Hortefeux et les associations brûlent les planches…
Dans notre république ubuesque, les propos d’un ministre peuvent lui valoir à la fois une comparution, le
risque de poursuite et sans doute un regain de popularité auprès de la “base” militante qui ne voit dans le travail des associations et de la justice que des artifices sans rapport aucun avec les
difficultés de la “vraie vie” sous le ciel de France :
“Vendredi, Me Henri
Braun, l’avocat de trois associations dont aucune ne remplit les conditions pour se porter partie civile, n’a pas fait dans la dentelle : “Que M. Hortefeux soit raciste résulte de
l’évidence même. ” L’avocat “n’est pas hostile à une peine de prison ferme”, parce qu’il faut “une tolérance zéro avec les délinquants ministériels”. Me
Pierre Mairat, pour le MRAP, a été plus modéré. Il a fait citer deux sociologues, Vincent Geissler et Véronique de Ridder, pour
qui la plaisanterie relevait bien “d’une rhétorique raciste “.
Le parquet a rapidement recadré le débat : il n’est pas question “d’entrer dans les tréfonds des
consciences”, mais de savoir si les propos tombent sous le coup de la loi. “On est dans le cliché, les idées reçues, le paternalisme”, a convenu François Cordier, la première phrase du ministre est “une opinion choquante, mais qui ne dépasse peut-être pas l’opinion
admissible”. La seconde en revanche est “un propos outrageant, méprisant” et “le délit d’injure raciale” est bel et bien constitué.
La responsabilité pénale de Brice Hortefeux est-elle pour autant engagée ? Le procureur doute que les faits
aient été juridiquement commis en public, c’était “une discussion à bâtons rompus”, qui s’adressait à un groupe privé : “M. Hortefeux n’était pas en train de
claironner.”
Le ministre risque-t-il une contravention pour injure non publique ? Pas davantage : “Les débats ne
rapportent pas la preuve qu’il savait qu’il était enregistré”, et la jurisprudence est “extrêmement rigoureuse sur ce point”. Il n’est donc pas possible de poursuivre ces propos,
“aussi critiquables soient-ils”. Jugement le 4 juin. Le Monde
On aura noté qu’aucune des associations n’était qualifiéé pour agir,
que celles-ci dictent la morale et ce qu’il est répréhensible de dire,
que le ministre n’aura sans doute pas d’autre ennui avec la justice,
que les accusateurs et le suspect auront eu l’occasion de monter sur scène pour faire leur théâtre, convaincre
leur public qu’ils étaient les bons acteurs et qu’il faut donc continuer à leur donner le rôle…