Affaire HLM de Paris : la corruption des politiques

Affaire HLM de Paris : la corruption des politiques

Le procès des HLM de la Ville de Paris a débuté lundi 23 janvier. Naturellement, les journalistes n’ont pas manqué de rappeler que l’affaire touchait de près le chef de l’État, puisque Jacques Chirac était alors à la fois dirigeant du RPR et maire de Paris… Mais, dans ces susurrations délicates, manifestement, le cœur n’y est plus : il est devenu clair pour tous que Jacques Chirac avait fort peu de chances de « tomber » pour une des nombreuses affaires politico-financières à laquelle son nom fut mêlé.

Même la perspective de la fin prochaine de son immunité judiciaire, avec son (probable) départ en 2007, ne devrait pas gâcher la retraite de Jacques Chirac.
Il ne faut jamais perdre de vue, en effet, ce que les avocats mafieux ont « apporté » à la procédure pénale, et notamment à la procédure en matière de procès politico-financiers, durant les années 1980 et 1990 : désormais, l’instruction d’un procès complexe prend entre dix et vingt ans, grâce aux innombrables dessaisissements des juges pour vice de procédure. Et l’on sait que certains juges d’instruction spécialisés dans les dossiers financiers, réputés « fouille-m… » dans la presse, sont bien davantage connus dans les couloirs politiques pour leur incapacité à respecter les formes et donc leur capacité à offrir du temps à leurs sujets…

Pour ces questions de délais, rappelons tout de même que les faits actuellement jugés concernent la période 1989-1994 !
Mais, ce qui frappe dans ce procès des HLM de Paris, c’est la totale absence de responsables politiques. Les patrons d’entreprises du bâtiment seront seuls à la barre…
Voilà bien ce qui pourrit l’image de la classe politique dans l’opinion : une corruption qu’à tort ou à raison, les Français imaginent très répandue et une impunité presque totale – la dernière « victime » en date, Alain Juppé, s’en étant sorti avec un an de prison avec sursis !

Mais, on perdrait son temps en vaines diatribes démagogiques si l’on s’arrêtait à ce qui n’est, en somme, qu’un « fait divers » (même si les contribuables que nous sommes, et qui paierons la note, apprécieraient d’avoir quelques éclaircissements sur l’utilisation de leur argent…). Car la corruption n’est peut-être pas aussi répandue qu’on le croit souvent. Mais ce qui est universel, chez les politiques, c’est un rapport à l’argent totalement dévoyé.
Tous ceux qui ont croisé des politiciens ont été impressionnés par le train de vie qu’ils mènent et qui est sans commune mesure avec leur traitement officiel.

En gros, aucun élu, fût-il d’importance nationale, ne peut toucher un salaire supérieur à 7 000 euros, notamment parce que le cumul des salaires correspondant aux différents mandats électifs est « écrêté ». On se trouve donc dans l’ordre de grandeur des salaires de hauts fonctionnaires en fin de carrière (hors prime, qui peuvent largement doubler le salaire desdits hauts fonctionnaires). Et, pour le privé, on se situe dans la gamme de salaires de cadres supérieurs. Bref, pour des personnes responsables de budgets annuels de plusieurs centaines de millions d’euros, on ne peut pas dire que les hommes politiques soient surpayés.

Mais ce qui est vicié, c’est qu’en guise de compensation, ils ont droit à toutes sortes d’avantages, évidemment non payés par eux-mêmes : du secrétariat à la voiture, des frais de bouche à l’avion en classe affaire… Ce qui fait, en définitive, de leur salaire un simple argent de poche.
Ce ne serait encore rien, si cela n’entraînait l’habitude d’ignorer comment le commun des mortels gagne sa vie et donc un mépris total de cet argent qui coule à flots, venant d’on ne sait où.

C’est cela aussi le statut de l’homme politique – et pas seulement la responsabilité civile et pénale pour tout ce qui peut se passer dans sa commune. Quand des personnes vivent à ce point dans le virtuel, on en vient à se dire qu’il est presque possible qu’elles soient corrompues sans même s’en rendre compte. Et, si cela est sans doute moralement préférable pour elles, c’est, politiquement, pour la France et les Français, pire que l’existence d’une petite minorité de corrompus conscients…

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Comments (10)

  • Joel Danjou Répondre

    De passage pour la première fois chez les 4 vérités, je trouve extremement pertinentes les reflexions principales de cet article sur la décadence politicienne. Un politicien de réalités virtuelles et non vécues d’aucune manière conduit effectivement necessairement au désastre.

    4 février 2006 à 12 h 44 min
  • sas Répondre

    Minux a raison, c’est une stratégie rapide et asphyxiante immédiate(car ce sont les payes des fonctionnaires qui sont immédiatement sanctionnées en cas de non rentrées fiscales et pas de tampon)…la désobéissance civile et le boycot de l’impot et des taxes et prélèvements divers(eau,telephone,edf etc)….sais tu que c’est visé expressément par le code pénal ???incitation au boycot fiscal…sérieux…top…mais vivre en marge de la société ,c’est à dire virtuellement c’est balaise !!! Pas de statut social,pas de comptes,pas de secu,pas d’adresse,pas de carte grise,pas de job…..c’est hypermusclé… sas

    2 février 2006 à 1 h 32 min
  • MINUX75 Répondre

    Bonjour L’impôt c’est du vol, normal que les brigands s’en servent tout à leur aise, le contraire serait étonnant, la seule solution est de ne pas payer d’impôts, HITLER est comme notre classe politique, il n’aime pas qu’on ne paye pas les impôts. Le vrai courage, c’est de ne pas payer d’impôts, aujourd’hui et comme l’ont fait les résistants en 42, il y en a qui ont été fusillés pour cela. Faire acte de résisatnce c’est ne pas payer d’impôts. à bientôt

    1 février 2006 à 15 h 43 min
  • sas Répondre

    A dolphos …vient avec moi…voir quelque potes du privé et reviendra sur ton axiome… POUVOIR,ARGENT,HOMME(privé ou public)=corruption…..soltution justice ferme pour tous et double peine pour le fonctionnaire concussionnaire ou prévaricateur….sur ses biens et ceux de sa famille(ancien droit romain…souche du catholicisme de france soit disant). sas docteur en logique.

    1 février 2006 à 12 h 12 min
  • Adolphos Répondre

    Pas de services publiques, pas de corruption. CQFD.

    1 février 2006 à 7 h 29 min
  • sas Répondre

    A JEAN CLAUDE,tu parles de “bon sens” pour les magistrats….moi je leur imposerais la “perspicacité et l’indépendance(donc interdir la maçonnerie pour eux ou leurs proches)” et FORT BOYARD obligatoire en fin d’ENM…avec note éliminatoire…POUR LE RESTE…te casses pas le cul…les seules fois ou tu verras la justice passer en FRANCE,c’est seulement dès lors que des intérêts maçonniques d’un clan sont en jeu contre l’autre clan maçonnique(affaire TAPIE)…c’est d’ailleurs la seule dualité de notre royaume…et OUTREAU nous la démontré…en long en large et en carré…question: qui a des couilles dans la salles pour les stopper; CAR ILS N ONT AUCUNE LEGITIMITE… sas ,lui et quelque autres sont équipés et prêts…

    31 janvier 2006 à 0 h 59 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    La Force de la Justice française, c’est de pouvoir trouver des magistrats qui acceptent de juger des “corrupteurs” en ignorant superbement les “corrompus”, comme si les seconds étaient les “victimes” des premiers. Sans se demander si les “corrupteurs” n’avaiant pas d’autres solutions pour décrocher un contrat qui lui permettrait de faire tourner son entreprise. Ce qui ne gêne pas d’autres magistrats pour laisser entendre à certaines victimes de viol que si elles ne s’étaient pas montrées tentantes … Lorsque l’on fait le tour des juridictions, on s’aperçoit quele bon sens n’y est pas forcément “la chose du monde la mieux partagée”. Cordialement, Jean-Claude Lahitte

    30 janvier 2006 à 17 h 05 min
  • sas Répondre

    Ces droits là ,ils se les auto-arrogent…il convient donc de leurs retirer tous pouvoirs…à coups de gourdins si nécessaire. sas

    30 janvier 2006 à 0 h 57 min
  • occas 24 Répondre

    c’est pour cela qu’il ne peuvent comprendre ce qu’est la vie d’un salarié,ce que c’est que gerer un budget,et encore moins diriger un pays.A vos souhaits

    29 janvier 2006 à 19 h 04 min
  • sas Répondre

    Nouvelle démonstration qui etaye mes théories dites “obscessionnelles”…sur le statut réel des poltiques et du fonctionnement autharcique et erratique de l’administration judiciaire de notre ripoublique…donc de ce que l’on est en droit d’attendre d’elle dans des affaires plus “populaires”… sas qui ne crois plus aux notions ripoublicaines…

    29 janvier 2006 à 12 h 46 min

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