De la « marche républicaine » au « front républicain »

De la « marche républicaine » au « front républicain »

Le premier tour des élections législatives partielles qui avaient lieu le 1er février dans la 4e circonscription du Doubs (celle de Pierre Moscovi­ci) est riche d’enseignements – et le second tour ne devrait pas être moins intéressant…

Tout d’abord, le PS a interrompu une série noire d’élections partielles : au cours des 13 dernières législatives partielles, le PS n’avait jamais gagné, ses alliés radicaux de gauche avaient gagné une fois et l’UMP avait gagné 12 fois.

De toute évidence, le candidat socialiste a bénéficié du fait que la circonscription est très à gauche : en 2012, la gauche avait recueilli pratiquement deux fois plus de voix que le FN ou que l’UMP.

Il a bénéficié aussi de certaines bêtises – pour dire le moins – du candidat UMP, Charles Demouge, éliminé dès le premier tour. Ce dernier avait d’abord annoncé qu’en cas de duel FN-PS, il voterait PS – avant de se rétracter sous la pression du siège de l’UMP. Et il a récemment déstabilisé et irrité les électeurs de droite en déclarant : « Moi, c’est les bons petits blonds qui m’emm… Pas les Français issus de l’immigration. »

Il a bénéficié enfin de la remontée de la popularité du couple exécutif, consécutif aux récents attentats.

Il est d’ailleurs assez intéressant que « l’esprit du 11 janvier » soit invoqué pour « faire barrage au Front national ». De la « marche républicaine » au « front républicain », il n’y a qu’un pas dans l’esprit des stratèges du PS.

Reste à savoir si l’UMP va tomber dans un piège aussi grossier. Nicolas Sarkozy a tout à perdre en n’apparaissant que comme un simple agent de « l’UMPS ».

Mais il a déjà beaucoup perdu avec son retour raté en politique. Et, surtout, il a beaucoup perdu avec ce premier tour en montrant que l’UMP n’était pas en mesure de contrer l’ascension du FN : il est difficile de revendiquer l’étiquette de « principal parti d’opposition », lorsqu’on ne figure pas au second tour !

À l’heure où j’écris ces lignes, on ignore quelle sera la consigne de vote de l’UMP pour cette législative partielle. Les commentateurs hésitent entre 3 solutions : absence de consigne de vote (ce qui donnerait une impression désastreuse d’indécision), retour au front républicain (et donc au piège mitterrandien) ou maintien de la stratégie du ni-ni (et donc refus de dire qui est l’adversaire prioritaire de l’UMP).

Il est remarquable que la seule stratégie possible pour la droite : celle d’un soutien au FN (surtout dans cette circonscription symbolique) pour faire battre la gauche ne soit même pas envisagée…

Jean Rouxel

Partager cette publication

Comments (3)

  • Claude Roland Répondre

    Plus ils essayent de forcer les gens à monter le front républicain devant le FN, plus ils exaspèrent les gens. Pas malin.

    6 février 2015 à 9 h 52 min
  • DESOYER Répondre

    Vous abordez là un problème fondamental.
    Les différences entre le FN et l’UMP sont-elles si importantes que toute alliance soit à jamais bannie?
    Je tente d’apporter une réponse dans mon livre “Economie ou socialisme: il faut choisir”.

    4 février 2015 à 22 h 36 min
    • Claude Roland Répondre

      @Desoyer : Lisez “Des pions sur l’échiquier” de W.G. Carr, Ed St Rémi, et vous verrez qui mène vraiment l’économie du monde, pourquoi et dans quel but avant de publier votre livre. Ce sera plus prudent. Il faut enfin sortir de la naïveté de croire que nos hommes politiques, notre président comme ceux de tous les autres pays décident de l’économie et de la politique menée. Il faut ouvrir les yeux !

      6 février 2015 à 9 h 50 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *