Candidature de José Bové à la présidentielle

Candidature de José Bové à la présidentielle

Le mouvement dit « altermondialiste » ATTAC tenait son congrès à Rennes le week-end dernier. Avec l’annonce de José Bové de tenter sa chance pour les présidentielles de 2007, c’est l’occasion de scruter les forces et les faiblesses de cette nébuleuse exotique et paléo-marxiste.

Au titre des forces, il faut noter la puissance « sémantique » du mouvement. Il a réussi à imposer une critique, non seulement de dérives de la mondialisation, mais de la mondialisation comme telle, qui fait aujourd’hui autorité dans le débat politique et médiatique français.

Il est, par exemple, instructif de noter qu’une partie non négligeable de la droite (en particulier, celle qui vote Le Pen et Villiers) avait, ces dernières années, fortement diminué ses attaques contre la libéralisation des échanges. La campagne référendaire de l’année dernière a été l’occasion de revenir là-dessus. Il est clair que le discours anti-mondialisation des échanges du mouvement soi-disant « altermondialiste » n’est pas pour rien dans ce revirement stratégique.

Autre illustration de la puissance sémantique de ce mouvement : le simple fait que l’on ne mette pas en question l’étiquette qu’il s’est auto-attribué d’altermondialisme. Pourtant, si les mots veulent dire quelque chose, altermondialisme signifie que cette nébuleuse défend une autre (et même, en rigueur de terme, la seule autre) vision de la mondialisation. Or, je défie quiconque de m’expliquer ce que serait ce modèle « alternatif ».

D’une part, il me semble qu’il existe plusieurs modèles envisageables pour la mondialisation, et pas seulement « l’ultra-libéral » contre « l’altermondialiste » ; et d’autre part, je doute fort que la nébuleuse ATTAC et épigones soit capable de proposer quelque chose, en dépassant le stade de son opposition à ce qui existe…

Bref, dans le combat des idées, ATTAC et ses alliés sont des adversaires redoutables, ayant tous les honneurs de la presse, de l’université et, de façon générale, des relais idéologiques.

Cette capacité nihiliste à refuser tout ce qui existe, sans rien proposer en échange, a été également une force inégalable dans certains combats politiques. Le dernier en date est la campagne référendaire : le « non » en bloc, sans détailler les motivations de l’opposition (ce qui distinguait d’ailleurs fortement le non de gauche du non de droite, qui avait des motivations claires : soit de l’ordre de la souveraineté nationale, soit de l’ordre du dirigisme économique de Bruxelles), et sans dire ce qui serait nécessaire pour passer au oui, s’est révélé d’une efficacité remarquable…

Reste que cette absence de proposition constitue également une faiblesse pour transformer l’essai. Tous les commentateurs annonçaient, après le résultat au référendum européen, un candidat de l’extrême-gauche dans le quatuor de tête.
Certes, la chose n’est pas impossible : l’extrême-gauche « pèse » probablement autour de 15 à 20 % de l’électorat, tout comme la droite et la gauche de gouvernement, ou la droite de l’UMP. Mais, comme pour « l’extrême droite », il faut s’unir sur un candidat et sur un programme. Et, si cette union est déjà très difficile à droite, où l’unité idéologique est à peu près faite, elle l’est bien davantage à gauche. Il suffit pour s’en convaincre de constater les divergences d’intérêt entre les écologistes et les productivistes…

Quant à s’entendre sur un candidat, je crois que José Bové se fait beaucoup d’illusions. Il est certain qu’il est le mieux placé pour être ce candidat, si l’on regarde la question du point de vue de la représentativité dans la « nébuleuse ». Mais, ladite nébuleuse a des cadres et des militants. Or, ces derniers viennent presque tous de partis organisés, trotskistes pour la plupart. Et l’on voit mal pourquoi les dirigeants de ces partis accepteraient de travailler pour le roi de Prusse !
À mesure que s’approche l’heure où l’extrême gauche espère tirer les dividendes politiques de sa victoire idéologique, les querelles de chapelle reprennent le dessus. Le congrès d’ATTAC l’illustre bien. L’économiste Susan George, fondatrice de l’organisation, s’oppose au président réélu Jacques Nikonoff et dénonce l’irrégularité des élections. Soit dit en passant, ce dernier vient du PCF. Il n’est pas impossible que la vieille guerre entre staliniens et trotskistes soit l’une des clés d’interprétation de la crise.

Plus profondément, c’est le mode de gouvernement qui pose un problème : Susan George dénonce l’autocratie de Nikonoff et souhaiterait une organisation collégiale, ce qui correspond probablement mieux aux aspirations des militants « altermondialistes ». Mais, en collégialité comme ailleurs, il y a des dirigeants ; le gouvernement est seulement plus opaque…

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Comments (12)

  • MINUX75 Répondre

    Bonjour Le programme de josé bové est tout trouvé, s’en prendre aux marchands de frites et leur casser la baraque.

    27 juin 2006 à 14 h 45 min
  • grandpas Répondre

    Je propose domenech comme président il sera aussi mauvais présidenr que selectionneur et en plus que des ministres politiquement corrects. Bové battu!

    25 juin 2006 à 20 h 15 min
  • Laurent Répondre

    J’avoue que les subtiles peripeties des paroisses neo-marxistes m’interessent peu, si ce n’est le fait que -comme c’est le cas pour les palestiniens- plus ils passent de temps a se faire la guerre entre eux, moins ils en auront pour s’attaquer aux autres. Malheureusement, comme l’a bien montre Revel dans “La Grande Parade”, le communisme continue de renaitre de ses cendres sous des formes toujours nouvelles.

    24 juin 2006 à 0 h 46 min
  • R. Ed. Répondre

    Son problème, si Bové devient président, c’est son arrivée à l’Elysée. Au moins trois jours de route sur son tracteur.

    23 juin 2006 à 14 h 42 min
  • sas Répondre

    Après arlette, le postier…le syndicaliste bové???? c’est vraiment la dêche en france…et pourquoi pas TAPIS… sas

    23 juin 2006 à 4 h 40 min
  • Etienne Répondre

    Bové président ? laissez moi rire SVP

    22 juin 2006 à 21 h 54 min
  • Jean-Claude Lahitte senior Répondre

    J’oserai simplement ajouter aussi bien à l’article qu’aux “posts”, qu’il faudra bien qu’un jour les gogos comprennent que les “mondialistes” et les “altermondialistes” mènent le même combat. Celui-ci vise à travers l’uniformisation des produits de consommation, des cultures, des moeurs (plus particulièrement la dissolution de celles-ci), des ethnies à fabriquer un “homo mondialis” formaté ayant perdu ses repères et bon pour une dictature mondiale… Je sais que ces propos feront en sourire plus d’un, et même ricaner. Pour la multitude des autruches qui ne veulent rien voir ni entendre qui troublât leur quiétude, le pire ne peut qu’arriver après leur disparition. Mais ce sont généralement les mêmes qui, pleurant sur les esclaves d’antan (noirs, de préférence, car on oublie toujours les esclaves “blancs”), ne se rendent pas compte qu’insidieusement, ils sont mûrs pour un esclavage pire encore ! Cordialement, Jean-Claude Lahitte senior

    22 juin 2006 à 18 h 14 min
  • Marie Répondre

    C’est réconfortant de trouver sur ce site ou je cherche des informations inédites ailleurs et un ton libre des personnes qui ne se trompent pas d’ennemi. Je suis politiquement très éloignée de la droite libérale et de la droite en général mais moi aussi j’aime mon pays.

    22 juin 2006 à 15 h 11 min
  • grepon le texan Répondre

    Je me trompe peut-etre totalement, mais Bove me semble etre trop franchouille comme personnage, donc un trop nationaliste aux abords de son image, pour pouvoir attirer beaucoup de votes chez la gauche internationaliste anti-patriotique. J’aurais imagine meme que pas mal de gens attire vers le pole socialiste nationaliste(le FN) trouverait des choses positives chez Bove. Si jamais il arrivait au deuxieume tour, au moins il ne serait pas possible pour le candidat en face de le diaboliser au point de refuser tout debat avec lui.

    22 juin 2006 à 3 h 53 min
  • R. Ed. Répondre

    Bové Président !!!

    21 juin 2006 à 21 h 30 min
  • grandpas Répondre

    Vous avez entiérement raison.Mais pour Bové à quelle église dois je m’adresser? Pour le facteur je connais,c’est la poste principale de Neuilly.

    21 juin 2006 à 16 h 27 min
  • Florin Répondre

    Tirer sur les voisins de tranchée est une ânerie. Chapeau à tous les tenants du NON en 2005, du facteur à Le Pen. Bové a apporté sa part dans ce combat sublime contre les pourris de Bruxelles et de Paris. Que la France a gagné – mais, ne l’oublions pas, DE JUSTESSE. La situation est trop dure pour faire la fine bouche – et pour barrer la route au bâtisseur de mosquées financées par nos impôts, il faudra de toute manière s’y mettre à plusieurs. Toute personne en dehors du système UMPS , c’est un combattant pour la France : on ne va pas à la même église certes, mais nos prières vont dans la même direction.

    21 juin 2006 à 15 h 29 min

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