Arsène Lupin, ou l’identité souterraine de la France

Arsène Lupin, ou l’identité souterraine de la France

A l’heure où un débat parodique sur l’identité nationale ridiculise la France, on ne manquera pas, pour apporter du grain à moudre aux manants qui en rêvent encore (de la France éternelle, pas de son "nidentité"), de célébrer la mémoire d’un feuilleton télévisé vieux de quarante ans déjà, quand la France était encore la France et la télévision l’ORTF.
 
L’ORTF, vénérable institution dépecée par Giscard et consorts en 1974, au cours d’une année qui s’avéra l’une des plus sombres de notre histoire (légalisation de l’avortement, de la pornographie, vote des plus de 18 ans, en attendant le rêve du regroupement familial) avait réussi à concilier tradition et modernité, comme disent les idiots du village médiatique, à laisser la caméra explorer le temps, les journalistes cultivés interroger Herbert von Karajan, Paul Morand ou Louis-Ferdinand Céline.
 
Dans le même temps, l’ORTF était capable de peupler les mémoires et l’imaginaire des plus et des moins de sept ans avec les inoubliables Compagnons de Jehu ou de Baal, Joseph Balsamo ou, bien sûr, Belphégor. Ces feuilletons se vendaient dans toute l’Europe, je peux en témoigner, moi qui n’ai pas été élevé en France. Je voyais même Thibault ou les croisades, admirable méditation sur la perte de l’Algérie, en Tunisie, ou Les Compagnons de Baal, théâtre d’ombres qui dénonçait les complots obscurs de la mondialisation en cours, sur la RAI.
 
Il est vrai que l’époque se prêtait aussi bien en Angleterre qu’en Amérique, en Yougoslavie qu’aux Pays-Bas, à l’expression des génies vernaculaires. On y a remédié depuis, que cela soit dû à des conspirations ou même à une entropie logique de ces lugubres Temps de la Fin.
 
Le dernier feuilleton français à avoir reçu un accueil mondial digne d’une œuvre française fut Arsène Lupin ; l’adaptation de l’œuvre de Maurice Leblanc s’étala sur trois saisons, de 1971 à 1974. La première fut bien évidemment la meilleure, car, victime de la coproduction, la série perdit peu à peu son âme en cours de réalisation. Elle n’était même plus jouée en français, et le chauffeur de Lupin n’était même plus doublé par lui-même dans les épisodes à la sauce teutonne (qui auraient pu être fort bons d’ailleurs). On perdait les extraordinaires duos de Lupin-Descrières avec Guerchard-Carel ou même avec l’étonnant et oublié Herlock Sholmes-Virlojeux, acteur à la voix chevrotante et à la personnalité inquiétante et amusante, étoile déchue du petit écran d’alors.
 
Mais qui est Arsène Lupin ?
 
Un gentleman cambrioleur, comme dit la chanson de Dutronc ? Ce serait alors faire de Lupin un homme tronc précisément, dépourvu de bras et de jambes. Et les bras de Lupin montent jusqu’au ciel, et les jambes de notre escrimeur et boxeur français (un roi de notre vieille savate) s’enfoncent jusqu’au centre de la terre, comme dans un roman de Jules Verne.
 
Lupin le dit à son Grognard, avant de dérober le trésor du roi mérovingien Dagobert : « Certains investissent dans la bourse, dans l’or, moi j’investis dans les souterrains ». Dans l’admirable épisode où Lupin joue à être arrêté pour mieux se jouer des sbires de la république, il marque de son empreinte les fabuleuses et infinies caves de la Champagne. Lupin est le maître sous terre, il visite l’intérieur de la terre pour rechercher l’invisible pierre…
 
Après, il garde ses trésors dans l’aiguille creuse, celle d’Etretat, ou, comme disait Patrick Ferté, dans son Arsène Lupin, supérieur inconnu, celle des secrets d’Etat. Il prend le titre de Roi du Monde et lutte contre une préfiguration du nazisme nommé Vorski dans l’Ile aux Trente Cercueils : tout y est, de la croix gammée à la chambre…à gaz. L’Ile aux trente cercueils fut adaptée à la télé, mais bien après la série. Et sans l’Esprit.
 
Le feuilleton jovial, libertin et fastueux produit par Jacques Nahum et l’ORTF n’a, bien sûr, pas explicitement développé le caractère sacré et discret de la personnalité de notre « cambrioleur de l’histoire de France », comme l’avait baptisé le regretté Francis Lacassin. Mais il nous laisse un goût étrange, par les temps qui courent, le goût d’une grenade dont les pépins ne cessent de révéler le génie malgré lui. Trois siècles et demi après Alceste, on sait qu’il n’est plus possible « de trouver sur la terre un endroit écarté/ où d’être homme d’honneur on ait la liberté » ; alors autant se préparer à une descente initiatique de trois jours ou même plus au Centre de la France. On laissera à la surface les Sganarelle débattre de leur identité…

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Comments (7)

  • Daniel Répondre

    sas   "Avant Noël, Besson dut faire un voyage éclair en Tunisie, calmer grand-maman et s’engager à se convertir avant les noces en juin prochain. L’identité nationale, version Besson, tourne à la farce !  "
      C’est encore à ce niveau des glandes  que peut se décider notre avenir. Ces individus  peuvent mettre dans la m.  60 millions de personnes pour une petite "victoire" personnelle qu’ils ne peuvent avoir par leur propre valeur. 
    Merci pour l’info.

    Iosa:   "un diner de cons se prépare"… pas mal résumé!. En négociation,  pour la ruse jusqu’à la roublardise et la malhonnêteté ,  la culture Besson est très inférieure à la culture de Tunis.

    Mais comme dans le diner de cons,  il arrive que les cons soient les gagnants de l’histoire. C’est d’ailleurs ce que dit globalement l’Histoire à ces peuples qui ont valorisé la ruse et le mensonge comme moyen de conquérir. Et qui, malgré leur piteux niveau de vie,  n’ont toujours pas compris qu’ils devront sortir des mensonges de leur prophète. Ils ont l’impression de gagner alors qu’ils sont en train de cultiver le bâton qui va les battre.     

    10 février 2010 à 19 h 53 min
  • LAURENT Répondre

    Oh ! amour quant tu nous tient… mais attention Monsieur ,derrière cet éphémère il y a la religion qui a toujours été le combustible qui a entretenu les brasiers de l’intolérance et de la haine … 

    10 février 2010 à 17 h 59 min
  • SAS Répondre

    iosa

    Il semblerait suivant les démentis insistant de ces derniers jour que l infos de backchih soit une intox

    mais 2 commentaires…après lecture de larticle suffisament précis pour expliquer que la tunisiene en question serait de la famille de bourguiba et donc pas une émigrée lambda…ce qui prouverait aussi indirectement que l islamisation n’est a craindre que lorsqu elle est roturière  ! ! ! !!

    l autre trou du cul gauchisant umpeiste traite aux siens ,à sa cause et sa famille….ex science potien donc sans honneurs ni dignité…DEVRAIT POURSUIVRE LE JOURNAL EN JUSTICE….pour atteinte à la vie personnelle !!!! (comme si la triste vie dun ver de terre sans intérêts devait être rendu publique?) mais etant tout de même le ministre de l identité nationnale qui naturalise et laisse s installler à tour de bras sur notre territoire des gens apatrides et agresif envers les nôtre et notre religion….et histoire….on est en droit de se poser la question de ses véritables motivations et des garanties d iontention données a qui et pourquoi ?

    …..en résumé comme cette info me parait vrai à 95% ,je pense qu il ne fera pas comme contree GUYON sur rtl……qui avait balancé l info sur la demoiselle mineure à ce qui parait….

    on va voir la suite…pôvre France

    sas

    10 février 2010 à 16 h 34 min
  • IOSA Répondre

    Sas@…..

    Voilà la preuve selon vos dires (et mes pensées) que toute personne qui se convertit à l’islam est soit con ou amoureux.

    Quoique se convertir parce que l’on est amoureux est déjà en soi, non pas une preuve d’amour puisque l’amour se construit à deux au minimum, mais bel et bien une preuve évidente que l’on est con au point de tout donner ( sacrifier est le mot juste) pour qu’un ou une autre daigne nous regarder ou prêter une attention notre misérable existence.

    En effet, l’autre en l’occurence doit aussi être amoureuse et dans cette condition sinéquanon d’un couple harmonieux, je ne vois pas pourquoi elle accepterait que son futur époux change de confession, si ce n’est qu’un diner de cons se prépare.

    En tout cas, une seule chose est sure, ce n’est pas en mangeant à deux rateliers que l’on démontre sa probité.

    Que besson (notre pantalon) montre ses fesses aux passants dans la rue, celà ne me fait ni chaud ni froid….. Il est comme un chat écrasé sur le bord de la route, j’évite de rouler dessus, ca pourrait dégueulasser les jantes de ma caisse.

    IOSA

     

    9 février 2010 à 16 h 01 min
  • Pascale Répondre

    Il y avait aussi les excellents épisodes de Maigret avec Raymond Souplex. Et "Les Chevaliers du Ciel". Déjà, rien que le titre de cette dernière série, tout comme le titre "Gentleman cambrioleur", font référence à une époque où le sens de l’honneur et la noblesse de coeur signifiaient encore quelque chose.

    8 février 2010 à 17 h 08 min
  • sas Répondre

    l identité nationale la plaisanterie du traitre besson….

     

    Besson trébuche dans le tapis de prière

    schizo / lundi 8 février par Nicolas Beau

    Éric Besson n’est pas à la noce. D’un côté, son débat sur l’identité nationale, dont le séminaire gouvernemental se tient aujourd’hui. De l’autre, il promet à sa future belle-famille de se convertir à l’islam…

    Le chantre de l’identité nationale, Éric Besson, n’ est pas à la noce. En lançant son débat sur l’identité nationale, le ministre a provoqué de multiples dérapages anti-islam et anti-immigrés. D’après certains sondages, une moitié des Français, veut-on croire, pensent que la pratique de la religion musulmane est incompatible avec la vie en société. Diable ! Voici Besson en bien mauvaise posture, lui qui est tombé raide amoureux, cet été, d’une jeune étudiante tunisienne, Yasmine Tordjman. Et qui a promis à la belle famille de se convertir à l’islam. Tout cela fait un peu désordre.

    (d)ébats franco-tunisiens

    À Paris, le ministre déchaîne des flots de xénophobie ; à Tunis, l’amoureux transi se dit prêt à une conversion aussi soudaine qu’inattendue. À l’origine de cet imbroglio politico- sentimental, le producteur Tarek Ben Ammar. Neveu de Wassila Bourguiba, l’épouse de l’ex-président tunisien, cet homme de l’art, avait vu sa cote s’effondrer auprès de Ben Ali et de son épouse Leila lorsqu’il leur avait conseillé des placements à la Banque Medici à Vienne (Autriche). Laquelle plaça le magot chez le financier Madoff, dont la faillite fut retentissante. Pour se remettre en selle, Tarek Ben Ammar avait cru bon d’inviter Éric Besson, devenu provisoirement l’un des chouchous de l’Élysée, et l’avait sompteusement logé dans une villa du quartier Marsacube, à Lamarsa.

    C’est là, à la hauteur de la résidence de l’ambassadeur français, que la jet-set franco- tunisienne prend ses quartiers d’été. Hélas, les amours entre la jeune Yasmine et le bel Éric n’ont pas eu l’air de plaire à Nabila, la grand-mère de la petite et fille de Wassila Bourguiba. Avant Noël, Besson dut faire un voyage éclair en Tunisie, calmer grand-maman et s’engager à se convertir avant les noces en juin prochain. L’identité nationale, version Besson, tourne à la farce !

    a mourrir de rire….

    8 février 2010 à 15 h 02 min
  • christophe Répondre

    Monsieur Bonnal,vos articles sont habités par la nostalgie.Mois aussi je me souviens de georges Descrières.

    Les Chevaliers du Ciel,avec Tanguy et Laverdure m’enthousiasmaient.Mais qui se souvient des Mirages lll?

    Les Brigades du Tigres:une série de bonne facture n’est-ce pas?

    Ah!! j’ai oublié Le Commissaire Moulin.

    Faites-moi réver Nicolas

    8 février 2010 à 14 h 13 min

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