Gilles Marchand : Hadopi et l’avenir d’internet

Gilles Marchand : Hadopi et l’avenir d’internet

Entretien avec
Gilles Marchand

Président d’Informatique sans frontière
http ://www.informatiquesansfrontieres.org

Après maintes péripéties, la loi Hadopi a été adoptée… Qu’est-ce que cela change concrètement pour l’internaute ?
L’internaute sait désormais qu’il ne peut plus voler sans risque dans la boulangerie et dévitaliser une création qui a besoin de revenus pour exister. Il y a pourtant des titres que l’on ne trouve qu’en « peer-to-peer », mais ce schéma a tendance à s’inverser, les connexions de celui-ci diminuant, alors que l’on assiste à une montée en puissance des plates-formes payantes qui s’étoffent en permanence et offrent de la musique en qualité CD.

Lors du débat sur la loi Hadopi, les clivages droite-gauche semblent avoir été dépassés… Des artistes, plutôt de gauche, se sont rangés aux côtés de l’UMP. Comment l’expliquez-vous ?
Le clivage n’a pas disparu. La preuve, le projet de loi avait été retoqué par le sénat en première lecture, mais il y a une telle urgence pour les artistes que tout le monde est d’accord pour agir et créer de l’économie sur internet dans le quatrième secteur économique, à savoir les biens immatériels. Il en va, à long terme, de la prospérité économique du secteur.

La régulation d’internet ne relève-t-elle pas de l’utopie ?
Internet est une stratégie du contournement, inventée au départ par les militaires qui redoutaient une rupture des transmissions, et les universitaires qui lui donnèrent son visage actuel, en plus de l’invention du HTML au CERN de Genève. C’est pourquoi on peut toujours trouver un accès autre. Pourtant, la tendance est celle du renforcement de clivages nationaux, comme en Chine et en Iran, mais l’effet d’un contrôle est à double tranchant puisqu’il n’empêche pas véritablement l’évolution des sociétés civiles concernées. Les gouvernements ont toujours cherché à contrôler les nouvelles techniques d’expression ou de communication qui émergeaient.
Internet ne doit pas être une jungle où sévissent des cyber-délinquants ou des cyber-flics qui les traqueraient, mais il faut bien avouer que la vieille problématique du gendarme et du voleur se reproduit sur Internet. La nature humaine évolue, mais elle ne change pas fondamentalement. Il est pourtant indispensables que les libertés fondamentales soient également respectées sur le net.

Comment voyez-vous l’avenir d’internet ?
Internet est encore archaïque au regard de ce qui nous vient : un Web 3D dans lequel réel et virtuel s’intégreront davantage. Une économie puissante et grande créatrice de richesses en découlera. Nous devrons alors être en mesure de choisir d’utiliser des environnements interactifs et d’utiliser des interfaces sous formes de répliques numériques intelligentes qui nous serviront d’intermédiaires. L’enjeu consistera à bien différencier le réel des fausses imitations de la vie. On peut d’ores et déjà prédire que ce nouveau contexte sera particulièrement fécond sur le plan artistique, les créateurs auront alors des possibilités de détournement et d’expression absolument et radicalement nouvelles.

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Comments (5)

  • françois Répondre

      Les "artistes" de gauche ont soutenu l’UMP pour une raison très simple: Il s’agit de leur argent! Car, comme toute personne de gauche qui se respecte, ils savent être généreux avec l’argent des autres mais sont économes du leur…

    28 novembre 2009 à 20 h 44 min
  • Ben Répondre

    Exact, ozone. Au fait, j’écris environ180 pages par an dans mon blog ( http://a-bas-les-taxes.skynetblogs.be/ ); vu que je contribue au Net, est-ce que je dois payer pour ce que j’y prends, ou considère-t-on que je troque ma production d’articles contre le contenu du Net?

    28 novembre 2009 à 12 h 22 min
  • ozone Répondre

    Hadopi n’est qu’un pretexte pour fourrer le nez dans l’internet pour flicker tout le monde,le pouvoir,depuis l’ére des cavernes n’a jamais admis que les quidams sous leur controle puissent comuniquer entre eux sans passer par des canneaux controlables,c’est par exemple,ce qui freina l’extension des comunications automatiques dans la téléphonie,en 1975 la France était quatorzieme dans le rang des nations les mieux équipés.
    Alors preparez vous a voir débarquer une miriade de "spywares" en provenance des instances étatiques le plus légalement du monde.
    Si pirater c’est vilain,regarder par les trous de serrures l’est tout autant.

    27 novembre 2009 à 18 h 24 min
  • IOSA Répondre

    Aaaaahhhhh ! Je le savais, Jaurès est aussi un rebelle…même si il est de gauche.

    IOSA

    27 novembre 2009 à 12 h 24 min
  • Jaures Répondre

    La loi Hadopi est déjà oubliée. Elle ne pourra jamais être mise en oeuvre: combien faudra-t-il de juges pour prendre en charge les internautes qui continuent par millions à télécharger illégalement ? D’autant que la plupart des gamins ont déjà trouvé la parade.

    Les artistes, de gauche ou non, qui ont défendu cette loi stupide sont des vieillards cacochymes qui n’ont rien compris à internet. Les artistes d’aujourd’hui viennent de la scène. C’est grâce à internet qu’ils se font connaître et c’est leurs concerts qui incitent le public à acheter leurs albums.

    Les majors n’ont jamais utilisé les gains réalisés avec les stars pour lancer des jeunes. Elles se sont toujours contentée de racheter les contrats des nouveaux artistes quand ceux-ci accédaient à la notoriété.

    Le public s’est assez fait roulé avec des albums vendus 20 ou 25 euros avec une ou deux chansons travaillées et 8 autres baclées.

    Quand le CD s’est imposé, les majors ont revendu plein pot leurs catalogues archi amorti.

    Aujourd’hui, c’est fini. le jeunes n’achètent pratiquement plus de CD. Et quand ils en ont un, ils en font profiter leurs potes en leur envoyant les chansons par téléphone ou par e-mail. D’autres vont sur des sites étrangers à 10cts le titre ou écoutent la musique en streaming.

    Que les patrons des majors cessent de pleurer, investissent dans des artistes de scène et développent une offre large de titres en cassant les prix des albums amortis.

    C’est vrai, c’est un vrai boulot. Fini les rentes de situation avec des vrais-faux chanteurs formatés capables seulement d’anoner des niaiseries en play-back sur la Une !

    26 novembre 2009 à 19 h 27 min

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