En domestiquant les éléphants, Sarkozy aide le PS à se rénover

En domestiquant les éléphants, Sarkozy aide le PS à se rénover

C’est avec jubilation que Nicolas Sarkozy pratique l’enlèvement des Sabines : les caciques du PS. Il a nommé six ministres ou secrétaires d’État de gauche.
Ainsi, il a attribué l’important ministère des Affaires étrangères au sémillant Bernard Kouchner. Il a redonné vie à Dominique Strauss-Kahn, ex-ministre de l’Économie et des Finances débouté de la campagne présidentielle, en en faisant le candidat de la France à la tête du FMI. Il a réanimé un autre éléphant, l’ex-ministre de la Culture Jack Lang, en lui proposant de participer à une commission sur la réforme des institutions, ce que ce dernier ne refusera sans doute pas. Il a confié à l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, la direction d’une mission d’étude sur la mondialisation.

Des députés UMP récriminent. Frustrés des postes confiés à des socialistes, ils reprochent à Sarkozy une ouverture à gauche pour laquelle il leur semble qu’il n’a pas été élu.

Au PS aussi, l’émoi est grand. Strauss-Kahn, Lang et Fabius quittent le Bureau national. Celui-ci a prévenu que toute personnalité qui choisira de participer à une commission le fera à titre personnel, et sera suspendue des instances du Parti.

Certains socialistes résistent. Sarkozy sollicita en vain Manuel Valls, député d’Évry : aux fastes du pouvoir, il préfère les chemins caillouteux, mais prometteurs, des luttes internes au PS, dont il brigue officieusement la direction. En offrant des postes prestigieux à des éléphants désespérés par la perspective d’une longue traversée du désert, Sarkozy les discrédite aux yeux des militants socialistes qui se sentent abandonnés, et aussi des électeurs. En les ramenant à la lumière du pouvoir, il les grille politiquement. Cela ouvre les hautes sphères du parti à de nouveaux talents jusque-là masqués par les éléphants qui occupaient l’avant-scène depuis les années soixante-dix. La sclérose menace tout parti, comme toute institution. À cela, un remède souverain : la rotation des élites. Plus que jamais, la politique est un spectacle. L’apparition de nouveaux visages ravivera l’intérêt du public.

En siphonnant la génération des dirigeants socialistes « inventée » par Mitterrand, Sarkozy rend service aux jeunes loups du PS. En obligeant celui-ci à se doter d’une nouvelle équipe dirigeante, il le revigore. Il fait comme ces agriculteurs qui incendient une prairie pour qu’elle reverdisse mieux. Pourtant, Sarkozy ne veut pas la résurrection du PS, mais son agonie…

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Comments (10)

  • laurent Répondre

    Je pense que vous n’avez rien compris, ni M. Lance, ni les auteurs de commentaires. Sarkozi a toujours un coup d’avance sur les autres. Son objectif principal, c’est la reelection dans 5 ans, plus exactement eliminer tout risque de ne pas etre reelu. C’est un assoife de pouvoir. Amadouer (et "tuer politiquement", comme le dit justement M. Lance) les elephants du PS fait partie de la strategie. Kouchner aux Affaires Etrangeres? Il se cantonne a l’humanitaire; tous les dossiers importants sont suivis par Sarkozi personnellement. Le FMI a DSK? Sarkozi recolte la gloire de faire octroyer le poste a un francais, et DSK n’y fera rien qui puisse lui nuire. Faire participer d’autres elephants du PS a des commissions dont es conclusions sont connues d’avance et dont Sarkozi ne prendra que ce qui l’interessera? La belle affaire!

    Au passage, il seme la zizanie au PS, elimine politiquement les elephants, ne restent alors plus qu’une Segolene isolee et quelques jeunes loups bien trop tendres pour lui faire de l’ombre en 2012. Il participe au renouveau du PS? Peut-etre a long terme, mais avec toutes ces peripeties a digerer, le dit PS ne sera surement pas pret pour le concurrencer aux prochaines presidentielles. Franchement, vous voyez un Vals battre Sarko dans 5 ans? Non, M. Lance, Sarkozi ne cherche pas a aneantir le PS; il ne cherche qu’a le desorganiser pour encore 5 ans. Passe ce delai, ils peuvent bien se renouveler, Sarkozi n’en a cure. Et qui sait, un PS renouvele pourrait alors bien servir a le proteger contre un eventuel "dauphin" UMP trop presse a "tuer le pere" (Sarko en sait quelque chose…).

    Toujours un coup d’avance. Il met aujourd ‘hui sa strategie en oeuvre pour 2012. Il commence deja a reflechir a assurer ses arrieres apres 2017. Soyez en surs.

    5 août 2007 à 23 h 57 min
  • Amédée Répondre

    – l ‘illusion du " GRAND PARTI UNIQUE UNIVERSEL " étant déjà démontrée comme fausse par l HISTOIRE

     – Sarko , après méga COCUFIAGE de ses électeurs ( comme je l ‘avais prévu )

      – se  fout le doigt dans ( au choix  ….. )

    –  permettant l’autoVIREMENT des VEREUX et VEROLES  du PS 

     – L ‘autodénonciation des traitres ! ( génial ) il permet effectivement l’apparition d’éléments

    – plus jeunes  

     – moins véreux ( pour l ‘instant ! )   plus dynamiques

    il se crée donc  une FUTURE OPPOSITION PLUS FORTE

     – ALORS  qu ‘il récupère les pourris sur le retour et la dernière pente de leur " carrière "

     C’ EST SON CHOIX  §

       –  DES   VEREUX GOOOOOOOCHE CAVIAR  pour lui ( prets aussi a RETRAHIR )

      – des éléments supérieurs pour Le MODEM  et les résidus de PS

    25 juillet 2007 à 21 h 12 min
  • Albert Répondre

    Dès le lendemain du 2ème tour j’ai écrit ici même qu’après s’être fait cocufier par De Gaulle, puis par Giscard et par Chirac, la droite l’était déjà par Sarko.

    J’ai l’amère satisfaction de voir que de plus en plus de gens me rejoignent

    ALBERT

    24 juillet 2007 à 13 h 06 min
  • EIFF Répondre

    Pour Sarkozy, le danger c’est l’évaporation des voix bleues, par Claude Reichman.

     

     Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy était élu président de la République. S’adressant le soir même à ses partisans réunis salle Gaveau, il avait vu s’envoler au-dessus de lui un ballon bleu. Il pourra sans doute méditer prochainement sur la portée symbolique et prémonitoire de cette image. En effet, M. Sarkozy n’a dû son élection qu’aux cinq millions de voix de la droite de conviction – les voix bleues – car il n’a battu Mme Royal que par un écart de deux millions de suffrages. Si, déçues par un gouvernement largement et inutilement ouvert à la gauche, et dont les mesures annoncées ne comportent aucune baisse des dépenses publiques – ce qui entraînera inévitablement des impôts supplémentaires – ces voix bleues se détachent de M. Sarkozy, celui-ci aura toutes les peines du monde à maintenir son pouvoir.

    23 juillet 2007 à 17 h 28 min
  • DURAND Répondre

    Quand on était enfant , et bien que cela ne vole pas haut , on chantait : " un éléphant ça trompe , ça trompe , deux éléphants ça trompe énormément " .

    La vérité finit toujours par sortir de la bouche des enfants .

    22 juillet 2007 à 13 h 16 min
  • Olivier Répondre

    Pour Grutjack : en effet, on peut se poser la question à première vue. Rien n’obligeait Sarkozy à prendre des ministres socialistes. Mais il faut pour le comprendre voir que ce que Sarkozy a dit et promis pendant sa campagne N’A STRICTEMENT AUCUNE SIGNIFICATION. Ce n’était, comme tous les propos de campagne, que pure manoeuvre destinée aux imbéciles de votants, éternels cocus de toutes les élections (je pense à la tête des électeurs de droite qui pensaient enfin tenir un vrai homme politique de droite, il doivent se sentier grotesques, et ils le sont en effet).
     Il faut raisonner en terme de système : les politiciens que nous voyons à le TV ne sont que les membres d’une même caste qui s’échange et se partage le pouvoir, et applique des décisions prises ailleurs que dans les milieux constitutionnellement dévolus à cela (parlement). Si vous vous fiez à ce que vous montrent les médias, vous n’arriverez jamais à comprendre quoi que ce soit. Sarkozy va poursuivre la politique mondialiste et fédéraliste déjà engagé depuis des décennies par l’oligarchie, et il n’y a pas lieu d’en être surpris puisqu’il en fait partie depuis toujours. Il va donc trahir systématiquement tout ce qu’il avait promis : il avait dit qu’il serait de droite sans complexe… et il va gouverner avec des socialistes pour faire une politique de centre gauche; il avait dit que la constitution européenne ne serait plus d’actualité… et il la remet en place (sous forme d’un pacte qui reprend en susbtance presque tout de la constitution) en s’asseyant cyniquement sur une décision du peuple français (référendum de 2005); il avait dit qu’il arrêterait ou diminuerait l’immigration… et il va la relancer en promouvant "l’immigration économique" tout en continuant à admettre l’immigration clandestine, etc.

    21 juillet 2007 à 16 h 44 min
  • guy29 Répondre

    ses amis politiques sont tellement nuls qu’il est bien obligé de prendre dans l’autre camp les compétences qui lui font cruellement défaut,

    21 juillet 2007 à 10 h 09 min
  • ericson Répondre

    et il desepere aussi les electeurs de droite comme moi qui se demandent quelle est la difference entre la droite et la gauche.

    vous pouvez m’expliquer a quoi ca sert d’aller voter ?

    20 juillet 2007 à 14 h 58 min
  • grutjack Répondre

      J’avoue n’avoir pas bien compris l’intérêt de la politique d’"ouverture" de Sarkozy. Voilà un homme qui a été très nettement élu Président et qui, au lieu de porter son équipe au pouvoir, comme cela se fait dans tous les pays démocratiques, ne songe qu’à débaucher les ténors de l’opposition. Il désoriente ainsi son électorat et déçoit fortement bon nombre de ses compagnons de lutte qui se voient préférer pour les hauts postes …des vaincus.  Les chefs de gouvernement font parfois appel à l’opposition ou à des personnalités neutres en cas de force majeure. Mais le choix d’un Bernard Kouchner aux Affaires Etrangères s’imposait-il vraiment ? Bien sûr, les intimes de Sarkozy nous disent avec un clin d’oeil qu’on ne doit pas s’en faire, que la politique étrangère se fera à l’Elysée. Kouchner, on le surveillera étroitement. Mais si Kouchner n’a droit à aucune initiative, à quoi bon l’avoir nommé ?  On dit aussi que Sarkozy veut "déstabiliser" la gauche. Dans quel but ? A moins qu’il n’aspire à devenir dictateur, il devra faire face un jour ou l’autre à une opposition. Si le PS est détruit, ce sera autre chose.

       Sarkozy a brillamment  gagné l’élection présidentielle parce que, surtout en fin de campagne, il a tenu des propos extrêmement nets et courageux sur des questions brûlantes (par ex. sur les banlieues : Je ne regrette pas d’avoir parlé de "racailles" ou encore "La Turquie n’est pas européenne, la Turquie n’a pas sa place en Europe"). Mais ces promesses courageuses, Sarkozy va-t-il les tenir ? Il semble bien  aujourd’hui que non. Aussi la politique d’"ouverture" n’est peut-être que la manoeuvre de diversion d’un homme un peu surpris lui-même par l’ampleur de son succès et qui ne sait pas très bien ce qu’il va en faire.  Comme avec sa croisière de luxe, il cherche à étonner, à épater la galerie. Il adopte un style tout à fait nouveau, mais cela tient du spectacle, non de la véritable politique.

     

    20 juillet 2007 à 8 h 32 min
  • augusto p. Répondre

    c est un point de vue
    et si sarko n était en fait qu un socialiste de droite….. on comprendrait aussi

    19 juillet 2007 à 16 h 24 min

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