Candidature populiste unique

Candidature populiste unique

Une pluralité de partis et d’étiquettes politiques n’a de sens que pour structurer les débats dans une vraie démocratie. En revanche, dans un système oligarchique qui mute de jour en jour en régime autoritaire, le combat politique n’est plus concevable qu’entre deux camps seulement : d’un côté, celui du peuple brimé et, de l’autre, celui des pseudo-élites soutenues par leurs clientèles de privilégiés du moment.

En annonçant donc, chacun de leur côté, leurs candidatures pour 2022 Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson et quelques «pressentis» encore embusqués, avec ou sans képi, semblent ne pas comprendre que l’adversaire qu’ils auront à affronter, que ce soit Macron ou un autre, ne sera pas le candidat d’un parti mais celui d’un « système ». Plutôt donc que de poursuivre un combat sous des bannières qui ont pour effet de diviser les électeurs, qu’ils appellent pourtant, chacun de leur côté, à se rassembler, ne seraient-ils pas avisés de se rassembler d’abord eux-mêmes:

– Soit pour organiser la désignation de l’un(e) d’entre eux comme candidat unique, sur une plateforme minimale d’options qui les rassemblent déjà – leurs mouvements respectifs conservant bien sûr leur validité dans le cadre des débats parlementaires ultérieurs.

– Soit, mieux encore, pour coopter comme candidat unique explicitement «populiste» une personnalité étrangère à chacun de leurs partis, dans l’esprit de ce que savaient faire les Romains dans des situations d’urgence en nommant un dictateur – avant, bien sûr, que le principe initial de la dictature romaine ne soit dévoyé par un certain Jules.

Mais pourquoi «populiste»?

Parce que, transversalement aux clivages devenus incomplètement adaptés que sont « droite-gauche», «conservatisme-progressisme», ou «mondialisme-souverainisme», la ligne de partage réelle entre les communautés d’intérêts au sein de la société française est tracée aujourd’hui, sociologiquement, par l’esprit gilet jaune de novembre 2018 et, conceptuellement, par la nervosité récurrente de la caste politico-médiatique devant ce qu’elle nomme «la montée des populismes».

Dans la sémantique de l’oligarchie qui s’autoproclame «éclairée», le terme «populisme» sert à faire passer pour des élucubrations d’illettrés, d’avinés et de complotistes les revendications qui pourraient compromettre sa confiscation des pouvoirs, à commencer par la représentation proportionnelle intégrale, le référendum à l’initiative du peuple, la liberté syndicale et l’information alternative. Ces revendications étant communes à des populations transversales aux partis d’opposition réelle, le moment n’est-il pas venu pour les chefs de ceux-ci de faire preuve de clairvoyance et de courage en nouant une alliance populiste plutôt que d’aller trébucher individuellement sous leurs «plafonds de verre» respectifs?
Jean-Luc Escoffier – Lyon (69)

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