Diplomatie française : dérapages en tout genre

Diplomatie française : dérapages en tout genre

Didier Julia, 70 ans, agrégé de philosophie et professeur de Lettres – il est aussi l’arrière-petit-fils du fondateur de la librairie Larousse – est un homme politique à la fois atypique et estimable. Nul n’a jamais mis en cause sa sincérité et son honnêteté. Après avoir à l’Assemblée nationale, défendu des causes qui l’ont fait classer comme « étant de droite », sur des sujets de société comme l’avortement ou le droit de la famille, il s’est découvert, semble-t-il, une passion pour les pays arabes, pour la cause palestinienne et la défense du régime de Saddam Hussein.
Son escapade pour ramener, via Damas, les otages français détenus depuis sept semaines en Irak, par un groupe mal identifié, s’inscrit dans une longue tradition propre au mouvement gaulliste de réseaux parallèles et de diplomatie souterraine, mettant en œuvre des personnages interlopes, en particulier des marchands d’armes, favoris de certains dictateurs du Tiers-Monde.
L’affaire rappelle d’autres épisodes où le SAC, service d’action civique – un temps dirigé par Charles Pasqua – s’est illustré, aussi bien en France qu’à l’étranger. Il ne déplaisait pas au Général De Gaulle de nommer à Bogota ou à Libreville un ambassadeur de France dont les mérites avaient échappé jusque-là aux spécialistes du Quai d’Orsay…
Didier Julia, inamovible député de Seine-et-Marne, a été élu la première fois à Fontainebleau en 1967, la même année qu’un certain Jacques Chirac, en Corrèze. Non seulement le Président de la République connaît bien le bonhomme, mais il est en outre certain, désormais, que l’Élysée était au courant de son entreprise et l’a facilitée. Avec le résultat que l’on sait. Une part du fiasco lui revient.
Il est évident qu’un pays sérieux n’aurait pas laissé faire Didier Julia. Là où on s’est contenté de le lâcher, in fine, il était possible et même facile de le bloquer, avant même qu’il ne parte…
Les choses se comprennent mieux si on les replace dans le contexte de la dérive tiers-mondiste de notre diplomatie, sous l’impulsion personnelle du chef de l’État. Car il résulte de cette orientation qu’en Afrique et au Moyen-Orient, notamment, souvent, des régimes dictatoriaux sont préférés à des régimes démocratiques. Même l’islamisme sectaire trouve grâce, aux yeux de Jacques Chirac, comme de Didier Julia.
Et ce n’est pas fini : des indiscrétions de la presse algérienne donnent à penser que la signature l’année prochaine d’un traité d’amitié entre la France et l’Algérie s’accompagnerait d’une repentance officielle pour la période coloniale…

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Comments (4)

  • F&H Répondre

    Bonjour, Mr Rouxel, Mais il n’y a jamais eu de dérive tiers-mondiste de la diplomatie Française, puisque celle-ci l’a toujours été…. F&H

    11 octobre 2004 à 16 h 42 min
  • LESTOURET Répondre

    La politique tiers mondiste du Général De Gaulle, et celle identique de ses successeurs y compris les socialistes,n’a apporté à la France que des déboires et des déconvenues, sans compter les accrocs souvent sévères avec ses alliés traditionnels. Nos relations avec les Etats Unis en sont une preuve flagrante. Pourtant il y a peu d’espoir de voir cette politique changer tant que les mêmes hommes et sans doute la même génération sont au pouvoir. C’est triste et regrettable mais c’est ainsi. Il faut seulement souhaiter que rien d’irréparable ou d’irréversible ne se produise afin que la génération suivante ait la possibilité de changer de cap. Malheureusement l’invasion de l’Europe en général et de la France en particulier par l’Islam, risque de mettre en danger cette possibilité

    11 octobre 2004 à 13 h 30 min
  • AGAMEMNON Répondre

    La “dérive tiers-mondiste” du régime ne date pas d’hier. Souvenez-vous du Général de Gaulle, de son “mano en la mano” à Mexico, du fameux discours de Pnom Pen, de “l’hégémonie que l’on sait” (sic), etc. C’est la fenêtre de tir qu’on trouvé les gouvernements français successifs depuis 1958 pour tenter d’exister sur l’échiquier mondial. Jusqu’à présent, l’Oncle Sam n’était pas rancunier et, sans trop se soucier des piqûres d’épingle de ce petit pays un tantinet ingrat, passait régulièrement l’éponge. Mais aujourd’hui, les temps se font plus durs. Les premiers attentats NBC (nucléaires, bactériologiques, chimiques) ne vont sans doute plus tarder et notre grand allié risque de se faire plus exigeant. Rejoindrons-nous le camp des démocraties, dont nous nous éloignons tous les jours, ou basculerons-nous carrément dans celui des dictatures? Quelque soit le choix de notre Nomenklatura, il y a fort à parier qu’il faudra cette fois en payer le prix, et le prix fort.

    10 octobre 2004 à 11 h 12 min
  • eric dugas Répondre

    et quand on voit comment chirac se mele des affaires interieures de la chine et de taiwan, tout ca pour vendre quelques airbus, quelle honte !!!

    10 octobre 2004 à 9 h 23 min

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