À quand une vraie stratégie industrielle pour la France ?

À quand une vraie stratégie industrielle pour la France ?

Nous apprenons, à la lecture du « Figaro », que France Relance (nos impôts) finance l’implantation en France d’une entreprise indienne concurrente directe d’une filiale (PAM) de Saint-Gobain, qui peine de son côté à s’implanter en Inde.

Justification du gouvernement : de nouveaux emplois à venir (pour la suppression de combien d’autres en parallèle ?).

Mais nous apprenons également que Saint-Gobain souhaitait faire entrer un Chinois au capital de PAM il y a un an.

Justification de Saint-Gobain : faciliter l’accès aux marchés asiatiques (sans préciser quels investissements seraient garantis pour les sites français).

Les motifs avancés sont multiples : un dumping lié à l’inaction de Bruxelles, la baisse de la commande publique française, conséquence de la dette de l’État, la résonance de la crise des subprimes de 2008, un besoin de rentabilité immédiat pour attirer les investisseurs, la mondialisation et la financiarisation cumulées et, finalement, un système qui (prétendument) nous dépasse, rendant tout le monde innocent et personne coupable.

Est-ce que Saint-Gobain par le nombre de ses emplois (2 000 en Lorraine) ou la nature de ses activités (canalisations) est stratégique ? Certainement.

Et quand bien même ne le serait-elle pas (sur ces critères), il conviendrait de se demander quelle est la responsabilité de l’État face à la désindustrialisation généralisée de notre pays et de définir clairement quelle est sa stratégie face aux pertes de souveraineté successives qui en découlent.

Car, depuis maintenant des décennies, l’État donne le sentiment de n’avoir aucune stratégie, de naviguer à vue, d’avoir toujours un train de retard et de ne rien anticiper.

Aujourd’hui, sur quels critères peut-on considérer qu’une industrie est stratégique ?

Les chaînes de valeur dans lesquelles s’imbriquent nos industries les rendent finalement toutes stratégiques.

Mais pour lesquelles l’État utilisera-t-il tous les outils à sa disposition pour maintenir à la fois des emplois en France et un capital français ?

À quand une stratégie industrielle de la France, non plus uniquement défensive, mais résolument conquérante ?

Joëlle Melin, député européen

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Comments (2)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    il y a deux écoles :
    la première dit qu’ il faut réindustrialiser dans ce que nous savions faire autrefois ( en somme dans le moyen de gamme )
    la seconde qu’ il faut innover dans les productions à forte valeur ajoutée
    le problème est que dans le premier cas nous avons perdu notre savoir faire et que la concurrence mondiale nous étrangle
    et que dans le second cas nous n’ avons pas assez de personnel qualifié ( celui que nous avons part à … l’ étranger ) et encore moins de capitaux à risque sans dire que les concurrents sont depuis longtemps montés sur le créneau
    donc tout cela ne sont que des ” mots “

    9 décembre 2021 à 14 h 34 min
  • Sansillusions Répondre

    Relancer l’industrie ? vaste programme comme disait de Gaule, en réponse aux cris de “morts aux cons”.
    Il faudrait déjà commencer par ne pas laisser piller les quelques matières premières produites sur notre sol .
    Exemple : le bois d’oeuvre que les Chinois et les Us captent en surenchérissant systématiquement les prix lors des ventes de lots importants. Ces derniers jours, pour complèter un ouvrage démarré il y a près d’un an, je me rends chez le négociant spécialisé pour y acheter un lot de planches rabotées et poteaux de pins de Douglas, majoritairement produit dans la région Auvergne. Réponse : “nous ne pouvons plus en avoir depuis plusieurs mois, notre fournisseur n’y a plus accès” car vendus à l’export.
    Ensuite, je repère une “bille” de bois débitée en plots d’une essence africaine que je connais (Niangon) utilisé en menuiserie.
    Je pose la question au vendeur, lui demandant si les menuisiers du coin recherchaient de nouveau ce type de bois. Réponse : pas spécialement, mais comme nous ne pouvons plus obtenir de chêne français non plus, vendu a l’export, nous nous rabattons sur ce produit. A la question “pensez vous en rentrer sous peu”, j’ai eu droit à une réponse désabusée : “cela m’étonnerais sauf à ce que nous achetions et vendions deux fois plus cher, ce que nos clients n’accepteraient pas”.

    Enfin, pour passer à la réindustrialisation (la transformation du bois en est une partie) il faudrait faire autre chose qu’en parler tel Lemaire qui n’a probablement jamais foutu les pieds dans une usine. Quel détenteur de capitaux va décider d’investir à long terme (ce que necessite l’industrie) en sachant que ses couts de productions vont l’écarter du marché et le conduire à la faillite. Quel pays civilisé dans le monde applique t il à ses entreprises de fabrication un “impot de production” ? Devinez.
    Qui charge la bête de tous les couts, taxes et autres prélèvements sociaux de tous genres qu’il faut bien incorporer dans son prix, rendant ce dernier intenable ? Tout cela pour alimenter – entre autres – la “générosité” de la France envers des prédateurs étrangers parasites. Mais les bonnes âmes, même celles dites “de droite” considèrent que c’est “notre devoir”.
    Alors, abandonnez vos illusions.
    Mais ne dénoncez pas cette situation et rappelez vous les paroles de la chanson de Guy Béart : “le poète a dit la vérité, il doit être éxécurté”. Un peu comme mister “Z”, dans un autre registre

    9 décembre 2021 à 0 h 18 min

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