Idées fausses et idées justes sur l’immigration (version intégrale)

Idées fausses et idées justes sur l’immigration (version intégrale)

L’Afrique est-elle surpeuplée ?

 

Non. Elle a aujourd’hui 1,4 milliards d’habitants soit 18 % de la population mondiale (pour mémoire : elle en avait 100 millions en 1900).

Son taux de fécondité est élevé :  4,5 enfants par femme ; un peu plus au Sud du Sahara. Mais cette fécondité est en baisse : elle était de 7 enfants par femme vers 1960 et devrait descendre à la croissance zéro (2,1 enfants par femme) d’ici 2060.

Elle représentera alors environ 3 milliards d’hommes et de femmes, soit 30 % de population mondiale.

Mais l’Afrique hors Sahara, reste un continent peu peuplé : 46 habitants au km2, pour 106 en France métropolitaine.  Un pays comme la République centrafricaine n’a que 6 millions d’habitants quoiqu’ il soit presque entièrement fertile et un peu plus grand que la France.  Il y a encore des espaces vides en Afrique. Malgré cela, la population tend à s’y concentrer dans des métropoles difficiles à gérer.

L’Afrique déverse-t-elle son trop-plein sur l’Europe ?

 

Il ne faut pas raisonner en termes de vases communicants. Le pays d’Afrique le plus peuplé est le Nigéria, il le sera bientôt autant que l’Europe. Pourtant il n’y a guère de Nigérians en France. Guère plus d’Egyptiens qui habitent un pays manifestement surpeuplé.

Plus décisives sont les filières qui relient les anciennes colonies à leurs anciennes métropoles.  Il est rare qu’un Africain aille s’installer dans un pays où il n’aurait ni parents ni amis et dont il ne parlerait pas la langue.

Pourquoi l’Europe a-t-elle perdu le contrôle de ces flux ?

 

Parce qu’elle ne veut pas les contrôler. Si la France et les autres pays, voulaient arrêter l’immigration, ils le pourraient, mais ils ne le veulent pas. L’Union européenne, comme l’ONU, le Forum de Davos, l’OCDE, les grands clubs privés (Club de Bilderberg, Trilatérale et tant d’autres), ajoutons-y certains gouvernements comme celui de la France ou celui des Etats-Unis version démocrate, tous pensent que l’immigration est un bien. Un bien parce qu’elle permettra de dissoudre les identités, les nations et les cultures pour aboutir à un seul Etat mondialisé et métissé.   Peter Sutherland, irlandais, ex-commissaire européen et président de Goldman Sachs, catholique et mondialiste, l’a dit ouvertement. En bref, comment voulez vous contrôler l’immigration si tous ceux qui dirigent le monde occidental pensent qu’elle est une bonne chose ?

Prenez les deux millions de réfugiés entrés en Allemagne en 2015-2016 venant de Syrie ou d’autres pays du Proche-Orient ; c’était une affaire combinée entre Erdogan et Mme Merkel.  Au lieu de payer un billet d’avion 150 €, ils devaient verser 5000 € à la mafia turque. Quand on a donné 6 milliards d’euros à Erdogan, le flux s’est arrêté le lendemain. En faisant une sélection par l’argent, on a privilégié les réfugiés d’un certain niveau pour faire marcher l’industrie allemande.

L’immigration n’est-elle pas mieux contrôlée à l’échelon européen ?

 

Non. Pour la raison que je viens de vous dire : les instances européennes sont imprégnées jusqu’à la moelle d’une culture favorable à l’immigration. Ensuite, parce qu’il est difficile de coordonner les polices de 27 pays. Surtout la libre circulation intérieure décrétée avec le Traité d’Amsterdam (1996), en supprimant les frontières, affaiblit la capacité de contrôler. Dès la signature de ce traité, les chiffres l’immigration, plus ou moins maîtrisés jusque-là, s’envolèrent.

La France n’a-t-elle pas été toujours un pays d’immigration ?

 

Non. Ni la France ni l’Europe. Entre la fin des invasions normandes (vers 950) et le début des migrations modernes (1860), soit pendant près de 1000 ans, il n’y a pas d’immigration en France.

Le flux migratoire décolle à partir de la fin du XIXe siècle en provenance de pays proches : Italie, Espagne, Portugal, Pologne. Ce n’est que depuis les années 1960 que l’immigration est devenue principalement musulmane et africaine   Elle n’a cessé de croitre jusqu’au XXIe siècle où elle est ce qu’on voit aujourd’hui.

 

Ne peut-on parler de nouvelles invasions barbares ?

 

Je ne crois pas. D’abord parce que les effectifs de ces invasions semblent avoir été limités. Les nouvelles populations se sont dissoutes assez vite par les intermariages, tout en prenant les commandes à la place des Romains.

Quoique très primitifs au départ, les Germains entraient dans la société gallo-romaine par le haut, en conquérants. Les migrants actuels entrent par le bas ; même si on peut juger qu’ils sont très   avantagés par rapport aux autochtones et surtout par rapport à leurs frères restés au pays, ils sont, pour la plupart, au bas de l’échelle sociale. Quand les passeurs viennent les chercher, ils ne savent pas     exactement où ils vont. Savent-ils même où est la France ?  On les emmène en Libye où une partie est réduite en esclavage et vendue dans la péninsule arabique. Beaucoup meurent.  Mais même s’ils n’arrivent pas avec une mentalité d’envahisseurs, ils représentent, du fait de leur nombre, un bouleversement bien plus grand que les invasions du Ve siècle. La société française se trouve déséquilibrée par ces entrées et au moins autant par le différentiel de natalité entre les immigrants et les autochtones (qu’on appelle aussi Français de souche).  Autant que l’immigration elle-même, ce différentiel qui semble s’être aggravé avec le covid, remplit d’angoisse les Français. Réponse du gouvernement :  mettre l’avortement auquel les immigrées ont peu recours dans la Constitution !

Que dire des autres sources de l’immigration : Balkans, Roms, Tchétchènes, Asiatiques ?

 

Elles sont de peu de conséquence. Les viviers s’épuisent et la dénatalité qui frappe les Européens de l’Ouest (sauf les immigrés africains), les frappe aussi.

Faut-il parler de l’Afrique comme un tout ?  N’y a-t-il pas des différences ?

 

Oh que si !  L’Afrique « blanche », celle du Nord est presque entièrement musulmane. Pas l’Afrique « noire ».  On l’ignore, mais la principale religion de l’Afrique dite subsaharienne, est le christianisme. Nous ne nous en rendons pas compte en France car les principaux pays de départ, Mali, Sénégal, Guinée sont en majorité musulmans et l’étaient avant même la colonisation. En revanche l’Afrique australe et orientale, les Congo sont dominés par les chrétiens : pensez qu’il n’y pratiquement pas de musulmans   à Madagascar ou en Afrique du Sud. Ce n’est pas une raison pour les faire venir car il serait irresponsable, voire criminel, de priver ces pays de leurs élites ou de laisser croire à leurs jeunes qu’ils n’ont d’avenir que dans le départ.

Roland Hureaux, essayiste

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