Il est urgent de rapprocher les agriculteurs des consommateurs

Il est urgent de rapprocher les agriculteurs des consommateurs

Manifestations-d-eleveurs-en-colere-dans-l-Ouest_article_popinJean-Louis Laureau, fondateur des Journées paysannes livre à Famille chrétienne son analyse de la crise agricole. Extraits :

La crise actuelle n’est plus du tout conjoncturelle, mais bien structurelle. Ce sont les symptômes d’une société qui a perdu le sens du réel, le sens du lien à la terre. Pour vivre, il faut à tout homme de l’air, de l’eau, et de la terre car l’aliment vient de la terre. Or, le produit de la terre aujourd’hui n’est plus considéré comme vital. On le perçoit comme une sorte de produit manufacturé qui doit arriver au consommateur au plus bas prix. Le budget des ménages consacré à l’alimentation est de plus en plus bas. Et à côté de cela, les coopératives et les industriels font en sorte que les agriculteurs ne fixent plus leur prix. Quelques acheteurs réduits à moins d’une dizaine imposent un prix qui ne correspond pas au coût de production. En plus de cela, les agriculteurs doivent faire face à des normes de plus en plus contraignantes et coûteuses. En somme, on ne respecte plus ni la terre ni les familles qui cultivent la terre.

Pensez-vous que les 3 milliards d’euros demandés par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, puissent enrayer la crise ?

Quelles que soient les sommes attribuées, cela ne peut résoudre le vrai problème. Rafistoler les trésoreries ne peut que retarder une échéance. Certes, en retardant l’échéance, on pourra sans doute avancer sur certains sujets, mais il faudra beaucoup plus que cela pour résoudre un problème d’envergure.

Comment alors véritablement assainir le système ?

Plus que l’assainir, il faut en sortir. Il est d’abord urgent de rapprocher les agriculteurs des consommateurs. Pour cela, il faut que les consommateurs retrouvent le sens d’une bonne alimentation, et acceptent de consacrer une part plus importante de leur budget à la nourriture. Il faut ensuite une politique française, européenne et mondiale qui protège les exploitations familiales contre les aléas et la volatilité du marché. L’incessante variation des prix est absolument épouvantable pour les exploitations familiales.

Vous côtoyez de nombreux agriculteurs. Quelles sont leurs principales difficultés ?

En plus des problèmes de trésorerie que l’on a évoqués, il y a principalement la surcharge de travail. Certes, le travail manuel est soulagé par les techniques modernes, mais les agriculteurs sont de moins en moins nombreux sur les exploitations : des domaines de trois cents hectares sont parfois menés par une ou deux personnes. Les charges administratives deviennent aussi insupportables et prennent beaucoup de temps. L’agriculteur n’a plus le temps de prendre du recul et de réfléchir. Il y a ensuite les contrôles incessants qui provoquent une certaine appréhension. Enfin, la solitude pèse aussi sur de nombreux agriculteurs, qui n’ont plus de voisins et souvent plus de vie communale ni de vie paroissiale, car les églises sont fermées. La conséquence de tout cela est un désespoir très fréquent. […]”

Partager cette publication

Comments (16)

  • alexandre44 Répondre

    Xavier Beulin n’est qu’un loup dans la bergerie et parfaitement en phase avec nos gouvernant . Je pense qu’en conservant la qualité de vos produits ( qui n est plus à démontrer) sans passer par les filuieres traditionnelles mais orientés sur des circuits courts éliminant en partie la voracité de plus en plus galopantes de vos intermédiaire qui ne souhaitent que faire leur beurre sur le dos de notre agriculture. Une grande Français compte sur son agriculteurs.

    5 septembre 2015 à 22 h 23 min
  • seppidalsace Répondre

    En achat directe le consommateur n’y gagne rien; le pays empoche toute la différence entre les revendeurs et lui !

    5 septembre 2015 à 17 h 06 min
  • Sylvain Drey Répondre

    Prudence ! Lorsqu’on achète directement chez le Paysans, celui-ci vous vend ses produits au prix des revendeurs ! Il prend donc toute la marge, et

    5 septembre 2015 à 16 h 58 min
    • Nicolas Répondre

      Non. Le paysan vend tt de même moins cher. Mais qu’il augmente sa marge n’est pas le problème , bien au contraire. Il va vivre décemment, se moderniser, ses enfants reprendront l’exploitation familiale et nous mangerons des produits sains. De plus, c’est un acte de Résistance contre le Régime.

      6 septembre 2015 à 1 h 29 min
  • JPS Répondre

    Les agriculteurs sont traits alternativement par les deux c……., une par les semenciers et l’autre par l’industrie chimique…

    5 septembre 2015 à 12 h 23 min
  • orldiabolo Répondre

    Jaures a raison : les agriculteurs se font b… par la FNSEA, comme les salariés par la CGT, FO, SUD et consorts…

    5 septembre 2015 à 9 h 45 min
    • Jaures Répondre

      Vous confondez tout, Orl. Les agriculteurs se font b…erner par la FNSEA comme les petites entreprises par le Medef.
      Les salariés trouvent toujours la CGT à leurs côtés au moment des luttes et j’en ai vu qui nous considéraient d’un oeil goguenard se précipiter dans nos permanences quand venait le moment du licenciement et des prud’hommes.

      6 septembre 2015 à 22 h 27 min
      • orldiabolo Répondre

        Des syndicats qui militent pour un système où le salarié palpe 100 € net quand le patron en débourse 235, vous appellez ça comment, “camarade” ?

        7 septembre 2015 à 0 h 16 min
      • orldiabolo Répondre

        “Les salariés trouvent toujours la CGT à leurs côtés au moment des luttes et j’en ai vu qui nous considéraient d’un oeil goguenard se précipiter dans nos permanences quand venait le moment du licenciement et des prud’hommes.”
        Bien sûr, qui voulez-vous qu’ils trouvent d’autres, les salariés ? On n’a pas le droit de fonder de nouveaux syndicats représentatifs dans ce pays. Il faut avoir eu une “attitude patriotique” pendant la guerre ! Comme le déserteur Thorez. Comme les cheminots CGT qui emmenaient les convois de déportés…

        7 septembre 2015 à 10 h 20 min
        • Jaures Répondre

          Cher Orl, franchement, je ne crois pas que ce sont les cheminots qui se sont les plus mal comporté durant la guerre.
          Je vous rappelle que G.Séguy, secrétaire général de la CGT a été déporté pour ses activités de FTPF et H.Krazuki qui a tenu les mêmes fonctions, pareillement arrêté, torturé par la gestapo et déporté.
          On peut critiquer la CGT mais ce type d’argument est totalement fallacieux.
          Quant au salaire brut et les cotisations patronales, elles permettent de payer les retraites, les allocations chômage et la santé. Vous pouvez les supprimer, les salaires seront plus élevés mais ce qu’il restera après avoir payé les assurances privés ne sera guère avantageux.
          Surtout quand le moment venu il s’agira de faire valoir ses droits auprès de compagnies qui sortiront votre contrat avec tous les alinéas et astérisques démontrant que vous n’avez droit à rien.

          7 septembre 2015 à 17 h 00 min
          • orldiabolo

            Que quelques individualités se soient bien comportés, je n’en doute pas, comme de tous les bords. Mais le gros de la troupe, sur ordre de Staline, sabotait nos usines et nos avions contre la “sale guerre capitaliste”. Quand aux cotisations, dites-nous seulement à quel niveau vous les trouverez inacceptables, on gagnera du temps ! Toutes les experiences montrent que confiées au privé, assurance maladie et retraite sont deux fois plus economique ou rentable… Le reste aussi, d’ailleurs. Ce sont des faits. Pas des opinions.

            7 septembre 2015 à 17 h 12 min
  • Nicolas Répondre

    Tt à fait d’accord avec vous deux. L’expérience “boutique” existe en France, mais peu répandue. Des cantines scolaires achètent à des producteurs locaux, mais elles sont peu nombreuses et achètent tt de même de la viande allemande qui revient bq moins cher. La perte est de 8 centimes le kg. De plus, hors achats locaux, notre règlementation ne permet pas l’achat de produits français. Les cantines sont obligées de contourner la loi. Bq de travail administratif pour une chose simple. Il faut étendre et que les restaurants d’entreprises s’y mettent aussi. Et nous tous. Pour la FNSEA, c’est une calamité aux ordres des très grosses exploitations et de Monsanto. Notre pb est que notre gouvernement poursuit un objectif :?mort de l’agriculture (petites et moyennes exploitations) : la France ne doit à aucun prix être auto-suffisante sur le plan alimentaire, promotion de la production de masse et de Monsanto, évidemment et surtout, la signature de Tafta. Quand Schauble disait (2012, ms a redit 2015)” la Grèce n’est qu’un laboratoire ” ça comprend la production agricole et c’est pourquoi , dans le dernier mémorandum, les agriculteurs grecs sont étouffés sous les taxes. Si l’agriculture grecque disparaît , les grecs achètent allemand , par ex : depuis 2012, ils achètent des tomates allemandes . Ça ne s’invente pas. Et un panier de la ménagère est environ 30 à 35% plus cher qu’en France. Si vous comparez avec un SMIc à 760€ et une retraite qui vient d’être baissée à 362€, le compte n’y est pas vraiment. Là aussi, il y a ces expériences de boutiques solidaires et de vente en direct.
    Puisque le peuple français est encore trop avachi pour descendre dans la rue, que tous ceux qui le peuvent (géographiquement ) résistent en privilégiant l’achat en direct.

    5 septembre 2015 à 9 h 09 min
    • Jaures Répondre

      Je vous suis sur un point: il importe que les agriculteurs s’organisent plus encore dans les circuits courts. Les AMAP sont débordées et ne peuvent satisfaire la demande.
      Par contre, je suis plus réservé sur l’autre partie de votre post. Ainsi, on ne peut exclure l’agriculture des lois sur les marchés publics. Si les communes ont le droit de privilégier les entreprises françaises, les autres pays agiront de même: nous perdrons d’un côté ce que nous gagnons de l’autre.
      Les agriculteurs, il faut le dire, se font manipuler par la FNSEA qui n’agit absolument pas pour une solidarité entre grands céréaliers et éleveurs. Ces derniers se ruent sans réfléchir sur les représentations de l’Etat, comme si bruler une préfecture faisait remonter le prix du porc.
      Les charges sociales n’impactent pas beaucoup les agriculteurs qui se versent peu de salaires et ils ne peuvent exiger de produire sans souci pour l’environnement comme s’il fallait sacrifier pour leur bien être les sols et cours d’eau ce qui un jour se retournera contre eux.
      Enfin, des slogans genre “la France préfèrent payer ses chômeurs que ses agriculteurs” (vu sur un tracteur) me semblent totalement déplacés: les agriculteurs souhaitent-ils qu’on n’indemnise plus les chômeurs (qui ont pourtant cotisé ) pour leur verser une allocation ?
      Les agriculteurs, s’ils veulent s’en sortir, doivent se remettre en cause fondamentalement, observer ce qui marche et renoncer à un fonctionnement (exploitations moyennes aux produits de qualité médiocre) qui n’a plus d’avenir.

      5 septembre 2015 à 11 h 45 min
      • seppidalsace Répondre

        Jauress, vous feriez un excellent ministre de l’agriculture !
        Déposez vite votre candidature avant que Valls ne choisisse un maghébin.

        6 septembre 2015 à 13 h 07 min
  • raymond Répondre

    amis agriculteurs pourquoi ne pas suivre l’exemple de vos confreres Wambrechitains,vous regrouper et créer des magasins ou se vendent vos produits et ainsi court-circuiter la grande distribution qui vous volent sans cesse .je n’ai jamais compris pourquoi des gens qui n’ont jamais bosse de leur vie puissent fixer le prix de produits que vous avez produit aux détriments de nombreuses heures de travail.je ne comprend pas non plus que vous acceptez un milliardaire a la tete de votre syndicat,et qui ne defend les interets que des gros

    5 septembre 2015 à 8 h 25 min
  • Jaures Répondre

    Il importe surtout que les agriculteurs s’affranchissent de la FNSEA qui défend avant tout les grands céréaliers millionnaires qui font payer au prix fort l’aliment aux éleveurs.
    Malheureusement ces derniers se font manipuler.
    Les éleveurs qui se sont tournés vers la qualité et les circuits courts exercent leur métier dans de bonnes conditions avec des revenus tout à fait honorables.

    4 septembre 2015 à 13 h 59 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *