Immigration : le débat confisqué

Immigration : le débat confisqué

Le discours sur l’immigration en France manque d’objectivité, faute de se nourrir des réalités chiffrées,
démographiques et économiques :

Pouvoirs publics, médias, experts n’inventent pas des chiffres, mais ils privilégient les
instruments qui relativisent l’immigration et présentent ses effets sous un jour favorable ou, lorsque ce n’est pas possible, qui mettent les immigrés ou leurs descendants en position de
victimes
. Dans notre pays, on semble plus préoccupé par l’effet de l’information que l’on diffuse que par la réalité qu’elle recouvre. Un climat antiraciste joue, qui
incite à la prudence: on cherche à éviter d’alimenter les craintes des Français et à améliorer leur opinion sur l’immigration. Dans notre époque mondialisée, l’immigration apparaît comme une
fatalité. Autant la présenter sous un jour favorable.

Pourtant l’immigration est, selon de nombreux observateurs, utile à notre économie?

C’est ce que l’on nous martèle de tous côtés, mais je n’ai pas lu beaucoup d’études traitant de la question
en France. Cette insistance contraste avec le silence assourdissant qui a accueilli le rapport du CAE [Conseil d’analyse économique dont le rapport sur l’impact économique
de l’immigration a été remis en mai 2009 à Eric Besson dans le silence le plus complet, NDMJ
], silence qui montre le peu d’intérêt pour la réalité, ou tout au moins pour un
diagnostic éclairé
. […] Si l’on ne doit pas savoir pour que Le Pen ne sache pas non plus, alors je trouve cela inquiétant. Pour moi, l’ignorance représente
le danger maximal
. […]

Un débat sur l’immigration est donc impossible?

Il est difficile. C’est sans doute en partie lié au passé (colonisation, Shoah…). Je crois aussi que nous
n’avons pas, comme les Anglo-Saxons, le culte de la libre expression. Ce n’est pas, chez nous, une question fondamentale. Au Royaume-Uni, par exemple, même si le débat est
virulent, des positions divergentes peuvent s’exprimer. En France, s’interroger sur les bienfaits annoncés comme inévitables de l’immigration, c’est déjà pécher. Etre
en faveur d’une politique migratoire plus restrictive est forcément répréhensible.
On fait alors immédiatement partie des “méchants” qui ne veulent pas accueillir des malheureux, et
l’accusation de racisme n’est jamais bien loin. Nous n’avons pas le goût de la vérité. Du coup, le débat est monopolisé soit par l’extrême droite, qui clame qu’il faut fermer
les frontières, soit par ceux qui pensent que l’ouverture totale des frontières est notre destin.” Michèle Tribalat, démographe, citée par le Salon
Beige

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