Des primaires socialistes à la démocratie directe

Des primaires socialistes à la démocratie directe

Les primaires socialistes, et leur succès relatif, démontrent au moins un certain appétit démocratique. Les Français aiment être con­sultés. Pour autant, l’exercice appelle des réserves.

Que se passerait-il si toutes les familles politiques se mettaient en tête d’organiser des primaires dans toute la France ?
L’UMP est poussée à le faire, à la fois par les médias et par sa nature résolument imitatrice. Mais pourquoi pas aussi le FN, l’extrême gauche, les écolos, les royalistes, les fédéralistes ou les libertariens ? Au nom de quoi leur refuserait-on les moyens publics mis à la disposition du PS ?
Un autre problème réside dans l’ouverture plus ou moins large du scrutin. Les primaires socialistes étaient ouvertes à tous. Des primaires UMP, FN ou monarchistes pourraient-elles valablement être ouvertes à l’ensemble des électeurs ? À mon avis non. Et comment sélectionner autrement que sur la base d’une adhésion véritable ?

Je ne vois donc pas que ces primaires, façon PS 2011, puissent prospérer.
Par contre, cet appétit démocratique doit être pris en compte. Non pas sur le terrain de la désignation des candidats, qui relève des procédures internes aux organisations, mais sur celui de la souveraineté populaire.

La Déclaration de 1789 est muette sur la procédure de désignation des dirigeants. Elle est, par contre, tout à fait explicite sur la souveraineté : elle appartient au peuple, qui l’exerce soit directement (principalement), soit par ses représentants (accessoirement). Le peuple souverain doit pouvoir ré­former une loi, censurer directement l’exécutif et obliger celui-ci à agir. C’est la démocratie directe.
Si les primaires socialistes, dans les conditions où elles ont eu lieu, étaient généralisées, ce serait vite le capharnaüm. Si elles permettent d’avancer vers plus de démocratie directe, elles auront rendu un grand service à la démocratie française.
En attendant, elles modifient plusieurs choses pour 2012.

Le candidat Hollande est fortement légitimé. Cette légitimation pourrait d’abord se traduire par un rééquilibrage des rapports du PS avec les Radi­caux de gauche. Comment justifier que l’on « donne » 15 circonscriptions gagnantes à un parti dont le leader a réuni 0,6 % des suffrages ?
Elle aura aussi des conséquences sur le comportement des autres partis de gauche qui peuvent craindre, davantage encore qu’avant ces primaires, la prime dont va bénéficier le candidat du PS au premier tour. Surtout si, comme nous le pensons, aussi bien Sarkozy que Hollande peuvent craindre un autre « 21 avril ».

On ne peut s’empêcher de constater qu’une élection à un seul tour aurait été plus claire, aurait réduit les risques de désistement intéressé, et… n’aurait rien changé au résultat. La démocratie honnête est à un seul tour. Comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne.

Cette dernière réflexion renforce l’idée d’un scrutin majoritaire à un seul tour, aussi bien pour les présidentielles que pour les législatives ou les autres consultations. C’était l’idée du général de Gaulle en 1958. Il n’avait accepté le scrutin à 2 tours que pour faire plaisir à Guy Mollet, premier secrétaire de la SFIO…

On sait que les socialistes sont décidés à instaurer le scrutin proportionnel pour toutes les élections.
Retour garanti au « régime des partis » de la fin de la IVe République !

Pourquoi ne pas soumettre cette question du mode de scrutin (qui structure la vie politique d’un pays) à un référendum ? Seul le FN, à ce jour, s’y déclare favorable. Le succès des primaires garantit que, sur un tel sujet, les Français sauraient se déterminer. Si François Hollande devait être élu, il dépendrait de lui que nous passions d’une « mobilisation cito­yenne » un peu creuse à une démocratie directe effective.

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Comments (2)

  • revizor Répondre

    Les primaires socialistes ont eu un succès limité malgré tout le tapage et la mobilisation des médias puisque 2 millions et demi de votants y ont participé ce qui représente 5 % des inscrits.

    Je suis par contre d’accord pour qu’on instaure le scrutin majoritaire à un tour qui existe en Grande Bretagne, qui est certes un peu brutal mais qui a l’avantage d’être clair et d’éviter les magouilles de 2éme tour.

    Le scrutin proportionnel peut paraître plus juste mais il peut aboutir à l’immobilisme.

    En outre je constate que pour les élections régionales et municipales le scrutin mixte majoritaire avec une dose de proportionnaire est injuste car en fait il accentue le caractère majoritaire.

    En effet la liste qui fait 50.01 % des voix obtient en réalité 75 % des sièges.

     

    4 novembre 2011 à 9 h 52 min
  • QUINCTIUS CICINNATUS Répondre

    Le scrutin dit à la proportionnelle semble "moralement" plus juste, plus équitable , plus démocratique…
    Il a cependant en dehors du retour aux "combinazione" entre partis et à la stérilité inhérente à ces jeux politiques , le risque mortel de voir  un parti RELIGIEUX rechercher les faveurs communautaristes des "nouveaux électeurs" générés dans et par le "programme" du Parti Socialiste …
    C’est un aspect majeur du problème régulièrement gommé ,effacé , occulté par les "politique" et les constitutionnalistes de tous bords …
    Les Nations véritablement démocratiques ( ET POLITIQUEMENT STABLES ) ont un scrutin majoritaire à UN TOUR

    3 novembre 2011 à 20 h 05 min

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