François Hollande et la Fin de l’Histoire de France

François Hollande et la Fin de l’Histoire de France

François Hollande est sans doute le premier président qui incarne caricaturalement et totalement l’après-France, un hexagone anar sans Histoire et sans histoires, sans race, sans sexe, sans peuple, sans morale, sans valeurs, sans classes, sans usines, sans gaz, sans rien du tout que de la dette et de la repentance.

Cela mérite quelques rappels et éclaircissements.

Le début du XXème siècle avait été marqué par une énorme et dévastatrice vague de nationalisme : cette vague donna le tsunami des deux guerres mondiales qui succédait à la guerre de 1870, sa République et la volonté de récupérer l’Alsace-Lorraine. Comme je l’avais dit dans mon livre sur le Coq hérétique et l’exception française, la nation n’était plus une volonté de vivre (Renan), mais de mourir ensemble ; le nationalisme devenant une industrie littéraire, une weltanschauung qui servait à programmer les esprits en vue d’une guerre perpétuelle appuyée aussi sur le darwinisme de l’époque (seuls les plus forts survivent).

Au XIXème siècle on a donc appris au paysan breton ou alsacien l’histoire de « son pays » (alors qu’il n’était jamais sorti de son village et ne savait que son patois) et c’est grâce à cette programmation mentale « par les philosophes » et surtout les instituteurs de la IIIe république (je le dis sans aucune acrimonie) qu’on a pu l’envoyer se faire tuer sur tous les champs de bataille et attraper toutes les maladies tropicales et coloniales possibles. L’éducation était une programmation néo-païenne (et reconnue comme telle par les antichrétiens au pouvoir) au service de la tuerie patriotique et de l’impérialisme. Ailleurs, c’était pareil, alors…

Les charniers du siècle dernier ont ainsi été la conséquence de l’histoire et de la philosophie, matières dangereuses entre toutes (les conquérants, les grands empires, Hegel, le marxisme, etc.)

De 1945 à 1990 tout a progressivement basculé avant de s’accélérer ; on jette le bébé blanc avec l’eau du bain de sang. Aujourd’hui nous en sommes à une autre donne : il faut tuer le troupeau par peur de la vache folle (Philippe Muray, dans un de ses meilleurs traits), et la nation est déprogrammée par le mondialisme marchand et le capitalisme entrepreneurial, qui s’appuient sur une grande vague migratoire et la volonté d’aboutir à l’unité du genre humain prévue aussi par Chateaubriand. C’est le nouvel ordre mondial bien encadré et bien matriciel.

Nous découvrons comme par enchantement que nous sommes des bipèdes non déterminés (cf. Peillon), des citoyens du monde, des immigrés qui s’ignorent, des non-racés parfois racistes et de futurs trans-humains. C’est dans cette perspective de programmation et de reprogrammation mentale qu’il faut interpréter les décisions sur le mariage gay. L’instinct maternel n’existait pas au XVIIIe siècle, expliquait avec gourmandise Elisabeth Badinter, puisque l’on envoyait les nourrissons se faire allaiter à la campagne et que le tiers déjà de ces bébés mouraient en route !

Vanité de l’Histoire et du patriotisme ; il se trouve que de bons esprits, pas de gauche et parfois très différents, ont déjà fait les mêmes remarques. Je pense bien sûr à Paul Valéry et à ses Regards sur le monde actuel qui valent bien plus que ses « civilisations qui sont mortelles » (car certaines civilisations, comme la nôtre, sont plutôt increvables !). Valéry écrit dans sa prose impeccable :

L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines.

Il est de notoriété publique que les tyrans sont des amateurs d’histoire, surtout les nouveaux tyrans démocratiques de l’époque romantique et nationaliste : Napoléon, Hitler, Staline, le père Assad, Milosevic étaient des passionnés de Clio ; de Gaulle, si mal vu aujourd’hui, également. Car on trouve dans l’histoire de quoi faire un neuf opium du peuple (qui excite le peuple et ne l’endorme pas comme le christianisme !), et il est toujours facile de l’interpréter à sa manière. Valéry continue puissamment de sa verve polémique :

 L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout.

Que de livres furent écrits qui se nommaient : La Leçon de Ceci, Les Enseignements de Cela !… Rien de plus ridicule à lire après les événements qui ont suivi les événements que ces livres interprétaient dans le sens de l’avenir.

 Céline aussi, un esprit légèrement différent ( !), alors anarchiste et pacifiste, comprend à la même époque – en 1914 – que l’on se retrouve à se faire massacrer sur les routes du Nord de la France à cause de l’histoire et de la philosophie – et de la presse :

 Et vive aussi Carnot qui organise si bien les victoires ! Et vive tout le monde ! Voilà au moins des gars qui ne le laissent pas crever dans l’ignorance et le fétichisme le bon peuple ! Ils lui montrent eux les routes de la Liberté ! Ils l’émancipent ! Ça n’a pas traîné ! Que tout le monde d’abord sache lire les journaux !

 C’est un prof d’histoire un peu déjanté comme on dit, un nommé Princhard qui s’adresse ainsi à Bardamu qui lui laisse un long et surprenant monologue pour s’exprimer. Princhard parle de la nouveauté de la bataille de Valmy :

Tellement nouveau que Goethe, tout Goethe qu’il était, arrivant à Valmy en reçut plein la vue. Devant ces cohortes loqueteuses et passionnées qui venaient se faire étripailler spontanément par le roi de Prusse pour la défense de l’inédite fiction patriotique…

 Les vieux conservateurs, les électeurs du Front national ou les nationalistes de tous les pays découvrent incidemment aujourd’hui qu’ils sont les seuls à croire encore à la « fiction patriotique ». C’est pour cela qu’ils sont méprisés – ringardisés – ou bien diabolisés par les médias ! Céline conclut superbement : La religion drapeautique remplaça promptement la céleste. Avec la présidence Hollande en France (sic), nous sommes bien dans les temps post-drapeautiques, si j’ose dire.

Mais malgré l’horreur des guerres, nous savons que la grande Europe et le grand Occident sont liés à l’époque de la religion drapeautique. L’Europe de Byron, Beethoven ou bien Pouchkine c’était tout de même autre chose. Depuis, plus rien ou pas grand-chose, sinon une science pas très ambitieuse qui nous a reprogrammés pour autre chose, pour aimer notre lointain à défaut de notre prochain, pour des temps sans famille, sans patrie et même maintenant sans travail ! Des temps techno sans idéal et sans beauté : or dans la laideur l’homme dégénère, a pu écrire Nietzsche, critique aussi du dernier homme consommateur et bourré de tranquillisants.

François Hollande peut n’être pas très populaire, tout nous montre qu’il marche dans le sens de l’Histoire en niant l’identité de la France, et que son successeur putatif, le si populaire Emmanuel Valls, accélérera la décevante inertie en marche sous les acclamations de notre foule amorphe : les mêmes qui n’aiment plus Hollande adorent ses idées et voteront pour Valls. Les autres n’ont qu’à relire Kojève et Chateaubriand pour y comprendre confusément quelque chose.

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Comments (10)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    une erreur … et de taille
    il ne s’agit pas du capitalisme ” entrepreneurial ” mais du capitalisme financier et menagernarial

    20 août 2013 à 18 h 58 min
  • Gégé Répondre

    Qui maîtrise le passé, maîtrise le présent. Ce n’est pas moi qui l’ai écrit, c’est Orwell. Dans son roman, Orwell faisait réécrire les archives aux caciques de son parti totalitaire imaginaire. Les intellectuels au pouvoir en Occident, en France en particulier, ont trouvé mieux et plus facile : “inculturer” la grande masse et refaire le passé à leur image par la seule magie du verbe. Chercher des explications au-delà de la leçon d’Orwell, ouvrage de chevet de ces gens là depuis des éons, est à mon avis superflue. La machinerie orwellienne est bien lancée : appauvrissement intellectuel, (la “novlangue” d’Orwell), crise économique permanente, (dans Orwell aussi), montée calculée de la xénophobie, (la société d’Orwell est passée par là), et finalement guerre mondiale éternellement renouvelée, (nous nous y acheminons doucement). Nous avons les avertissements, nous avons la recette applicable par “l’adversaire”, à vous de trouver la contre-recette …

    20 août 2013 à 15 h 09 min
  • lefebvre Répondre

    J’apprécie la culture de Jaurés et je vais peut être paraître ridicule avec mes analyses d’un autre temps car la foi du plus grand doit de refroidir et elle se refroidit avec des chefs d’Etat comme notre président qui n’est pas un exemple de probité, il est encore moins un bon serviteur puisqu’il détruit les fondements de la famille et introduit dans notre culture la théorie du genre et la commercialisation de l’utérus alors qu’il y a tant d’enfants malheureux à adopter.
    la première dame ou maîtresse de France n’a aucun statut juridique mais vit bien de nos deniers de contribuables abusés dupés et trahis.
    La France est ma famille et comment sauver nos enfants de l’emprise de nos marchands du temple

    20 août 2013 à 14 h 12 min
    • lombard Répondre

      bonjour
      concernant l’adoption ,si vous pensiez a la France,la plupart des enfants n’y sont pas adoptables car les parents n’abandonnent pas leurs droits parentaux !! le seul réellement abandonné dans l’histoire est l’enfant !!!!

      21 août 2013 à 14 h 55 min
  • lefebvre Répondre

    Avec un regard survolant le temps espace souillé de mensonge de corruption et de crimes. Je considère avec effroi le sang glacé par tant de révoltions guerres inutiles que depuis la période post Adamique qui vit le jour d’Abraham père des Nations et de la théologie à l’ état brut concernant le monothéisme la nation d’alors était une grande famille. Bien évidemment les conflits d’intérêts marquèrent ces périodes à celle de nos jours car l’homme n’a rien compris au symbolisme du partage du pain et du vin entre Abraham et Mechisédek roi de paix et de Salem
    Aujourd’hui nous sommes au septième temps de l’humanité et Obama est le séducteur et destructeur de nos souverainetés son règne est basé sur le mensonge et l’immoralité, sous l’antichrist nous allons connaître les sept années de tribulation dont parle Daniel et l’apocalypse de Jean, nous serons tous espionnés fichés surveillés, l’Ordre Américain s’en charge et nos élus sont de viles serviteurs à la botte de cet empire du mal. la tour de Babel va s’effondrer tout repose sur le mensonge la manipulation et vampirisation des peuples. les loges sectaires maçonniques au service de Lucifer pillent le monde imposent leurs lois mais leur temps tire à sa fin. Pour l’instant le premier menteur donc meurtrier se déchaîne avant d’être enchaîné pour mille ans, notre terre est dévastée par ces usuriers qui spolient les peuples de leurs richesses c’est la fin des temps des ténèbres le Roi des rois reviendra comme un voleur la nuit nous surprendre alors des ténèbres naîtra cette nouvelle terre ces nouveaux cieux où règnera l’amour la justice et la paix ; nous sortirons enfin de ce tunnel ténébreux pour connaître de nouveau les temps du Jardin d’Eden période de lumière de vérité.

    20 août 2013 à 14 h 02 min
  • Anne Lys Répondre

    « Nous découvrons comme par enchantement que nous sommes des bipèdes non déterminés (cf. Peillon) » ? et pourquoi des bipèdes ? à partir du moment où nous n’avons plus à nous définir comme homme ou femme, comme père ou mère ou enfant, pourquoi nous définir comme « bipèdes » ? n’avons-nous pas le droit de nous
    vouloir amibe, céphalopode, langouste ou oiseau ?

    « L’instinct maternel n’existait pas au XVIIIe siècle », expliquait avec gourmandise Élisabeth Badinter, « puisque l’on envoyait les nourrissons se faire allaiter à la campagne et que le tiers déjà de ces bébés mouraient en route ! »

    Élisabeth Badinter n’a jamais compris que c’est précisément l’instinct maternel, l’amour maternel mal informé, qui a été à l’origine de ce triste phénomène. Si, au lieu de se fier à des chiffrages et des statistiques, d’ailleurs douteux, elle s’était plongée dans des correspondances familiales et des livres de raison, elle y aurait découvert la véritable raison de cette mode meurtrière :

    Depuis plusieurs siècles, et à cause des grandes épidémies et pandémies (notamment de peste), régnait dans les villes la terreur du « gros air ». Puisque l’on ignorait tout du risque microbien et des mesures d’hygiène propres à le réduire, on pensait que l’air des villes était chargé de particules morbides transmettant la maladie. Ce n’était d’ailleurs pas si loin de la réalité. Mais, alors que la révolution pastorienne allait nous doter de remèdes contre les microbes et de mesures d’hygiène propres à en réduire le risque, on ne disposait contre les particules morbides du « gros air » d’aucune barrière, d’aucun remède. Une seule possibilité, éloigner les êtres les plus fragiles, les nouveau-nés en particulier, de l’endroit où elles étaient les plus nombreuses et les plus nocives. D’où l’envoi à la campagne des nourrissons.

    Il a fallu la Révolution et les difficultés de ces voyages pour faire disparaître (bien involontairement, l’esprit révolutionnaire n’y étant pour rien) cette redoutable habitude. Mais, dans la correspondance d’un de mes aïeux, j’ai lu naguère (je ne l’ai malheureusement pas en ma possession et j’ignore quel de mes très nombreux cousins et arrière-cousins en a hérité) ses amers regrets de ne pouvoir envoyer son dernier enfant loin du « gros air », puis son étonnement de constater que celui-ci survivait dans ce « gros air » alors qu’envoyés à la campagne pour en être préservés, ses aînés étaient morts.

    20 août 2013 à 10 h 47 min
  • JEAN PN Répondre

    La France dégénérée n’est pas seulement le fait de Hollande. C’est aussi le fait de tous les gaullistes en commençant par de Gaulle lui-même !
    Comment aimer un drapeau quand les enfants n’aiment même plus leurs parents. Connaissez-vous beaucoup d’enfants qui iraient se faire tuer pour leurs parents ? Ils préfèrent la drogue et l’alcool, l’argent pour s’en procurer mais sans travailler. Il n’y a plus d’homme, il n’y a plus de femme à la maison, les grands parents sont mis en maisons de retraite pour s’en débarrasser. Dans le temps on disait que les enfants étaient la richesse de la famille parce qu’ils subvenaient aux besoins de la famille quand les parents ne pouvaient plus travailler. Maintenant ils se barrent vite de la maison dès 18 ans.
    Les islamistes se battent pour un idéal et si nous les laissons faire, nous serons leurs esclaves. Quel est l’idéal des français pour la France ?????……

    20 août 2013 à 9 h 29 min
  • Ariane Répondre

    L’Histoire: elle s’apprend non seulement à l’école, mais toute la vie, et comme elle est cyclique, elle se médite.
    Par exemple, l’antiquité a connu la mondialisation.
    Parce que l’homme veut dominer.

    A gauche, du passé faisons table rase: en Chine communiste, Mao Tse Toung a fait changer les caractères chinois pour qu’on ne puisse plus lire les livres du passé et faire des comparaisons.

    20 août 2013 à 8 h 03 min
    • France Répondre

      Tout passe, tout lasse, tout casse.

      20 août 2013 à 8 h 11 min
  • Jaures Répondre

    Comme de nombreux intellectuels, Bonnal relie l’Histoire à la lueur de ses opinions actuelles en se jouant de la réalité afin que celle-ci soit conforme à sa démonstration.
    Comment dire par exemple que les instituteurs auraient préparé les esprits à se faire tuer sur les champs de batailles ? Je ne sais quelle idée se fait Bonnal de ce qui était enseigné dans les école du début du XXème siècle mais voici un florilège d’un manuel de morale de l’époque:
    “Préférez les mains pures aux mains pleines.
    Le travail est un trésor.
    L’amour de la patrie commence à la famille
    La femme doit rester dans la maison comme le
    cœur dans la poitrine.” (livre de récitations et morale Larousse 1895).
    Bonnal suggère-t-il que ces sentences incitaient à mourir sur un champ de bataille ? Auquel cas, enseignons le contraire !
    Comme la nostalgie pour l’Europe de Beethoven ou Byron, sans doute douce pour ceux qui pouvaient écouter le premier ou lire le second en rêvant. Bien plus difficile pour les centaines de milliers de morts européens sur les différents champs de batailles sanglants de la fin du XVIIIème siècle à 1830.
    Bonnal nous rejoue l’éternel refrain du “c’était bien mieux avant” en négligeant bien entendu de s’imaginer alors dans la peau du commun, mais plutôt dans celle du privilégié lettré, protégé des troubles du monde,quand bien même cette caste ne représentait qu’1 ou 2% de la population.
    On peut ainsi nourrir quelque nostalgie pour le siècle de Périclès, à condition de ne pas s’imaginer dans la peau de l’esclave ou de l’hoplite étripé lors de la guerre du Péloponnèse.

    19 août 2013 à 18 h 16 min

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