Entre collectivisme et anarchie, vive la subsidiarité !

Entre collectivisme et anarchie, vive la subsidiarité !

Il est clair qu’une large partie des électeurs qui se sont exprimés lors de la dernière présidentielle ont manifesté leur vœu d’une plus grande protection de nos frontières. Qu’il s’agisse du protectionnisme économique ou de la régulation des flux migratoires.

Quelques jours avant le premier tour, et comme un avant-goût de cette tendance lourde politique, paraissait, chez Muller, la maison d’édition « sœur » des « 4 Vérités », un livre de Gérard Frémiot, préfacé par l’ancien eurodéputé souverainiste Paul-Marie Coûteaux, et intitulé : « L’État : le grand retour ? ».

Cet ouvrage a le grand mérite d’oser poser nettement une question que tout le monde sent « flotter » dans l’air du temps, sans trop vouloir s’y confronter.
La thèse de l’auteur est simple (même si elle est bien plus nuancée que mon résumé brutal !) : la France a été constituée par un corps de légistes depuis le Moyen Âge jusqu’à De Gaulle, en passant par le centralisme napoléonien.
Et, depuis 1968, sous la double poussée des anarchistes à gauche et des libéraux à droite, l’État a été délégitimé méthodiquement, privant la France de ce qui faisait sa grandeur et les Français de ce qui les protégeait.
Cette thèse me paraît fort intéressante.

Il me semble difficilement contestable que la France a été, essentiellement, une création de l’État français. Sans le roi capétien et ses juristes, la France n’aurait jamais vu le jour ; elle n’aurait été qu’une myriade de féodalités. Et, aujourd’hui, la France explose, prise entre le fédéralisme européen et les visées centrifuges de régions de plus en plus autonomes, financièrement plus puissantes que l’État, en lien direct avec Bruxelles, et dotées d’une fonction publique et d’une fiscalité parallèles à celles de l’État.

Il me semble aussi difficilement contestable qu’il existe des convergences, parfois surprenantes, entre libéraux de droite et libertaires de gauche, pour ruiner toute espèce de contrainte – et donc, à terme, toute vie sociale.

Par ailleurs, personnellement, je ne suis pas hostile par principe au protectionnisme. Je considère que nos dirigeants (que ce soit au niveau national ou au niveau européen) ont fait preuve, au cours des dernières décennies, d’une effarante et criminelle naïveté. Je ne vois aucun impératif qui justifierait que nous soyons tenus d’ouvrir nos frontières à des produits étrangers, alors que les pays producteurs nous ferment leurs propres frontières. Et je vois moins bien encore pourquoi nous serions obligés d’accueillir des populations que nous n’avons plus les moyens d’intégrer.
Bref, la frontière n’est pas le mal absolu !

Cependant, l’étatisme n’est pas une réponse appropriée à nos problèmes.
Et, d’abord, je doute fort que l’État français de 2012 soit de même nature que l’État capétien.
Le problème, c’est que l’État s’occupe de ce qui ne le regarde pas (de notre santé, de culture, de l’éducation de nos enfants…) et ne s’occupe plus de ses missions propres : on dépense des milliards (le plus souvent en pure perte) en « politique de la ville », en « politique du logement », ou en « politique de la relance ». Et on n’a plus un sou pour assurer notre défense, notre sécurité, notre justice ou notre diplomatie !

Plutôt que cette oscillation suicidaire entre abolition totale des frontières sans prise en compte de la situation du monde actuel et collectivisme soviétique, la bonne réponse réside dans le principe de subsidiarité. Mais, naturellement, le vrai principe de subsidiarité, pas celui de Bruxelles, qui estime que les États ne peuvent s’occuper que des dossiers qui n’intéressent pas la Commission ! Parado­xalement, cette « anti-subsidiarité » préside aussi à notre décentralisation jacobine, si je puis dir, où l’État con­cède aux collectivités locales les missions qu’il ne veut plus effectuer.

Les décisions doivent être prises au plus près de ceux qu’elles concernent. Voilà ce qui permet de conserver à la fois la légitimité de l’État (et donc aussi le rayonnement et la grandeur de la France), les libertés locales (et nos libertés, à nous aussi). Quant aux frontières, nous ne voulons ni passoire, ni bunker, mais simplement la maîtrise de notre destin. Précisé­ment, ce que le collectivisme contemporain, doublé d’anarchisme, nous interdit.

Gérard Frémiot
L’État : le grand retour ?
Muller édition

120 pages – 13,50 €
À commander auprès de
notre service abonnements
(+ 4 € de port)
(4 Vérités-DIP 18 à 24, quai de la Marne 75164 Paris Cedex 19)

Partager cette publication

Comments (3)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    À quand l’axe Paris-Pyongyang?

    1 juin 2012 à 9 h 13 min
  • François Répondre

    " L’état s’occupe de ce qui ne le regarde pas et plus de ses missions propres".
     EXACTEMENT!
      Et c’est probablement la source de nos maux. ( Sans parler de ce que c’est A COUP SUR la source de nos impôts confiscatoires)…

    31 mai 2012 à 14 h 20 min
  • greg Répondre

    Où voyez vous des libéraux en France ?

    31 mai 2012 à 13 h 16 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *