 85 %, la popularité de Sarkozy ne peut que décliner. Quand les Français prendront conscience des résultats très mitigés de Nicolas Sarkozy, le capital de confiance de cet homme piégé par les sirènes du politiquement correct s’émoussera.
Et les légitimistes d’une vraie droite décomplexée, à la fois moderne, républicaine, libérale, patriote et attachée aux valeurs morales, sauront attendre patiemment leur heure pour sauver notre pays du déclin !

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Comments (4)

  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher lecteur, La popularité, en politique ne dure qu’un temps…Et le chemin jusqu’aux présidentiels est encore long…tres long!!! Personellement, je prefere M.Sakosy superstar, a M.Holland superstar… Comme je prefere la fausse gauche a la vraie gauche… Bien sur, je prefererai un vrai politicien de droite qui incarnerai un vrai changement… mais il ne faut pas rever! Cordialement, Thierry Orlowski

    4 janvier 2005 à 18 h 03 min
  • Jaï Répondre

    Sarkozi est rodé au techniques de communications les plus élaborées utilisées notemment dans les sectes à caractère prosèlytes ou bien dans la pubicité, ce qui est aujourd’hui le profil des politiciens mondernes dans ce pays afin de vendre des chimères en brisant les résistences intèrieures des individus par l’usure et le conditionnement mental spéculant sur des reflexes pavloviens aussi bien conscient qu’inconscient. Comme tout bon vendeur, la chose qu’il sait le mieux faire c’est de se vendre lui-même ce qu’il réussit à merveille à force de matraquages à durée limité dans le temps, ne permettant pas à ses observateurs d’avoir le reculs nécéssaire pour une analyse et un bilan objectif de ses actions éphémères. Que vend-il réellement ? De l’illusion, une image, un cliché, une utopie, un faux carrisme ! Il incarne parfaitement les idéologies de la Vème République dévoyée, c’est à dire l’arrivisme démagogique sans substance ni philosophie encore moins de réalisations concrètes, je ne parle même pas de combats (aujourd’hui nous n’en sommes plus là), rien qui ne révèle d’une conception éclairée de la socièté, pas de projet d’avenir. Sarkozi est un socialiste déguisé qui fera comme ses prédécésseurs, c’est à dire flâter les corporatismes à des fins purement électorales au détriment de l’intérêt national et de ses réformes vitales. Sarkozi est l’exemple même qu’un simple vendeur de cravates qui dans ce pays peut espèrer devenir Président de la République à condition qu’il ai quelques notions de manipulations sachant s’en servir avec brio pourvu qu’il soit un peu télégénique tel un produit de consommation, fort heureusement jetable et recyclable mais forcèment bio-dégradable, malheureusement. Bref, Sarkozi est un looser éclairé, mais en définitive qui sont les véritables loosers ?

    31 décembre 2004 à 6 h 33 min
  • NBC Répondre

    La “sarkomania” ce n’est rien d’autre qu’un vulgaire appétit de pouvoirs et de petits honneurs, appétit que l’étrange Mr SARKOZY à le don d’exciter jusqu’à l’hystérie chez les petits arrivistes bornés militants à l’UMP …. En plus clair, SARKO, par son vaniteux activisme débridé chamboule toutes les hiérarchies bien établies et suscite les réves les plus fous chez tous les militants, du plus petit au plus grand, de ce parti putride et fétide qu’est le vieil UMP !

    28 décembre 2004 à 9 h 42 min
  • olivier trehard Répondre

    “Je suis la Révolution Couronnée” Napoléon Excommunication par le pape PIE VII, prisonnier. “Ce n’est pas cela qui fera tomber les armes des mains de mes soldats”. Napoléon En Russie, les armes tombèrent des mains gelées de ses grognards. Nicolas attend son sacre, avec l’illusion libérale pour procréatrice, une opinion versatile et corrompue, comme maîtresse capricieuse. Tout peut arriver, mais rien ne peut durer.Au plaisir de vous déplaire mes seigneurs : “Si le temps n’est pas venu pour Jésus Christ de régner, il n’est pas venu pour les régimes de durer” Cardinal PIE. Sans Illusions.Décalez-vous de deux siècles au moins.

    27 décembre 2004 à 18 h 13 min

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