Juger les ministres ?

Juger les ministres ?

L’ancienne ministre de la Santé a été mise en examen pour mise en danger d’autrui par la commission d’instruction de la Cour de Justice de la République (CJR) à la suite de plaintes déposées par des soignants et des familles de victimes qui estiment tardives et erronées les réactions de l’exécutif face à l’épidémie de Covid-19.

L’inertie gouvernementale a été patente alors que la Chine était la proie de l’épidémie dès la fin 2019.

Même si ce pays a dissimulé la gravité du mal, le gouvernement ne pouvait pas ne pas être alerté, ou alors c’est à désespérer de l’utilité des ambassades et des services de renseignement.

L’exécutif ne fut pas plus réactif quand le danger s’est rapproché et il a autorisé l’accueil à Lyon de milliers de supporters italiens de football provenant justement de la zone infectée.

Après les atermoiements initiaux et les discours contradictoires, notamment sur l’utilité des masques, la politique sanitaire du gouvernement a été subordonnée à la préservation des hôpitaux incapables de gérer un afflux trop important de patients au point de décaler des opérations et des soins de malades hors Covid, au risque de nuire à leur santé.

Cependant, les difficultés du système de santé ne datent pas de ce gouvernement mais proviennent de la politique de restriction des dépenses de santé menée depuis longtemps par les gouvernements de tous bords.

Elle s’est traduite par un sous-équipement en matériels performants de diagnostic, un sous-effectif en personnels de santé, par ailleurs mal rémunérés, par une gestion plus comptable que médicale.

L’insuffisance capacitaire en soins d’urgence, la minimisation des stocks de masques ou de produits anesthésiants à l’origine des aléas de gestion de la crise sanitaire en sont l’illustration.

Cette politique d’économie plutôt que de bonne gestion constitue la véritable mise en danger d’autrui.

D’ailleurs, les gouvernements de M. Macron ont mené cette politique et, malgré les enseignements de la pandémie et le Grenelle de la santé, poursuivent la diminution du nombre de lits hospitaliers.

Mme Buzyn aurait dû être en bonne compagnie devant la CJR.

Au lieu d’exhiber en justice quelques têtes ministérielles qui, « responsables mais non coupables » depuis Mme Dufoix, ne seront condamnées au pire qu’à des peines légères, il serait plus utile de réformer les institutions pour rendre enfin efficace le contrôle de la politique du pouvoir par le Parlement dont les commissions ont plusieurs fois dénoncé les travers.

La censure des politiques publiques n’est pas l’affaire des juges mais celle du peuple, directement ou par ses représentants.

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