Droit à l’avortement et hiver démographique

Droit à l’avortement et hiver démographique

Chacun sait que la France est confrontée à de nombreux problèmes.

Sans doute fallait-il l’en distraire, car voilà le sociétal de retour tout schuss avec le tintamarre autour du droit à l’avortement depuis la récente décision de la Cour suprême américaine autorisant les États à en légiférer librement. En France, les défenseurs compulsifs de ce droit y ont vu incontinent une menace pour son exercice ici et ont réclamé dans la foulée sa constitutionnalisation. Pas moins !

On voit bien ce qui est visé : assurer une irréversibilité. Que ce droit ne puisse pas être remis en cause. Est-il donc attaqué chez nous ? Pas franchement, mais cela grince dans une partie de l’opinion et dans le corps médical. Peu avant la présidentielle, est intervenue la loi du 2 mars 2022, portant le délai limite d’avorter de 12 à 14 semaines – à ce stade, le fœtus est déjà un petit être – et même, l’extravagant sans délai pour motif de détresse psychosociale.

Certes, la constitutionnalisation n’offre pas une garantie absolue. Une majorité parlementaire, le peuple directement, peuvent toujours défaire ce qui a été instauré antérieurement. Mais, l’inscription dans la Constitution intègre une symbolique forte. La norme ainsi distinguée acquiert le rang de règle supra-légale. C’est un renfort appréciable que certains éditorialistes considèrent comme une sacralisation. De quoi, à l’évidence, faire reculer des opposants pro-vie pas assez sûrs de leurs convictions.

C’est la pratique bien connue du cliquet de blocage, dont la gauche est orfèvre, destinée à interdire – par inhibition de l’adversaire – qu’il soit revenu sur ses réformes, même sérieusement critiquables.

Aujourd’hui, on est bien loin de la pratique raisonnée de l’avortement qui avait été promise par les autorités avec la loi Veil. Depuis les années 80, les conditions de l’avortement n’ont cessé d’être assouplies, si bien que les interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont atteint de nos jours une ampleur industrielle : plus de 200 000 annuellement. Monstrueux !

Dans tout cela, une grande oubliée : la démographie. Que voit-on, sinon que la France, pour ce qui a trait à la population autochtone, connaît un déficit de naissances préoccupant ? Le remplacement des décès est désormais incertain et la prolificité des communautés allogènes implantées sur notre territoire nous renvoie en miroir, qu’à un terme, pas si lointain, les étrangers pourraient devenir majoritaires. En 2040, les millions d’enfants de souche que, depuis 40 ans, nous n’avons pas su garder du fait de l’avortement ravageur, vont beaucoup nous manquer. C’est aussi le message qu’envoie l’arrêt de la Cour suprême. En un mot, on arrête l’hémorragie.

Ne nous leurrons pas, nous sommes en France dans une situation approchante de celle des USA. Mais nous faisons, à tort, semblant de l’ignorer. Jusqu’à quand ? Une politique de la natalité orientée en faveur des familles françaises (par le rétablissement de l’universalité des prestations familiales ou l’attribution de la part entière à l’IR dès le premier enfant) pourrait être un chemin vertueux vers la reprise des naissances. On peut aussi imaginer la mise en place d’un statut de la mère au foyer, s’adressant à des femmes préférant élever des enfants plutôt qu’exercer un emploi salarié, moyennant une allocation de ressources appropriée versée par l’État. Le service ainsi accompli serait pris en compte au titre de la retraite.

Le droit à l’avortement, vu le contexte démographique, a moins besoin de sanctuarisation que de reconfiguration de sorte que l’on en revienne au précautionneux initial : l’IVG doit demeurer un acte non courant.

Le respect du droit de la femme « à la liberté de son corps » doit se concilier avec l’intérêt de l’enfant à naître, lequel est déjà, sinon une personne, à tout le moins un être qui est là et qui attend. Et, au-delà, avec l’intérêt général : la pérennité de notre nation … C’est à la puissance publique de mettre en place les mesures d’accompagnement – matérielles et autres –, de sorte que nos compatriotes fassent le choix de la vie. En 1967, Michel Debré, alors ministre de l’Économie, souhaitait 4 enfants par foyer. Cela avait, à l’époque, interpellé, voire suscité l’ironie, car alors la France avec le « baby-boom » d’après-guerre n’avait pas de souci à nourrir sur son avenir en tant que communauté identifiée. Nous sommes, de nos jours, loin de cette heureuse période. Il appartient aux gouvernants de refaire de la natalité une priorité nationale, comme leurs devanciers ont su le programmer au cours des années 40.

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Comments (3)

  • Laure Tograf Répondre

    La “liberté de son corps” pour une femme qui ne veut pas d’enfant -même transitoirement- est de faire en sorte de ne pas se retrouver avec un polichinelle dans le tiroir. Pour cela il existe un moyen sain, quasi gratuit et qui protège des mst en plus : l’imposition, avant la saillie, du préservatif. Et si le fornicateur n’est pas d’accord,refus de l’acte. Après tout, comme disent les africains, “moi, ce n’est pas boutique mon cul” – surtout quand il faut payer-, avant ou après comme le chantait si bien le grand Jacques Brel.

    21 juillet 2022 à 0 h 59 min
    • Gérard Pierre Répondre

      Quand j’étais petit, j’entendais parfois ma grand mère dire à quelques grandes personnes de son entourage :

      « Quand le boulanger ne met pas de pâte au four, il est au moins sûr de ne pas avoir de pain ! »

      … et je ne comprenais pas que ça fasse rire ces dames et demoiselles ! … ça me paraissait tellement évident !

      Ce n’est que, … plus tard, … que j’ai compris le sens de cette « parabole » !

      21 juillet 2022 à 15 h 52 min
  • Gérard Pierre Répondre

    La France des prétendus Droits de l’Homme est dans une attitude plutôt singulière !

    Si, comme la plupart des biologistes du monde entier,… (quelles que soient leurs orientations spirituelles ou philosophiques, voire religieuses), … on reconnaît enfin que le fœtus est un Être Humain dès sa conception, alors, la LOI Badinter de six mots, votée en 1981, s’applique ici STRICTO SENSU !

    « LA PEINE DE MORT EST ABOLIE »

    C’est pourtant clair ! … Elle ne mentionne aucune limite à son champ d’application ! … Elle ne prend même pas la peine de préciser qu’elle s’applique, … notamment, … à celles et ceux qui ont, aupréalable, commis des crimes !

    Donc, cette loi est applicable à l’ensemble des Êtres Humains, … NÉS OU À NAÎTRE !

    Qui va saisir le Conseil Constitutionnel pour recadrer cette restriction juridique NON ÉCRITE ?

    QUI ?

    20 juillet 2022 à 17 h 58 min

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