À quand la légitime défense ?

À quand la légitime défense ?

Jean-Louis Leroux, agriculteur de 46 ans, résidant dans la Marne, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire par la cour d’appel de Reims le 13 février dernier.

Il est inculpé de tentative d’homicide volontaire pour avoir tiré sur un jeune homme de 19 ans, issu de la communauté des « gens du voyage », qui tentait de cambrioler sa ferme et qui se trouve actuellement dans le coma.

Naturellement, un tel événement est toujours une tragédie. Mais il faut tenir compte du contexte. Depuis 2015, Jean-Louis Leroux a été cambriolé entre 40 et 50 fois et a déposé entre 25 et 35 plaintes ou mains courantes.

Ces chiffres qui donnent le vertige donnent aussi une idée du climat d’insécurité qui règne dans notre pays.

Et je dis bien « climat d’insécurité » et non pas « sentiment d’insécurité » : il s’agit bel et bien d’une tragique réalité, pas d’un fantasme d’extrémiste.

Il faut se réjouir que M. Leroux ait été remis en liberté. Mais il faut aussi mesurer qu’il lui est interdit de se rendre dans la Marne – et donc de faire tourner sa ferme.

Même si l’avocat de la victime, Me Thomas Hellengrand, a jugé que cette remise en liberté était « un mauvais signal et une caution donnée à une justice privée », la vie de l’agriculteur est, elle aussi, brisée durablement.

Pour une fois, les juges ont tenu compte du contexte.

Mais c’est la loi elle-même qu’il faut changer : il faut revenir au principe général de légitime défense.

Si un policier tire, on devrait partir du principe que c’est dans le cadre de la légitime défense, sauf si le contraire soit prouvé. De même si un intrus est blessé ou tué dans la propriété d’une personne, cette dernière devrait bénéficier de l’a priori de légitime défense.

Il est certain que la « justice privée » n’est pas saine pour la cohésion sociale. Mais, que les cambrioleurs sachent qu’ils entrent dans une propriété privée à leurs risques et périls me semble, au contraire, salutaire. Et l’on ne peut pas prétendre « faire la guerre » à l’insécurité en comptant exclusivement sur les forces de l’ordre.

C’est toute la société qu’il faut réarmer. Avec le même principe en sécurité intérieure qu’en sécurité extérieure : si vis pacem, para bellum. L’idéal est certes de ne pas se servir de ses moyens de défense, mais ils doivent exister pour dissuader les éventuels adversaires.

Il faut distinguer d’ailleurs ce qu’on entend par « justice privée ». Si l’on veut parler de vendetta, c’est-à-dire de venger soi-même les crimes ou délits dont on a été victime, il faut évidemment condamner cette pratique. Mais se défendre chez soi n’est pas du tout se venger.

En tout cas, ce triste fait divers est l’occasion de réfléchir sérieusement à la légitime défense.

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Comments (3)

  • Jean-Pierre MACABET Répondre

    Cette légitime défense existait dans ma jeunesse. C’est l’évolution philosophique de la société qui a conduit à considérer le malfrat comme une victime de la société qui conduit la justice à agir à l’envers. Je me souviens de l’heureux temps où 100% des assassins de policiers étaient condamnés à la guillotine; Je veux bien qu’on supprime la peine de mort à condition que les assassins commencent les premiers

    25 février 2020 à 15 h 42 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      votre humour noir par son raisonnement par l’ absurde est digne d’ Alphonse … Allais

      un assassin qui ne donnerait pas la mort ne serait plus un assassin et son affaire serait réglée sans dommage léthal pour lui !

      par ce sophisme habile tout le monde y gagnerait

      déposez une proposition de loi , je suis sûr que vous trouverez des députés humanistes pour la soutenir

      1 mars 2020 à 21 h 12 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    le problème reste entier et surtout sans réponse indiscutable ; en effet ” quand peut on affirmer que la défense par arme ou par réaction physique est réellement légitime ? ” cela ne risque t il pas de légitimer d’ abord des règlements de comptes privés ?

    dans le cas de cet agriculteur, il est manifeste que la loi n’ a pas protégé sa sécurité et qu’ en plus elle le met sur la … paille ; ce sont donc les services de la Gendarmerie et de la Justice qui sont déficients et c’ est bien là où est le problème : une violence de plus en plus fréquente et une ” répression ” de moins en moins efficace ; en bref une démission de la société civilisée devant cette violence

    25 février 2020 à 10 h 37 min

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