Football : à quoi sert l'argent du contribuable ?

Football : à quoi sert l'argent du contribuable ?

 

Construire des stades de football avec l’argent du
contribuable
, exonérer les clubs d’une partie des charges sociales (au nom de la concurrence européenne), faire des footballeurs  des
exemples à suivre par la jeunesse
, voilà à quoi cela aboutit :

 

“Jérôme Jessel, grand reporter à VSD, est l’auteur d’ouvrages sur les dessous du foot tels que Sexus footballisticus (éditions Danger public) ou La Face
cachée du foot business (Flammarion) coécrit avec
Patrick Mendelewitsch.

 

Avez-vous été étonné des
révélations faites dans le cadre de l’affaire Ribéry ?

Non, ce sont des choses qui
ont cours dans le monde du football. Cette consommation frénétique de jeunes femmes, prostituées ou non, est une constante. Ce sont des jeunes gens qui ont entre 20 et 30 ans,
des sportifs de haut niveau en pleine possession de leur force physique, qui ont une libido plus développée que la moyenne.

S’y ajoute – mais je ne dis
pas que c’est le cas ici, ou que c’est toujours le cas – le rôle que peut jouer le dopage. Dans mon livre Sexus footballisticus, je révèle le cas d’un sportif de haut niveau qui
avait besoin d’honorer sa femme neuf fois par jour : il avait développé une hypersexualité parce qu’il était dopé…

Est-ce que cette affaire ne
montre pas aussi le rôle joué par l’entourage des joueurs ? L’enquête menée par la brigade de répression du proxénétisme met en lumière le rôle d’un intermédiaire entre les clients et les
prostituées…

Bien sûr : les footballeurs
sont des gens qui ont beaucoup d’argent et qui sont des consommateurs effrénées avec de nombreux besoins : ils veulent la montre, la voiture, l’appartement et, de la même manière, les filles…
Comme ils ont ces besoins, on leur propose ces services : la demande crée l’offre.

On a l’impression d’un système
préétabli…

C’est
institutionnalisé.
On sait que les footballeurs aiment bien aller voir les filles, donc on leur permet de le faire. Pour eux, ces amours tarifées permettent une plus grande
confidentialité : pas d’enfants dans le dos, pas de chantage
. Et puis, pour certains dirigeants, le fait d’avoir affaire à des réseaux bien déterminés, ça permet de contrôler, de savoir
où ils sont, d’éviter qu’ils partent la fleur au fusil…

Là, l’affaire éclate au grand
jour parce que c’est une mineure et il y a une judiciarisation. Si ç’avait été une prostituée majeure, il n’y aurait pas eu d’affaire.

Les clubs ne portent-ils pas
une part des responsabilité dans cette dérive ?

Bien sûr, les
dirigeants sont au courant. Les journalistes observateurs sont au courant. Alors comment les dirigeants ne seraient-ils pas au courant ?

Pensez-vous que le grand
public ait été étonné par ces révélations ?

Oui, ça peut constituer une
surprise. Contrairement à une rock star, ils ne doivent pas consommer de drogue et sont tenus d’avoir une vie saine et d’être exemplaire. En tout cas, ce sont les valeurs que
veut véhiculer le sport. Mais il ne faut pas leur donner un rôle plus important que celui qu’ils peuvent assumer.

Surtout que nous,
médias, et je m’englobe dedans, nous avons une responsabilité collective car nous avons élevé ces footballeurs au rang de demi-dieux, alors que ce ne sont que des hommes avec leur
grandeur et leurs travers.
Résultat, ils se sentent comme des demi-dieux. Chaque matin, on leur dit qu’ils sont les meilleurs, les plus beaux. Ils ont beaucoup d’argent, peu
d’éducation, se sentent tout-puissants… C’est un cocktail explosif.

Quelle suite aura, selon vous,
cette affaire ?

Dans ce type d’affaire, la grille intéressante c’est l’impact sur la performance sportive. Regardez Thierry Henry : en plein divorce, il voit ses performances sportives décliner. Il le reconnaît lui-même. Pour Ribéry, on peut imaginer
que ça va lui être difficile de faire le vide et de retrouver le niveau qui est le sien. Il est quand même la cible d’une enquête et est soumis à une immense pression médiatique. C’est quand même
la star des Bleus.” Le Monde

 

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