Eloge de la monarchie

Eloge de la monarchie

Dans le dernier numéro du Choc du mois, consacré à la droite, le journaliste Paul François Paoli déclare que personne ne propose sérieusement la restauration de la monarchie. « Personne » est assez nombreux, à en juger par le nombre d’intellectuels, d’écrivains et de journalistes qui se déclarent monarchistes. Quant au sérieux de la proposition, il suffit de regarder l’Etat du pays après 140 années de République – pour ne remonter qu’aux débuts de la IIIème du nom – pour le mesurer. Est-il beaucoup plus sérieux de continuer à croire à un régime qui nous a conduit à n’être même plus capable de définir notre identité ?

 

La monarchie a créé la nation française, et force est de convenir que cette nation est allée de désillusion en désillusion depuis qu’elle a décapité l’Etat avec le roi. Renan le constatait déjà : « Le jour où la France a coupé la tête de son roi, elle a commis un suicide. » La déchéance de la France s’est tellement accélérée au cours du dernier demi-siècle que l’on est fondé à se demander aujourd’hui si la nation française n’aura pas disparu à la fin du siècle.

L’un des motifs les plus anecdotiques de faire des vœux pour une restauration est fourni par l’actualité récente, qui ne diffère pas de l’actualité ordinaire de la République, à savoir les affaires.

En République, le plus haut échelon de l’Etat, c’est-à-dire son chef lui-même, n’échappe pas aux soupçons d’enrichissement personnel ou partisan : la nuance entre l’un et l’autre n’est d’ailleurs pas fondé, puisqu’en enrichissant le parti, c’est encore son propre intérêt qu’il sert. Le parti est le moyen d’accéder aux fromages.

Il serait naïf de croire que la corruption n’existe pas en monarchie et les exemples sont nombreux de zélés serviteurs de l’Etat qui amassèrent sous l’Ancien Régime une jolie fortune. Mais il est une limite fondamentale à la comparaison : le roi, parce qu’il doit son trône à sa naissance et qu’en général il n’a pas eu à se battre pour le pouvoir – avec des exceptions comme Charles VII, Henri III, Henri IV, voire Louis XIII dans une certaine mesure –, parce qu’aussi son intérêt coïncide avec celui de la France, qui est son patrimoine, n’est pas lui-même susceptible d’être corrompu, comme peut l’être un homme politique visant à devenir chef de l’Etat, ou l’étant devenu.

Nicolas Sarkozy s’est-il naguère laissé circonvenir par la famille Bettencourt ? Pis encore, s’est-il impliqué dans la constitution de sociétés off-shore qui ont contribué dans les années 90 au financement de la campagne d’Edouard Balladur par le biais de rétro-commissions sur des ventes d’armes, avec pour conséquence l’attentat de Karachi (15 morts) ?

L’actuel président de la République n’est jamais que l’homme porté au pouvoir par un parti – il a d’ailleurs largement entretenu l’ambiguïté entre sa fonction de chef de l’Etat, qui en fait en théorie le président de tous les Français, et son souci de garder la main sur l’UMP. C’est un maître politicien, qui connaît toutes les ficelles du jeu partisan et les a utilisé au mieux pour arriver à la place qui est la sienne aujourd’hui. On ne change pas brusquement sa nature, ni son éducation. Il a été éduqué à ce jeu-là et s’il a gagné, c’est qu’il en maîtrisait mieux que les autres les règles sans scrupule.

Le plus brillant des présidents de la République – ce n’est pas ainsi que nous qualifierions Nicolas Sarkozy – consacrera toutes ses forces et son ambition à obtenir le pouvoir et à le conserver. Le plus ordinaire des rois mettra les siennes à faire fructifier son patrimoine, c’est-à-dire à enrichir la France.

Louis Samagne

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Comments (9)

  • Quéribus Répondre

    SVP, lisez "le livre noir de la révolution" (je ne mets pas de majuscule…).

    8 octobre 2010 à 19 h 32 min
  • R. Ed. Répondre

    Oups, je regrette, je me suis trompé d’article.Monarchie et scission de la Belgique – errata humanum est…

    Pardon …

    20 juillet 2010 à 19 h 17 min
  • R. Ed. Répondre

    Mon commentaire en faveur de la monarchie, on dirait qu’il à du mal à passer la CENCURE.

    20 juillet 2010 à 19 h 14 min
  • [email protected] Répondre

    Le plus ordinaire des rois mettra les siennes à faire fructifier son patrimoine, c’est-à-dire à enrichir la France

    "enrichir la France" ou ses barons ??????

    si le roi a ete decapite parce que le français lamda avait FAIM

    pas les barons

    20 juillet 2010 à 12 h 59 min
  • Henri DESPLANCHES Répondre

    Les émeutes de plus en plus fréquentes avec tirs par armes de guerre contre nos forces de l’ordre. Tout cela témoigne de l’urgente nécessité de voir apparaître CESAR. Au train où vont les choses, la France sera bientôt dans l’état où était l’Algérie dans les années 50/60 car, qui osera, ici, chez nous, commander le feu contre les émeutiers et en assumer les conséquences nationales et internationales ? Une révolution couve et son feu devient de plus en plus visible… Gare au mois d’Août.

    20 juillet 2010 à 10 h 47 min
  • Gérard Pierre Répondre
    République ! ! ! ….. ? ? ?
     
     A l’origine ce mot vient du latin res publica « chose publique » et s’orthographiait alors république.
     
       L’intention, certes excusable, des utopistes qui imaginèrent ce type de gouvernement était de faire en sorte que chaque citoyen, détenteur d’une parcelle de la souveraineté nationale, exerce cette souveraineté sans contrainte, en toute impartialité, dans le seul souci de l’intérêt général, par le truchement de l’élection. Par ce moyen, le citoyen confierait à un élu le soin d’exécuter ses volontés dans le seul souci de l’intérêt supérieur de la Nation et, indirectement, de ses habitants.
     
       Les successeurs de ces utopistes eurent tôt fait de reconquérir le pouvoir en constituant des partis politiques qui inversèrent l’ordre des choses. Ils s’intronisèrent directeurs de conscience des électeurs auxquels ils s’adressèrent comme des sachant s’adressent à des apprenant
     
       Hissées aux premiers rangs à force d’allégeances, plus soucieuses d’image que d’authenticité et rompues à la pratique du langage automatique, la plupart des élites politiques étalent leur brillante incapacité à travers diverses promesses électorales à la tenue desquelles aucune d’elles n’est contractuellement tenue.
     
       La dérive étant dès lors aussi prévisible qu’inévitable, nous assistons depuis plus de cent trente ans à toute une série de scandales, depuis l’affaire de Panama et les trafics de la légion d’honneur à la fin du dix neuvième siècle, jusqu’aux affaires actuelles, en passant par celles du bazooka, de l’observatoire, et bien d’autres encore.
     
       Par aveu subconscient, cette médiocratie jusque là représentée sous les traits d’une Marianne hermaphrodite, décida à plusieurs reprises de donner à la porteuse de coiffe phrygienne le visage d’actrices renommées qui ne furent pas précisément des vestales. D’où une évolution sémantique, plus soucieuse de pérennisation phonique que de représentation éthique, que l’on retrouve dans raie publique.
     
       Et pendant ce temps là, lorsque la monarchie est évoquée à nos chères têtes blondes formatées laïques et gratuites, par une sorte de réflexe pavlovien elles nous objectent : « Ah ouais ! … Louis XVI, les privilèges, … ah ben bonjour ! » sans même avoir à l’esprit que dans l’Europe d’aujourd’hui des pays comme le Luxembourg, la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Suède, la Norvège et l’Espagne sont des monarchies parlementaires qui fonctionnent très bien ! Je fais toutefois la différence entre ces pays et la Grande-Bretagne qui est une monarchie constitutionnelle.
     
       Est-ce un hasard si l’imagerie républicaine représente Louis XVI sous les traits et l’allure d’un vieillard ? …… alors qu’il n’avait pas encore 39 ans lorsqu’il monta sur l’échafaud le 21 janvier 1793. Guillotiner un homme jeune est quelque chose d’infamant, … tandis qu’un vieillard chargé de tous les vices ! ! ! … ça passe mieux dans la mémoire collective.
     
       Vivement la restauration de l’Empire. Le …… troisième ! (je sens déjà poindre les inévitables plaisanteries faciles de circonstance mais qu’importe !) et l’extension du Concordat d’Alsace-Moselle à l’ensemble des départements français, Concordat limité à l’Église Catholique, à l’Église réformée (calviniste et luthérienne) et au Judaïsme. Je suis trés clair !
     
       Au bas la raie publique !
     
    20 juillet 2010 à 0 h 59 min
  • ozone Répondre

    Sarkozy donne le coup de grace a la V,il aura fait sortir au grand jour toutes les tares de celle ci.

    19 juillet 2010 à 22 h 25 min
  • Anonyme Répondre

    **** Comment les républiques finissent **** La première république 1792-1804 Célèbre pour la Terreur, le génocide vendéen et la guerre à toute l’Europe, elle finit en mai 1804 par le couronnement de Napoléon Ier et le Premier Empire. La deuxième république 1848 à 1851 L’impossible république conservatrice finit par le coup d’état de Louis Bonaparte et le second Empire. La troisième république 1870 à 1940 Elle se termine par le plus grand désastre militaire de l’histoire de France, le 10 juillet 1940. Et l’avènement de l’Etat français du Maréchal Pétain porté aux pleins pouvoirs par l’assemblée nationale. La quatrième république 1945-1958 Frappée d’instabilité ministérielle chronique, incapable de gérer l’affaire Algérienne, elle finit par le coup d’Etat du 13 mai 1958 de l’armée et le retour de De Gaulle qui fonde la cinquième république. La cinquième république 1958-2010 Frappée d’impuissance par son laxisme généralisée, elle laisse la France se faire envahir par une immigration sans limites, laisse ses finances basculer vers des déficits et endettements monstrueux, elle finit dans les émeutes et l’anarchie grandissante. Elle attend son César qui remette un semblant d’ordre. La femme sans tête ne se remet pas du régicide de ses fondateurs. “Le sang impur abreuve ses sillons.” Troubadour

    19 juillet 2010 à 13 h 15 min
  • La bête blonde Teuton Répondre 19 juillet 2010 à 11 h 24 min

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