En route vers la Perestroïka à la française !

En route vers la Perestroïka à la française !

Jacques Chirac est une nouvelle fois intervenu pour empêcher qu’une initiative parlementaire remette en cause la loi socialiste sur les 35 heures nonobstant un rapport parlementaire qui en détaille la nocivité, et une majorité de députés acquis à l’idée de la réformer. On a donc compris qu’avant comme après les élections régionales du mois dernier, le Président de la République s’estime investi du rôle historique de sauvegarder tous les avantages acquis, qu’il serait d’ailleurs plus juste de dénommer des privilèges. Exactement comme son prédécesseur François Mitterrand…

Dans ces conditions, les grandes réformes que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin dit vouloir promouvoir au cours du prochain mois, en tête desquelles celles du financement de l’assurance maladie, ne peuvent être que des replâtrages, du type Perestroïka.

Encore celle-ci eut-elle le mérite de commencer par la glasnost, c’est-à-dire la « transparence de l’information ». En France, en 2004, la glasnost a encore beaucoup de progrès à faire.

À peine arrivé à Bercy, Nicolas Sarkozy, nouveau ministre de l’Économie et des Finances, tient des propos d’un parfait bon sens sur la nécessité pour l’État de gérer ses finances en bon père de famille, sans vivre perpétuellement à crédit. Il avertit les Français qu’il y aura des ventes d’actifs pour rembourser les dettes de la France et il n’exclut même pas que l’État puisse vendre une partie du stock d’or de la Banque de France, autant dire ses bijoux de famille.

Dans une telle circonstance et après de tels propos, on s’attendrait à ce qu’un bilan sincère du patrimoine de l’État soit rapidement élaboré et publié. On en parle depuis vingt ans. Mais l’État, en France, contrairement à ce qu’il se passe dans la plupart des autres pays développés, est toujours dans l’incapacité d’établir un simple bilan, avec son actif et son passif.

Certes, l’exercice n’est pas simple. Il suppose une évaluation financière de quelque 30 millions de mètres carrés de bureaux et de plusieurs millions d’hectares, comme de milliers d’œuvres d’art. Mais beaucoup de pays y sont parvenus, certains depuis de longues années, comme le Canada et la Nouvelle-Zélande. Si on n’y parvient pas en France, ce n’est pas tant parce que c’est compliqué, mais parce que cela fera apparaître que la vraie dette est beaucoup, beaucoup plus élevée que ce qui est dit.

Comme Gorbatchev

On nous bassine avec les fameux critères de Maastricht. La dette publique de la France (non seulement celle de l’État mais aussi celle des collectivités territoriales et des entreprises publiques), selon eux, ne devrait pas dépasser 60 % du Produit intérieur brut. Or, nous étions à 64 % au 31 décembre dernier, et nous serons bientôt à 67 %. En valeur absolue, cela fait plus de mille milliards d’euros. C’est à la fois une somme énorme et un chiffre qui ne parle à personne. On comprend mieux quand, la rapportant à chaque citoyen français, bébés compris, on arrive au chiffre de 16 000 euros.

Mais cette dette – qui fait dire à Maurice Druon « Le bateau coule » – n’est, elle-même, que la partie visible de l’iceberg. Le jour où l’État arrêtera son bilan, il lui faudra bien établir des provisions pour payer les pensions de retraite de ses fonctionnaires. Ce qu’actuellement, il ne fait absolument pas. Selon une évaluation très conservatrice de la Cour des comptes, en 2003, ce sont encore 700 milliards d’euros qui apparaîtraient dans la dette publique. En toute rigueur, il faudrait aussi faire apparaître dans

les comptes des entreprises publiques comme EDF, SNCF ou Charbonnages de France, des provisions sincères pour les charges de retraite à verser à leurs collaborateurs et anciens salariés. La dette publique réelle est sans doute au moins deux fois plus importante que ne l’indiquent les chiffres officiels…

Dans son ouvrage « Des lions menés par des ânes » (édité par Robert Laffont), l’économiste Charles Gave estime que 40 % des emplois en France relèvent d’un secteur à caractère communiste, tandis que 60 % relèvent du secteur de la production capitaliste. La réforme consisterait à faire reculer les frontières de la production communiste au profit de la production capitaliste. Mais cela est strictement impossible, selon Charles Gave, car 100 % du personnel politique est lui-même issu du monde communiste : celui-ci a en effet réussi l’exploit de contrôler la totalité des leviers de commande, tant dans la politique que dans le monde culturel, lequel ne vit, pour l’essentiel, que grâce aux subventions accordées par les hommes politiques.

Dans certains pays, les systèmes publics déficients ont pu être réformés par des hommes politiques qui étaient issus de la société civile et non pas du sérail de la sphère publique. Les hommes politiques français, tous issus de la classe technocratique, ou bien ses complices, ne sont pas en mesure de mener les réformes nécessaires. D’ailleurs, contrairement à M. Gorbatchev, ils ne les souhaitent même pas…

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Comments (12)

  • Merat Jacques Répondre

    Je viens de lire sur le site de l’ambassade de France aux Etats Unis, qu’environ 30 % de la dette ( c’est à dire nos prêteurs )étaient des non-résidents en France, en 2002. Qui peut me préciser la structures des prêteurs de la dette publique en 2004 ou 2003. Un ancien commissaire au plan, disait dans La Croix que cette dette n’était pas très dangereuse car elle serait plutôt franco-française ! Si l’on admet qu’aujourdhui,que chaque Français, y compris le nourrisson doit en naissant 17000.00 €, cela veut dire que notre dette est totalement externe. Où est la vérité? Merci pour toute réponse. Jacques MERAT

    11 mars 2005 à 15 h 47 min
  • gorgouloff Répondre

    Tous les dirigeants et les autres….(hauts fonctionnairs et personnes informées et de bon sens ,savent qu’il est d’ore et déja trop tard , la croissance sera négative et les politiques de tous bords ne souhaitent avoir la place que pour satisfaire leurs interets personnels et donner de faux espoirs au électeiurs,nous sommes au meme stade que l’Argentine ,mais grace au masque de l’euro….on peut calmer les gogos pendants quelques mois encore….. JGorgouloff

    3 juillet 2004 à 13 h 24 min
  • Adolphos Répondre

    Christophoros : dans les pays pauvre les enfants sont nécessaire à la survi et à la retraite. Donc on en produit beaucoups qui partent le plus vite possible travailler, et qui plus tard permettront à leur pére de vivre.. Dans les pays riches les enfants sont d’un cout beaucoups plus important et ne sont pas capable de travailler rappidement, étant donné la complexité relative de nos économie. Bref, les enfants sont un investissement, mais ceux des pays riches sont du haut de game, ceux des pays pauvres du préfabriqués. On comprend donc pourquoi une croissance soutenue influence dans les pays riche la démographie : le capital augmente.

    30 avril 2004 à 2 h 14 min
  • christophoros Répondre

    A Jef, en langage technocratique le “seulement que le rapport nombre de personnes agées/jeunes grandit” signifie, entre autres, que certaines régions françaises autrefois vivantes ne sont plus peuplées que par des retraités français et européens, que l’on manque de médecins l’été pour faire face aux conséquences de la canicule à Paris, que les cinquantenaires ont et auront à supporter financièrement à la fois leurs grands enfants ( peu nombreux mais à études prolongées) et leurs parents souvent invalides … Je dois dire qu’à côté de cela les considérations sur l’écosystème et la population mondiale… Cordialement,

    29 avril 2004 à 21 h 16 min
  • R. Ed. Répondre

    Selon une étude inconséquente,d’ici à 2025 l’Europe doit accepter 150 millions d’émigrés dont 25 millions en France (pas des Canadiens ou des Australiens,mais des Africains et des Asiatiques)pour pouvoir continuer à payer les retraites et à faire fontionner le système .Combien de millions de personnes en plus pour payer les retraites à la génération suivante ? On scie la branche sur laquelle on est assis mais cela vaut aussi pour ceux qui en tirent profit.Riches ou pauvres on est tous sur la même branche. La montée exponentielle de la surpopulation va engendrer des confilts de plus en plus destructeurs pour la raison de l’espace vital.Nous sommes des mammifères et comme tels nous avons besoin d’un territoire.On va finir par se retrouver en batterie ,comme les poulets ,à la différence que eux ils n’y passent que 3 semaines !3 milliards d’individus,6 milliards d’individus,bientôt 12 ,ensuite ???? Il y en a et beaucoup qui disent qu’il y a de place pour tout le monde et bien il est temps qu’ils retournent à l’école pour apprendre à compter !

    29 avril 2004 à 10 h 06 min
  • Jef Répondre

    En réponse à christophoros: Et Alors? Quelle importance si la population “vieillit” ? Ce qui je le rappelle, signifie seulement que le rapport nombres de personnes agées/jeunes grandit. Est ce que tu pense vraiment que la terre peut supporter les 6 milliards de personnes sur sa surface et plus encore? Si les démographes ont tiré la sonnette d’alarme, c’est surtout parce que nous avons atteint un seuil critique, sueil à partir duquel nous commençons à appauvrir l’écosystème, lequel ne se régénère pas assez vite par rapport à nos besoins. Concernant l’article: Je partage la plupart des points de vue exposés. Je regrette seulement qu’il y ait parfois quelques raccourcis “simplistes”. Par exemple la partie sur l’ouvrage de Charles Gave: les estimations semnlent un peu “faciles”. Et puis qu’appelle t’il exactement “un secteur à caractère communiste” ?

    28 avril 2004 à 9 h 57 min
  • Sous-Commandant Marco Répondre

    Globalement d’accord avec l’analyse de M. Dumait. Ce qui manque le plus en France, c’est la transparence des comptes publics. Nos énarques cultivent le goût du secret, au nom de la technocratie, c’est à dire du fameux adage “on sait mieux que vous ce qui est bon pour vous, alors laissez-nous faire.” Il faut sortir du cercle vicieux dans lequel la France s’est engagée depuis l’arrivée au pouvoir de la technocratie et ses complices (syndicats du secteur public, hauts fonctionnaires, dirigeants des grandes entreprises nationales…) Les gaspillages, privilèges et corruption de la sphère publique grèvent les finances de l’Etat, ce qui fait augmenter les impôts, ce qui réduit l’activité créatrice de richesses (la plus lourdement imposée), ce qui provoque une hausse du chômage, donc une augmentation de l’intervention de l’Etat (35h, SMIC, multiples aides à l’emploi, etc…), donc une hausse des dépenses publiques opaques, donc de la corruption et du clientélisme, et hop, retour à la cause départ. En résumé, l’Etat pompier amateur cherche à éteindre les incendies allumés par l’Etat pyromane, mais en gaspillant l’eau à grande échelle. Par où commencer? Il faut mettre un terme aux gaspillages de l’Etat, au premier rang desquels figurent les aides à l’emploi (estimées à 280 milliars de francs par an, je crois bien). Pour ce faire, il faut appeler le peuple à l’aide en faisant la pleine lumière sur l’énormité des gaspillages et de la corruption que ce système engendre. Exemple: les fonctionnaires de l’Arsenal de Toulon ont détourné plus d’un milliard de francs en 10 ans. On s’est rendu compte que les prix pratiqués par l’Arsenal étaient jusqu’à 100% plus élevés que ceux de la concurrence privée. Silence radio à peu près partout, les gendarmes qui enquêtaient gentiment priés d’aller exercer leurs talents ailleurs, les syndicats invoquent la sacro-sainte défense de l’emploi pour justifier les écarts de prix, bref les anti-corps habituels. Il faut bien comprendre que l’argent ainsi dépensé ou gaspillé n’est pas perdu pour tout le monde.

    27 avril 2004 à 15 h 16 min
  • Christophoros Répondre

    En réponse à Adolphos : si tel est le cas, pourquoi alors les pays pauvres ont-ils un taux de natalité supérieur à celui des pays riches ? sans parler des disparités au sein d’un même pays ( ex Israel taux de natalité des orthodoxes et des laics ? ).Par ailleurs, pour illustrer le désastre démographique français, Le Monde du 27 avril p.11 , en France taux de natalité des femmes nées en Afrique subsaharienne ; 2,8 enfants/f, femmes nées en France ( sans distinguer l’origine ethnique ) : 1,6 enfants/f. (Chiffres Institut National d’Etudes Démographiques ) Cordialement.

    26 avril 2004 à 20 h 53 min
  • Stephane Erler Répondre

    L’argument de M. Christophoros peut facilement etre incorporé a l’analyse de M. Dumait. La demographie baisse partout dans le monde lorsque le niveau de vie s’eleve. En soi, ce n’est pas un probleme si c’est le choix d’individus libres et responsables. Par contre, au niveau d’un pays au fort niveau de prelevements obligatoires comme la France, le vieillissement de la population et la dette grandissante conduisent droit dans l’impasse. En effet, s’il est parfois judicieux d’avoir des dettes etant jeune pour faire un investissement (immobilier ou bien monter une entreprise) qu’on paiera avec le fruit de son travail, il est clair qu’avec l’age de la retraite vient le moment de payer ses dettes pour vivre des revenus de son capital (avec peu d’enfants, on ne peut pas vivre que de leurs transerts!). Sinon, avant que la mort n’arrive, les creanciers exigeront des interets de plus en plus eleves a cause du risque qu’ils courent, ou bien il faut vendre ses actifs pour rembourser. La France est donc dans une situation paradoxale et dangeureuse de vieillir de plus en plus endettée, avec de moins en moins d’actifs (grace aux privatisations successives) et en continuant de promettre monts et merveilles en termes de retraite et de santé a ses citoyens. La demographie va accentuer la crise causee par la dette, mais n’est pas l’origine de la crise. Autrement, il suffirait d’ouvrir grand les portes de l’immigration pour pallier a notre deficit de naissances, comme le pense la gauche.

    26 avril 2004 à 10 h 34 min
  • Adolphos Répondre

    Un pays avec une économie qui fonctionne bien est aussi un pays ou la démographie est forte, car les adultes ont confiance en l’avenir et ont les moyens financiers d’élever des enfants. Donc, l’économie, ca compte.

    25 avril 2004 à 13 h 50 min
  • R. Ed. Répondre

    Et bien jeune homme, c’est très simple ! Place aux jeunes . Les “vieux”(à partir de trente ans ?).Et oui, pour un gamin de dix ans un homme de trente ans est un “vieux con”.Donc pour les très vieux appliquons la solution batave !La belge aussi :l’euthanasie !Ne pas confondre avec Etat Nazi .Mais pas aux riches,aux autres,à ceux qui coûtent !En France c’est encore considéré comme un assassinat,pour l’instant,mais un peu de patience,cela changera .Pour l’instant on se contente encore d’une petite “poussette”.Le coût des médicaments ? Appliquons la solution de l’armée. Un remède pour tous les maux: l’aspirine !

    25 avril 2004 à 10 h 52 min
  • christophoros. Répondre

    Encore une fois, messieurs, vous vous focalisez sur l’économie et les finances qui ne sont finalement que des épiphénomènes et non sur ce qui est le plus important et ce qui, à mon avis, induit tout le reste ( économie, sociologie, culture, etc … ) la démographie. Pourquoi ? Parce qu’il est désolant de constater que les orientations prises en 1967 ( loi Neuwirth ) et en 1975 ( loi Weil ) portent en elle-même le germe d’un déclin inéluctable. Le déficit, la dette cela n’a finalement aucune espèce d’importance, ce qui est dramatique est que la France va devenir un pays de vieux, voire de très vieux…

    24 avril 2004 à 22 h 14 min

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