Éloge de l’abstention

Éloge de l’abstention

C’est avec un essai aussi concis que percutant qu’Antoine Buéno, auteur remarqué de « Je suis de Droite et je vous emmerde », ou encore d’une « Analyse critique et politique de la société des Schtroumpfs », s’attaque à un sujet étonnamment tabou : l’abstention.

L’idée est claire. Déculpabiliser les éloignés des isoloirs, puis dans un second temps proposer une véritable « éthique de l’abstention ».

Buéno s’attaque sans détour à la démocratie représentative, telle qu’elle s’est installée en France depuis la Révolution de 1789, et en particulier dans sa forme contemporaine, sous la Ve République.

La charge est dure, argumentée, et le constat est sans appel : Les électeurs sont les gogos d’un système bien huilé, où l’on apporte, par le vote, légitimité et moyens à une bande de coquins qui se gavent, sans rien faire pour l’intérêt du pays.

L’auteur propose, pour commencer, une analyse très documentée de la répartition des responsabilités dans la sphère publique, tant sur le plan institutionnel que politique.

Exécutif, législatif, local, national, européen, tout le millefeuille électif fait l’objet d’une dissection passionnante, mais douloureuse.

Il passe ensuite en revue toutes les possibilités de contestation ou de « résistance » au système, en pointant leurs limites, pour finir par démontrer que l’abstention, loin de cette image de désintérêt un peu lâche, peut devenir non seulement un acte hautement citoyen, mais même une véritable force politique, avec un poids propre dans le débat public.

La force du livre réside dans la précision de l’analyse, mais aussi dans l’esquisse d’un certain nombre de propositions concrètes destinées à revitaliser la démocratie directe, qui garantirait, mieux que les petits cénacles de l’élite autoproclamée, les intérêts de la France.

Outre les changements institutionnels qui nous feraient changer de République (il va même jusqu’à proposer, arguments très sérieux à l’appui, de se débarrasser purement et simplement des deux assemblées !), Antoine Buéno lance une idée qui mérite sans doute plus que l’attention.

Sans rentrer dans les détails du projet, qui est très bien présenté dans l’ouvrage, il s’agit d’envisager Internet comme une arme éminemment démocratique, et de l’utiliser comme outil d’agrégation des forces abstentionnistes.

Les perspectives évoquées dans le livre sont, il faut bien le dire, assez appétissantes.

Tous ceux qui se rendent aux urnes avec un enthousiasme modeste seront comblés par cet essai encore une fois très stimulant.

Les autres risquent beaucoup à sa lecture, car la foi respectueuse dans nos institutions ressort passablement ébranlée, et l’on tourne la dernière page impatient de voir venir le prochain scrutin, pour profiter d’une belle journée en famille, loin, bien loin de l’arnaque républicaine.

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Comments (6)

  • HOMERE Répondre

    Tout celà n’est que la résurgence de l’éternel débat qui prends,certes,de l’ampleur,mais qui recouvre l’aversion pour le suffrage et ne propose rien d’autre que la démolition de l’expression des citoyens pour la remplacer par une hypothétique expression numérique dont on connaît la permissivité et la fragilité.
    Rendre le vote obligatoire devient une urgence absolue devant de tels propos !
    Plus de droite, plus de gauche, plus de vote,plus de Sénat,plus de Parlement,plus d’Europe,plus de règles….l’anarchie guette au coin du bon sens…je suis surpris que ce fusse un honorable sénateur qui avance de telle idées….mais le pire n’est jamais loin lorsque le la raison est aux abonnés absents..

    20 mai 2017 à 15 h 05 min
  • Elisabelle Répondre

    C’est un délire médiatique et une profonde erreur de penser que l’abstention favoriserait mécaniquement l’extrême droite en s’imaginant que, par nature, son électorat radical se mobiliserait davantage que ceux des partis de gouvernement. Les dirigeants du F’Haine disent d’ailleurs eux-mêmes que l’abstention est leur principal adversaire.

    Si nous nous autorisons à être factuel , nombreux exemples concrets démentent l’affirmation selon laquelle les scores élevés du FN seraient dus à l’abstention.
    Lors du premier tour des élections municipales de 2014, dans les 110 communes où le Front national obtenait plus de 20 % des suffrages, la participation moyenne fut bien plus élevée (62,33 %) que la participation moyenne nationale.

    Déjà, entre les élections régionales (premiers tours) de 2004 et de 2010, l’abstention explosait de 34,34 % à 48,79 % (+ 14,45 % !), tandis que le vote frontiste désenflait de 14,7 % à 11,42 % des suffrages exprimés (– 3,28 %).

    Entre 2010 et 2015 (toujours aux premiers tours des élections régionales), l’abstention stagnait de 48,79 % à 49,91 % (+ 1,19 %), tandis que le vote FN progressait en flèche de 11,42 % à 27,73 % (+ 16,31 %, soit + 801.759 voix).

    De façon plus générale, aux élections présidentielles, notamment en 2012, le Front national a obtenu de bons scores malgré une faible abstention relative. Et il lui est aussi arrivé souvent de faire de mauvais scores alors que l’abstention était élevée, comme lors des législatives 2012, des régionales 2010, des européennes et des régionales 2004…

    On ne peut faire de plus claires démonstrations qu’il n’existe aucune relation de cause à effet entre l’abstention et les succès électoraux du FN.

    Source : Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Institut français d’opinion publique (Ifop).

    16 mai 2017 à 21 h 18 min
  • Janvier Répondre

    Vous parlez du second tour joué d’avance.
    Pas d’autre choix
    Mais le FN a-t’il tout fait pour gagner ?
    Pas vraiment.
    N’a t’il pas fait son possible pour perdre le maximum de voix dans la dernière ligne droite ?
    Est-ce un parti politique ou est-il un canalisateur ?
    Doutons, on ne peut rien affirmer mais doutons pour le moment
    Quant à l’insoumis en chef, lui, est un canalisateur avéré
    Chacun avait sa partition à jouer dans ce cirque
    Ça vous donne envie d’émarger , soit de vous soumettre ?

    16 mai 2017 à 15 h 24 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    à Athènes s’ abstenir était un crime contre la démocratie et la Cité : il fallait choisir !

    comment un abstentionniste peut il exiger qu’ on lui rende des comptes ?

    16 mai 2017 à 12 h 43 min
    • Janvier Répondre

      Quinctius, on s’abstient parce que le choix “offert” disons, imposé est la négation de la démocratie et qu’on se fiche de nous.
      Vous faites votre marché , le choix propose , légumes pourris, poissons puants, viandes noircies , poulet chloré, pain mou, vous décidez de ne rien acheter.
      La différence, au marché, vous n’achetez rien, vous ne dépensez pas.
      Vous ne votez pas pour cette pourriture, vous payez tout de même.
      À Democratie dévoyée , refus d’émarger

      16 mai 2017 à 13 h 26 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        j’ ai émis un vote ” protestataire ” et si le candidat ” opposé ” avait été un ” insoumis ” j’ aurais voté pour lui !

        16 mai 2017 à 14 h 33 min

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