Chirac 1997/2004 : même faute, même punition !

Chirac 1997/2004 : même faute, même punition !

André Malraux aimait à dire : « Les hommes commettent toujours les mêmes erreurs ». Cette maxime, en tout cas, semble s’appliquer parfaitement à Jacques Chirac.

En 1997, après deux ans de gouvernement Juppé, et malgré une majorité absolue à l’Assemblée nationale, considérant des sondages très mauvais, en ayant déduit que toute initiative politique serait désormais impossible à prendre, il décidait une étonnante dissolution. Sans doute, tous les augures lui annonçaient-il que sa majorité ne pouvait pas perdre ces élections législatives anticipées. Mais, les ayant quand même perdues, il sut au moins miner le terrain de son nouveau Premier ministre Lionel Jospin et le devancer d’une courte tête en avril 2002.

Soi-disant instruit par cette douloureuse expérience, il choisit cette fois-ci un Premier ministre non-énarque et bon communicateur. Inventeur d’une nouvelle méthode pour réformer sans bouleverser. Affichant un programme ambitieux, dans les limites du politiquement correct et de l’acceptable pour les lobbies syndicaux.

Pourtant, malgré ces différences qui sautent aux yeux, la situation politique est à peu près la même en 2004 qu’en 1997, c’est-à-dire catastrophique, en tout cas pour le parti au pouvoir,

aujourd’hui l’UMP hier le RPR. Aujourd’hui, ce ne sont pas les sondages qui inquiètent le cabinet noir de l’Élysée mais les résultats qui porteront sur l’ensemble des électeurs tels qu’ils s’afficheront au soir des premier et deuxième tours des élections régionales les 21 et 28 mars prochains. Le pire n’est pas exclu par ces stratèges : l’UMP pourrait rétrograder de la première à la troisième voire quatrième place, derrière le Front national, l’alliance PS-Vert, et même, dans plusieurs régions, l’UDF de François Bayrou…

Et si la situation politique nous ramène à celle que nous avons connue, il y a sept ans, c’est évidemment que les mêmes causes produisent les mêmes effets : ni Raffarin, ni Juppé, et, au-delà, pas plus le Chirac de 2002 que celui de 1995, n’ont tenu leurs promesses. Ils n’ont pas fait ce qu’ils avaient promis. Ils n’ont pas redressé le pays, ni ses finances ni son état général. Les électeurs en prennent acte. Ils sanctionnent.

En 1995, la décision la plus symbolique prise dans les premiers temps par le gouvernement Juppé fut d’augmenter de deux points la TVA. À partir de là, le discours sur la réduction du rôle de l’État n’avait plus aucune chance d’être crédible. Le gouvernement s’était aussitôt coupé de tout soutien actif de la part de sa frange « libérale de droite ». Son violent affrontement avec les bastions syndicaux sur la réforme des retraites du secteur public ne pouvait que tourner au fiasco.

En 2002, la majorité de Jean-Pierre Raffarin était missionnée par ses électeurs pour mettre en veilleuse la loi sur les 35 heures et réduire le déficit public par le biais de la réduction des dépenses publiques et du nombre des fonctionnaires. Au lieu de quoi, le budget de 2003 dérapa davantage encore que celui de 2002. Et, sur les deux années considérées, le poids relatif de la sphère publique s’est encore accru. Les réformes indispensables et urgentes, on en parle beaucoup mais les commissions qui se succèdent ont du mal à accoucher d’une souris. Le candidat Chirac avait promis une diminution de 30 % de l’impôt sur le revenu, au cours de son quinquennat. Aujourd’hui, plus personne ne pense qu’il y parviendra, même en augmentant parallèlement la CSG, la CRDS, les impôts locaux et les taxes sur les carburants…

Certains commentateurs politiques relativisent les engagements des candidats. Promettre et ne pas tenir ferait partie d’un jeu. Dans une certaine mesure peut-être. Mais à la condition que, comme dans le cas de Jacques Chirac, cela ne soit pas systématique. En outre, quand le mensonge est érigé en système politique (voir notre éditorial sur Alain Juppé), sa pratique s’étend et se banalise, du sommet jusqu’à la base de la pyramide sociale. Pour paraphraser Lao Tseu « Quand les dirigeants sont malhonnêtes, les citoyens deviennent malhonnêtes ».

On est là, non seulement sur un terrain d’ordre éthique et moral, mais aussi, davantage qu’on ne le croit, sur un terrain économique. Car c’est la confiance et son revers, l’honnêteté, qui fondent sur le long terme le progrès et la prospérité économique.

De même que les rares pays du Tiers-Monde qui sont devenus en cinquante ans des prix d’excellence de la croissance, comme Singapour ou Taïpeh, sont aussi des exemples où la droiture règne dans la vie publique comme dans la vie des affaires, de même, parmi les pays occidentaux, ce sont les plus corrompus qui reculent et les plus propres qui progressent. C’est si vrai qu’on voit même, en Europe du Nord, des pays encore plus collectivistes que nous réussir mieux que nous parce que leurs dirigeants sont plus honnêtes.

Des politiciens honnêtes auraient à cœur de tenir leurs

promesses. Ils obéiraient au peuple souverain plutôt que de prétendre toujours lui commander.

Partager cette publication

Comments (10)

  • OMvaincra Répondre

    sinon y’a le nouveau parti de Claude Reichman “droite de France” plus proche de nos sensibilités. Le pb, c’est qu’il n’est pas connu et que Reichman étant jugé “dangereux” (dissidence non “fascisante” donc non diabolisante)il est sous médiatisé ou moqué.

    21 février 2004 à 12 h 00 min
  • Christian Répondre

    « Hélas, il y a ceux qui savent, et ceux qui sauvent ! Quand il manque le cœur, le pouvoir est tragique ! » (auteur : le groupe « Ange »)

    20 février 2004 à 18 h 29 min
  • OMvaincra Répondre

    Une seule solution: voter FN ce n’est pas un parti libéral comme on l’aimerait mais c’est la seule dissidence possible à ce jour en France (si tenté qu’elle existe encore)

    18 février 2004 à 23 h 37 min
  • jcga Répondre

    ump que vont ils faire detoutes les promesses non tenue par leur candidat? ils vont nous les reservirs au praichaine elections?

    17 février 2004 à 8 h 34 min
  • lagorre Répondre

    Erreur, il existe des libéraux pour se présenter aux élections, regardez de plus près en Île de France. Cherchez un peu avant de vous résigner.

    17 février 2004 à 8 h 17 min
  • Adolphos Répondre

    Files not found….

    16 février 2004 à 11 h 47 min
  • Didier Répondre

    Lors d’un récent débat télévisé rassemblant des représentants de tous les partis se présentant aux prochaines élections, j’ai remarqué ce consensus général pour que rien de fondammental ne change…à l’exception du Front National. Je suis un libéral convaincu et je sais fort bien que M. Le Pen ne l’est pas trop, peut être ses successeurs… Il y a des gens libéraux de grande qualité qui s’expriment ici ou là; mais ils ne vont pas jusqu’à constituer concrètement une liste électorale. Alors, faute de choix réel, je me dis que l’heure appelle bien plus à un changement d’hommes qu’à une distinction philosophique ou idéologique. Et comme je ne veux pas voter pour la continuité socialiste droit dans le mur ou bien m’abstenir je vais devoir voter pour le changement des hommes.

    15 février 2004 à 10 h 31 min
  • Aurousseau Jacques Répondre

    Hélas, comme l’a dit La Bruyère :«lE PEUPLE N’A GUÈRE D’ESPRIT ET LES GRANDS N’ONT POINT D’ÂME.»

    14 février 2004 à 23 h 56 min
  • georgio Répondre

    C’est vrai qu’il y a du boulot

    14 février 2004 à 23 h 10 min
  • rouffiac Répondre

    tout a fait d’accord;je ne prendrai qu’un exemple:Jacques Chirac avait formellement promis de recourir au referendum,ce qui aurait du etre fait,par exemple,pour les traités de Nice et d’Amsterdam,sujets particulierement importants…je pense que l’UMP va recolter ce qu’elle a semé…

    14 février 2004 à 22 h 50 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *