France, rendors-toi !

France, rendors-toi !

Tout le monde l’a dit, le grand perdant du premier tour est JMLP. Le premier tour de l’élection de 2002 fut marqué par l’ascension de Le Pen, le premier tour de 2007 par le crépuscule du vieux. L’élection de trop ? La faute à Marine, à une mauvaise campagne ? Je ne le crois pas. Les causes sont plus graves, plus anciennes, et nous devrions un jour voir le nénuphar déborder sur les rives de la mare.

Le 4 octobre dernier, je publiais un texte intitulé “La France cool et l’extinction du lepénisme”. Je prévoyais une dure leçon aux présidentielles pour le Front National. Je prévoyais parce que je voyais, non pas dans une boule de cristal, mais dans la rue, ce qui se passait autour de moi. Et dans la rue je constatais que, comme dans un conte fantastique, la France avait disparu physiquement et culturellement.

Où que ce soit, les Français ont été remplacés ou réduits à la portion congrue. À Paris, dans le Marais, à Belleville, à Barbès, à Passy, et même dans le septième arrondissement, celui des noms de famille à particule. En Bourgogne, en Provence, en Dordogne, les Anglais, les Hollandais, les Allemands sont venus peupler nos campagnes devenues les nouvelles prairies de l’ouest. Sur la Côte d’Azur, on parle russe, italien, flamand, on ne parle surtout plus avec l’accent. Le peuple de Pagnol ou d’Alphonse Daudet a été déporté grâce aux opérations immobilières dont j’ai déjà parlé. Il a dû aussi se métisser, comme on dit. Sous la pression des événements, il a été absorbé par le Moloch du métissage forcé. À Menton, tous les petits retraités sont morts, et leurs enfants ont vendu au plus offrant, eux qui laissèrent mourir leurs ancêtres au cours d’une fameuse canicule.

En ce sens il ne faut pas trop se formaliser du mauvais score du Front national : il ne fait que refléter la disparition du facteur français dans une élection censée se passer en Hexagonie, c’est-à-dire comme dirait Jarry, nulle part. Les bombes à retardement de l’époque giscardienne, l’immigration et l’Europe, ont fini par avoir raison du vieux pays contestataire.

Mais Jean-Marie Le Pen a quand même eu un bon mot au soir du 22 avril : les Français sont contents. Ici aussi, un simple empirisme de terrain m’avait dessillé : en mars, j’écrivais un texte sur Bayrou et les bobos. J’avais rencontré deux ans auparavant, quelque part entre le Chili et l’Argentine, une bande de néo-vieux tous trekkers et ingénieurs, et qui rêvaient de Bayrou. Ils rêvaient de Bayrou, avec leur bonne culture démocrate-chrétienne, et ils se foutaient du reste. Le RPF adapté à la sauce post-moderne ou post-historique ou même post-humaine, anthropoïde presque, a de beaux jours devant lui.

Ces bobos d’origine bourgeoise et catho sont de la même nature que les jeunes pousses que l’on voit dans la rue sur la Côte ou à Paris : ils aiment se maquiller, s’habiller Dolce Gabbana, faire du sport, copier les tenues métrosexuelles et anorexiques de Beckham et sa femme, ou bien les stars de la Star-Academy. Quand ils font de la politique, ils jouent au ségo-sarko comme nous jouions au lego, et ne se posent pas plus de questions. Cette race nourrie à la télé-réalité, aux farines animales et au lifting, n’est pas non plus là pour contester. Elle veut juste le minimum, comme ces Français que j’avais rencontrés à Rio, et qui vivaient du RMI en voyageant, et rentraient l’été pour faire pousser leur cannabis ou renouveler leur chômage.

Cette France boude l’immigration mais la célèbre ; elle déteste la mondialisation mais la copie ; et elle redoute l’État-providence mais ne vit que par lui. Cette France risque par contre de réagir contre Sarkozy, jugé trop facho (et les idiots qui trouvent que la France se droitise !…) et c’est pour cela que je pense que beaucoup le monde, par trouille, va, comme un seul homme, voter pour l’oie blanche, muée en assistante sociale nationale.

Après ? Après, il serait temps de se rendre compte que cette élection dérisoire ne troublera pas l’ordre du monde.

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Comments (13)

  • inconito Répondre

    tout le monde crois au déclin de la flamme nationale, c’est faux

    au contraire les idées de lepen on remporté la campagne, le petit nain fachisant à tout volé aux gros cochon. C la triste réalité contemporaine de notre chère France.

    Honte a vous peuple de la Gaulle

    14 mai 2007 à 10 h 38 min
  • sas Répondre

    A cédric……très bon texte ,sas t’adoube…

    sas

    7 mai 2007 à 12 h 20 min
  • cedric Répondre

    Peut-on imaginer résultats plus navrants que ceux de cette pathétique élection présidentielle française qui a accouché du duel titanesque entre cocu arriviste et simplette démago ?

    Que son cœur soit noir ou rouge, il n’est évidemment pas possible de concevoir plus misérable conclusion.

    Triomphe absolu de l’immobilisme, du conformisme, de la frilosité masochiste, le vote des français est l’acte de décès d’un peuple qui a renoncé à lui-même.

    L’encéphalogramme de la France est plat.

    On reconduit les deux candidats issus du système, fidèles gestionnaires du désastre depuis 30ans, et on encourage l’ectoplasme centriste Bayrou… voilà toute l’énergie dont sont capables des français visiblement pas si mécontents que cela de l’état de leurs pays.

    Tous les voyants sont au rouge vif, la violence physique et économique règne à tous les niveaux, la solidarité n’est plus qu’un slogan, chacun ne rêve que de tricher pour parvenir à écraser l’autre… Mais il reste des bas de laine, des comptes épargne-logement, des petits avantages et de mesquins privilèges…

    Pour sauver ces vestiges d’éphémère confort, les français ont affirmé le 22 avril qu’ils étaient prêts à accepter d’être un peuple de troisième zone, un peuple humilié et repentant, un peuple de dhimmis, soumis tout autant à la pieuvre islamiste qu’au grand capital, prêt à lécher toutes les bottes tant que les propriétaires de celles-ci consentent à les laisser jouir de leurs pauvres hochets matérialistes : drogues, consoles de jeux, voyages exotico-cons et existences meetico-virtuelles…

    Circonstance aggravante de cette dernière bouffonnerie décadente, la mobilisation très forte de l’électorat (plus de 80 pour cent de participation).

    Il n’est donc plus possible de se bercer des douces illusions d’une hypothétique césure entre « pays légal et pays réel » et d’espérer une quelconque réaction d’une « majorité silencieuse » fantasmée qui serait, miraculeusement, restée pure et vertueuse.

    Dont acte.

     

    Si nous avons des devoirs envers notre terre et nos morts, nous n’en avons plus envers nos compatriotes.

    6 mai 2007 à 9 h 41 min
  • Jaures Répondre

    A Florin: Le Pen est déjà oublié. La droite réac et sécuritaire a toujours existé (rappelez-vous Peyrefitte et son plan "sécurité-liberté" ou l’épisode Pasqua -Pandreau avec son lot de bavures). Le succès de Le Pen ne s’est bati que sur la peur des étrangers: pratiquement personne n’a voté pour son programme économique ou social. La gauche nationaliste a également toujours existé: souvenez-vous des "produisons et achetons Français" du P.C ou des discours de Chevènement. A côté, les drapeaux de Mme Royal semblent bien futiles. Rien de bien nouveau sous le soleil.

    5 mai 2007 à 11 h 10 min
  • R. Ed. Répondre

    Le Pen ? Les livres d’ Histoire ?  Il y est déjà !!!

    5 mai 2007 à 10 h 03 min
  • Anonyme Répondre

    Si le nabot est élu (ce que je crains)aura t’il assez de 5 ans pour tenir toutes les promesses qu’il a envoyé à tout-va (une vie n’y suffirait pas)et aura t’il le temps d’aller à la commémoration d’un résistant tous les ans (voire la roche de solutré) Surtout ce que j’aimerai,c’est qu’il demande pardon pour les 80 morts de la rue D’ISLY,lâchement assassinés par une armée française. De toutes les façons je n’irai pas voter dimanche

    5 mai 2007 à 9 h 42 min
  • Florin Répondre

    Bon ! Certains ne voient que le verre à moitié vide et jamais à moitié plein … Dommage !

    Les idées patriotiques gagnent du terrain dans l’ensemble de la société. Qui aurait osé en 2002, autre que JMLP, parler protectionisme, barrières douanières, drapeaux aux fenêtres, immigration maîtrisée, préference communautaire, j’en passe et des meilleures ? Qui se serait proposé de taper du poing sur la table à Bruxelles et chez Trichet ?

    Aujourd’hui, droite et gauche ont copié ces idées – c’est le triomphe du bon sens.

    Le Pen n’a jamais été élu président. Mais c’est lui qui nous a redonné espoir et confiance en l’avenir. C’est lui qui a ouvert la voie sur laquelle se sont engouffrés de Villiers, Sarko et même Ségo, avec ses histoires de drapeau – que je me garderais bien de qualifier de ridicules (une idée qui ne mange pas de pain, mais qui ne nourrit pas son homme non plus …).

    Dans 30 ans, personne ne se souviendra du facteur, d’Arlette ou de l’autre garce hystérique. Mais je parie que Le Pen sera dans les livres d’Histoire.

    4 mai 2007 à 23 h 06 min
  • Anonyme Répondre

    Moi, ca sera Sarko. Puis s’il échou, alors, en 2012, FN au premier tour -et je serais pas seul.

     

    Alors il a interet à se secouer.

     

    Quand à la psychopathe de gauche, qui va hiberner la France pour 5 ans, non merci !

    4 mai 2007 à 22 h 03 min
  • sas Répondre

    Priorité du nabot…….le droit opposable pour avoir une place de crêche et s’"adresser aux manches à couilles de la magistrature française……

    l’idiote……réintégrer les milliers  de faux fonctionnaires glandeurs emplois jeunes…… et réinventer encore et encore de nouveau métiers……"repetiteur" ca s’invente pas , seule une pomme utopiste peux appeler ca un métier, c’est celui qui repète les cours aux enfants à domicile ou autre…..

    Putain avec ca on est pas sorti de la merde…..

    l’idiote on est sur le cul dans 3 mois…..le nabot c’est la guerre civile dans 6….

    allélouya les jeux sont fait…m’SSIEURS D’mes….

    rien ne va plus…

    sas

    3 mai 2007 à 22 h 30 min
  • gaius Répondre

    Bonne analyse et guerre civile à court terme quelque soit le résultat de dimanche.

    Un petit espoir cependant …si on parle russe dans le sud , tout n’est pas perdu …ayant de la famille russe , je peux dire que c’est plutôt une chance 

     

    3 mai 2007 à 10 h 47 min
  • Jaures Répondre

    Ainsi, selon Bonnal, si Le Pen ne fait plus que 10% cest qu’il n’y a plus (ou si peu) de Français. Mais dans les années 70, Le Pen ne dépassait guère 1,5%. Faut-il croire qu’à notre insu nous fûmes dans les années 80 envahis par une horde de Français de souche dont le nombre culmina en 2002 et régresserait depuis ? Bonnal devrait nous en faire un roman de S.F, ce serait rigolo.

    3 mai 2007 à 9 h 56 min
  • Gino Répondre

    Moi en tout cas je vais voter pour la sorcière.  Comme ça le pays plongera plus vite. Je comptais voter pour le nabot mais il est pour les lobbies et les OGM. Alors foutu pour foutu ….

    3 mai 2007 à 6 h 05 min
  • sas Répondre

    Je dirais plutôt que la grande perdante du 1 er tour…..puis du second……est et sera la FRANCE……elle agonise sepuis 1789…..et c’est un émigré hongrois qui sonnera l’hallali…….et  le pillage du fond de caisse nationnale.

    Amen sas….

    3 mai 2007 à 0 h 26 min

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