A qui profite la haine ?

A qui profite la haine ?

A propos de la tuerie perpétrée en Norvège par Anders Breivik, un article de Dominique Jamet publié sur le site Atlantico rappelle que voilà quelques années, un certain Richard Durn avait assassiné en plein Conseil municipal plusieurs élus de Nanterre. Or, poursuit le journaliste, « Personne – je veux dire personne de bonne foi – ne prétendit alors que le Parti socialiste, les Verts ou la Ligue des Droits de l’homme, trois organisations dont il avait été membre, étaient pour quelque chose dans l’acte de ce dément. »

De même, concernant Breivik, était-il « évident que l’idée tordue d’exterminer le plus grand nombre possible de jeunes Norvégiens pour mieux contenir l’Islam avait germé et fleuri toute seule dans ce cerveau fêlé. » Pourtant,les associations et médias de gauche, après avoir montré – Jamet dixit – une modération qui n’a pas duré, n’ont pas tardé à désigner « les responsable moraux de la récente tuerie et des tueries à venir : les droites extrêmes, les partis populistes, les apprentis-sorciers de la majorité qui, en faisant de l’immigration le bouc émissaire de tous nos maux, font souffler sur l’Europe et la France, les vents mauvais, les vents " délétères ", les vents " nauséabonds " de la xénophobie et du racisme. D’où le réchauffement climatique de la haine, à l’origine de la vague de terrorisme chrétien fondamentaliste que pressentent les augures. »

Dominique Jamet exonère – à tort – de cette tentation Laurent Joffrin, qui aurait donné l’exemple de la modération dans son éditorial du Nouvel-Observateur du 28 juillet. C’est une « modération » à mon sens très sujette à caution et hypocrite. Joffrin répond négativement à la question qu’il se pose : « Non, Guéant, Sarkozy, Ménard ou Zemmour ne sont pour rien dans les événements d’Oslo. Elisabeth Lévy non plus. » Remarque d’autant plus judicieuse que Breivik n’a probablement jamais entendu parlé de Ménard, de Zemmour, d’Elisabeth Lévy, ni de Guéant.

« Il ne s’agit pas ici d’accuser tel ou tel populisme qui reste dans une stricte légalité, de stigmatiser tous ceux qui se réfèrent à la nation ou qui critiquent l’islam, ni de rendre le Front national – auquel on pense naturellement (sic) quand il s’agit d’hostilité envers les étrangers – responsable d’actes qu’il a toujours réprouvé sans ambiguïté », poursuit-il généreusement.

C’est bien le moins.

Il ne s’agit pas davantage « d’incriminer, selon la méthode de la causalité floue, qui autorise toutes les confusions, " une atmosphère " qu’on qualifiera évidemment de " nauséabonde ", un climat d’" intolérance " instauré par ceux qui s’inquiètent de l’immigration ou qui se réfèrent à l’identité nationale et avec lesquels ont rompt habituellement des lances. »

Les spécialistes de l’amalgame

Mais la « modération » du bon Joffrin, habile à répondre à des questions qui ne se posent pas et qu’il pose quand même, consiste quand même à dénoncer les responsables du « nouveau fanatisme » : c’est-à-dire, en France, trois sites internet qui « se sont fait une spécialité de l’idéologie antimusulmane contemporaine » : François Desouche, Bloc identitaire et Riposte laïque.

« Point de terroristes, évidemment, chez ces gens-là. Mais une agressivité verbale telle qu’elle finit par distiller une sémantique de guerre civile. » Et voyez un peu : « Marine Le Pen s’y réfère avec une certaine admiration. » Tant qu’il y est, Joffrin pourrait ajouter que François Desouche ne déteste pas Zemmour ou Ménard… La conclusion ne surprend pas : « La toile recèle des forums de ce genre dans tout le continent. Sous l’apparence du défoulement verbal, c’est une école de la haine qui s’est ouverte à l’échelle européenne. Un école dont Anders Behring Breivik était l’élève assidu. »

Et dire que Joffrin commençait son article en déclarant : « Point d’amalgame » !

Mais la gauche s’est fait une spécialité de l’amalgame. Plus que personne aussi, elle entretient, et depuis fort longtemps, un discours de guerre civile, un discours d’intolérance et de haine, qui vise essentiellement à retirer à l’adversaire jusqu’au droit de s’exprimer.

« Il n’est pas douteux que le carnage d’Oslo et les justifications qu’avance son auteur, mégalomane narcissique mais parfaitement conscient de ses actes et cohérent dans son délire, apportent une bouffée d’oxygène bienvenue au discours quelque peu fané des professionnels de l’antiracisme et des docteurs de l’angélisme », constate Dominique Jamet. « L’occasion était trop tentante de ressortir du placard les amalgames les plus éculés et de confondre dans une même condamnation tous ceux qui, sur la base d’analyses, d’inquiétudes, d’intentions et de propositions bien différentes, ont tenu à un moment ou un autre des propos politiquement incorrects sur l’immigration et plus précisément sur la menace que l’Islam ferait peser sur notre culture et notre civilisation. »

Un tournant de l’histoire

Pour faire taire les voix non autorisées par la pensée unique, la « doxa politiquement correcte de l’immigration », tous les coups sont permis, même les plus indignes, à savoir « l’habituelle et insupportable reductio ad hitlerum,l’anathème qui dispense d’explication, l’arme absolue, dans le dialogue, de ceux qui refusent le dialogue, la forme contemporaine du " fasciste ! " qui, des années cinquante aux années quatre-vingt, fut l’efficace joker par lequel les communistes mettaient victorieusement fin à tout débat. »

Tous les coups sont permis pour empêcher que ne soit dite la vérité : à savoir, « que la France est confrontée depuis la fin de la seconde guerre mondiale à une situation sans équivalent dans son histoire depuis qu’elle existe, c’est-à-dire depuis le dixième siècle et la fin des grandes invasions. Ce pays – le nôtre – à la démographie stagnante, comme tous ses voisins à la population vieillissante, est passé en soixante ans seulement de quarante à soixante-cinq millions d’habitants. Cette augmentation extraordinaire, signe et source de vitalité, s’explique pour l’essentiel (sans que quiconque puisse fournir un chiffre exact, puisque la loi nous interdit de savoir qui nous sommes) par un apport de sang nouveau. Autant qu’on puisse le mesurer, il semble qu’aujourd’hui un habitant de la France sur trois soit étranger, fils ou petit-fils d’étrangers. »

Dominique Jamet rappelle que cette mutation, qui a coïncidé, d’une part avec l’exode rural et l’urbanisation, d’autre part avec la perte par notre société de « repères anciens (l’Eglise, l’armée, la patrie, le drapeau, la famille traditionnelle) », a « modifié et modifie chaque jour le visage de la France ». Il souligne en outre qu’elle n’est « pas une immigration de proximité, géographique et ethnique, donc aisément assimilable, mais une immigration largement africaine et asiatique, principalement musulmane, démographiquement jeune et féconde, socialement pauvre, culturellement différente », ce qui a des conséquences « en termes de niveau de vie, d’évolution des mœurs et de la culture, de sécurité et sur les nouvelles bases de l’identité nationale ».

« Nous sommes, conclut-il, à un tournant, et  un tournant difficile, d’une histoire dix fois séculaire ». Or, la France d’en haut et « les élites bien-portantes », appliquée à nier ces réalités, se sont coupées complètement de la France d’en bas et des « masses bien souffrantes ».

Ce sont ces masses, qui, lasses de souffrir sans rien dire, se tournent aujourd’hui vers les partis dits « populistes », accusés de démagogie. Mais, demande Dominique Jamet en terminant, « est-il si choquant d’écouter le peuple, et de tenir compte de ce qu’il vit et de ce qu’il veut ? Le populisme est aussi un visage de la démocratie. ».

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Comments (3)

  • vozuti Répondre

    JPPS, le problème n’est pas de savoir si ce tueur était un "bon" franc-maçon ou pas,le problème est que les médias ont passé sous  silence son appartenance à la franc-maçonnerie et à la place lui ont inventé une fausse identité de traditionaliste chrétien et de nationaliste.      cela en dit long sur le controle des médias par la franc-maçonnerie et le niveau de desinformation qu’ils peuvent atteindre.

    8 août 2011 à 16 h 00 min
  • JP Pagès-Schweitzer Répondre

    ABB n’est pas vraiment Franc-maçon : Il a simplement fait de l‘entrisme, comme je pense l’avoir démontré dans mon article  "Que vient faire la Franc-maçonnerie dans cette galère" -publié sur "cafephilodedroite.blogspot.com", et sur "françaisdefrance".

    JPPS

    6 août 2011 à 17 h 32 min
  • vozuti Répondre

    un terroriste islamophobe tue des musulmans; et un franc-maçon ne peut etre ni nationaliste ni traditionaliste chrétien.    pourquoi ne pas s’en tenir aux faits:             ce tueur fou est franc-maçon (comme la plupart des journalistes) et il n’a pas tué de musulmans.             si l’on veut attribuer les crimes des franc-maçons au FN,pourquoi ne pas attribuer  aussi les crimes du communisme au FN sous pretexte que des communistes ont pu tenir des propos "islamophobes".

    3 août 2011 à 15 h 32 min

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