Indépendance technologique européenne ?

Indépendance technologique européenne ?

Il faut féliciter l’Union européenne quand celle-ci prend une bonne décision.

Le « Chips Act » lancé le 8 février en est une.

Son objectif est de relancer l’Europe dans la course technologique pour qu’en 2030, notre continent pèse 20 % – contre 9 % actuellement – du marché mondial de la production de semi-conducteurs (puces), ces composants indispensables au fonctionnement de toute l’économie, et plus seulement à la production d’équipements.

Dans ce but, près de 50 milliards d’euros vont être mis sur la table pour la recherche, la production et le financement de la filière.

36 milliards seront versés par les États membres, le reste se partageant entre la Commission européenne et la Banque européenne d’investissement.

L’UE s’affranchit au passage de ses propres règles sur la concurrence. On ne s’en plaindra pas, et on saura lui rappeler à l’avenir que la chose est donc possible.

Un bémol cependant.

L’UE ne s’est pas fixé un objectif d’autosuffisance. Pour la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la chose « est impossible ». Cette affirmation est cependant contradictoire avec un des objectifs du « Chips Act », à savoir être « résilient » en cas de crise et de pénurie internationale.

Comment l’être si on n’est pas capable d’être autosuffisant ?

On notera également que ce « Chips Act » de Bruxelles intervient un an après un « Chips Act » américain de même poids financier qui entend, lui, faire en sorte que les États-Unis passent de 13 % à 30 % de la production mondiale.

Enfin, l’UE s’appuie en partie pour cette reconquête technologique sur l’entreprise américaine Intel qui conditionne sa création d’usines en Europe à des subventions des pays européens. Les deux principaux sites seraient en Allemagne et en Italie. Pas en France.

Dans un tweet du 2 février, Thierry Breton, le commissaire européen à la manœuvre dans ce dossier, faisait en anglais un demi-aveu : « Nous sommes un continent ouvert mais à nos conditions. Les normes étaient auparavant une question technique. Elles jouent un rôle désormais dans la géopolitique. »

Traduction : face à l’Asie, l’UE ne se veut pas forte et indépendante, mais puissance complémentaire des États-Unis.

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    pour produire des puces et des batteries encore faut il avoir accès aux métaux rares !

    7 mars 2022 à 8 h 24 min

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