La croissance revient… Vraiment ?

La croissance revient… Vraiment ?

Depuis quelques semaines, François Hollande, Manuel Valls et la plupart des ténors de la majorité socialiste nous annoncent, sourire aux lèvres, que la croissance revient et que la politique menée depuis mai 2012 commence à porter ses fruits.

Au nom de quoi, ceux qui ne partagent pas l’enthousiasme médiatique pour la politique du gouvernement actuel (qu’ils soient de droite ou de gauche) sont priés de taire leurs critiques et d’adhérer au vaste mouvement « d’union sacrée » pour la croissance et l’emploi.

Le problème, c’est que tout cela repose sur une vaste opération d’enfumage et de propagande.

Tout d’abord, la croissance annoncée est, pour le moins, limitée. C’est ainsi que les cocoricos que l’on a entendus sur la croissance « meilleure que prévu » dans la zone euro en 2014 désignaient en réalité le passage de 0,2 % de croissance prévue à 0,3 % réellement enregistrés. La France se contentant de 0,1 %…

Rappelons, au passage, que la croissance devrait largement dépasser les 2 % pour que le chômage commence à baisser (ce qui est, paraît-il, la priorité de nos dirigeants depuis 40 ans !). Nous en sommes très loin.

En outre, de la même façon qu’à force de crier au loup, on se discrédite, à force de se féliciter du retour de la croissance, on invite les Français à douter. À peu près tous les 3 mois, le gouvernement socialiste nous annonce que la croissance revient. Sans que nous ne voyions rien venir…

Nous avons d’ailleurs pris l’habitude de ne rien croire des chiffres qui nous sont assénés à flots continus.

Tout récemment, l’excellent chroniqueur de BFM TV, Nicolas Doze, évoquait ainsi les chiffres du déficit public, dont Bercy venait d’annoncer qu’ils étaient, là aussi, « meilleurs que prévu » pour l’année 2014 : « Le déficit est à 4 % fin 2014, OK. Il n’est pas mieux que prévu : on a démarré 2014 avec une prévision de 3,6. En avril, on est monté à 3,8. En septembre, on est monté à 4,4. Le déficit est mieux que le pire chiffre du mois de septembre. »

Il serait bon que les oligarques comprennent que nous sommes au XXIe siècle et que, sur internet, nous gardons la mémoire et la preuve des errements politiciens. Il n’est plus possible de faire des manipulations aussi grossières qu’à l’époque de Staline où on gommait les opposants sur les photos officielles, au fur et à mesure de leur élimination.

Mais la propagande ne porte pas seulement sur l’annonce d’une croissance fantasmatique. Elle porte bien plus encore sur la responsabilité du gouvernement dans cette hypothétique croissance.

Non, ce n’est pas la politique socialiste qui porte ses fruits !

De fait, la croissance mondiale a bien des chances de repartir. Mais le pacte de responsabilité ou la loi Macron n’y sont pour rien.

Les éléments de cette croissance mondiale tiennent essentiellement à la baisse des prix du pétrole – baisse qui sera sans doute temporaire, mais qui réduit pour le moment le coût des échanges mondiaux.

Quant à la croissance de la zone euro, elle tient essentiellement à la baisse de l’euro (qui diminue le prix de nos exportations) et aux faibles taux d’intérêt.

À aucun moment, les usines à gaz de « soutien » aux entreprises françaises ne rentrent en ligne de compte.

Tout se décide hors de France, sans écouter nos éventuelles critiques.

On mesure d’ailleurs à quel point nos oligarques, toutes tendances confondues, ont intégré le fait que la France n’était plus une puissance souveraine, puisqu’à gauche, on se gargarise de résultats obtenus sans nous et qu’à droite, nul ne songe à en faire grief à la majorité !

Oui, selon le mot de Saint-Simon, nous sommes passés du gouvernement des hommes à l’administration des choses, de la politique à la technocratie.

Ce qui me surprend toujours, c’est que les politiciens, qui ont choisi, sinon d’encourager, au moins d’adhérer à ce processus, s’étonnent de leur discrédit dans la population.

Mais c’est bien le contraire qui serait étonnant : des hommes politiques qui nous disent que nous n’avons pas le choix, ne nous disent rien d’autre que ceci : il n’y a plus de possibilité pour d’autres choix politiques. C’est-à-dire : nous ne servons à rien.

Tous les Français sentent cela. Et cette inutilité des politiciens, jointe à la perception de leurs nombreux privilèges, rend la situation difficilement tolérable.

À défaut d’homme providentiel, à défaut même d’un homme d’État, la France rêve d’un homme politique qui accepte de faire… de la politique et non de la simple (mauvaise) gestion des affaires courantes !

Guillaume de Thieulloy

Partager cette publication

Comments (29)

  • goufio Répondre

    Ces comparaisos non pas de sens économique, ce n’est pas parce que ces états choisissent le mode keynésien que nous devons continuer à nous y conformer. Laisser l’entrepreneur entreprendre serait une bonne idée mais sans les penseurs de ce que doit être l’entreprises. Il est devenu de plus en plus impossible d’entreprendre dans ces pays keynésiens, l’éta se mêle de tout avec de plus en plus dde réglementations et de contrôles qu’il devient impossible de travailler et d’investir. Il est temps de partir et de laisser ces pays à ces intelligences qui vont nous démontrer l’effroyable réalité observée en siècle précédent: l’echec du socialisme, du communisme avec les morts et les malheurs constatés. Il ne s’agit pas d’économie et Quintius cincinnatus a raison.
    Goufio est chef d’entreprise et économiste depuis 40 ans. Je crois savoir de quoi je parle et de ce que je peux observer depuis 40 ans. Mais au fait que fait Jaurès dans la vie ?

    11 avril 2015 à 10 h 23 min
    • Jaures Répondre

      Goufio, tous les pays, même quand ils s’affichent libéraux, sont keynésiens.
      Cameron qui se rit de nous maintient un déficit public supérieur de 20% à celui de la France et soutient une politique d’endettement privé qui n’est pas sans risque.
      Reagan a amené le déficit public à un record jamais égalé.
      Dassault déclare que l’Etat doit réaliser 100 milliards d’économie mais qu’aurait-il dit si ce même Etat ne lui avait pas acheté ses 11 Rafales annuels depuis des décennies ?
      Nombre d’entreprises se plaignent de la chute des investissements dans les collectivités territoriales.
      Les entreprises sont comme les particuliers: elles veulent moins d’impôts mais autant de prestations et de commandes publiques.

      11 avril 2015 à 11 h 25 min
      • Moscovicelard Répondre

        En quoi tous les pays même lorsqu’ils s’affichent libéraux sont-ils keynésiens ? Pourriez-vous expliciter cette intéressante remarque? Merci.

        11 avril 2015 à 20 h 36 min
  • BRENUS Répondre

    Qu’espériez vous attendre de la part d’illusionistes? Moije ne voulait il pas “réenchanter le REVE français”. A certains on peut dire sans risque de se tromper “plus con que toi, tu meurs”. Je mets le cas JOJO à part : lui c’est un malin qui s’est probablement toujours nourri à la grande gamelle. Donc, normal qu’il la défende envers et contre tout , y compris en racontant des bobards, ce dont il ne se prive jamais.

    10 avril 2015 à 19 h 48 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    The main detractor on this site is a lazy couch poodle. No matter how hard you try to explain it he will never understand what is a sledge pulling malamute.
    Dish him out some canned Pedigree dog food so he stops barking.

    9 avril 2015 à 18 h 53 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    François Hollande fait une petite sieste dans son hamac …les pieds en éventails, il attend, béatement, les vents nordiques qui rafraichiront ” son ” économie … on ne change pas facilement quelqu’ un qui n’ a jamais vraiment travaillé de sa vie … voyez @ Jaurès qui trouve que tout va bien mieux chez nous que chez les voisins et cela …. sans efforts !

    9 avril 2015 à 13 h 47 min
    • Jaures Répondre

      “Jaurès qui trouve que tout va bien mieux chez nous que chez les voisins”.
      Je n’ai évidemment jamais écrit cela.

      9 avril 2015 à 17 h 37 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        vous êtes ” oublieux “( ? ? ? ) même de vos propres propos … relisez vous !

        10 avril 2015 à 8 h 45 min
        • Jaures Répondre

          Faites-donc un copier/coller. Je ne peux pas relire ce que je n’ai pas écrit.

          10 avril 2015 à 19 h 09 min
          • quinctius cincinnatus

            vous pensez peut être que je suis votre secrétaire particulier sur le blog ?

            11 avril 2015 à 13 h 33 min
          • Jaures

            Non, je pense simplement que vous avez écrit une bêtise.

            11 avril 2015 à 14 h 41 min
          • quinctius cincinnatus

            alors prouvez la !

            11 avril 2015 à 15 h 15 min
        • Jaures Répondre

          « Jaurès qui trouve que tout va bien mieux chez nous que chez les voisins » dîtes-vous.
          Je n’ai jamais écrit cela et vous êtes d’ailleurs incapable de trouver telle phrase dans mes posts. Donc vous avez écrit une bêtise. CQFD.

          11 avril 2015 à 16 h 03 min
          • quinctius cincinnatus

            cherchez bien et vous trouverez ! même si vos propos sont … subliminaux …

            11 avril 2015 à 16 h 13 min
  • Guy Marquais Répondre

    N’oublie pas Jaurès ” l’argent des riches est ” investissement” l’argents de pauvres est ” consommation”
    Alors inutile de monter le peuple contre les sommes engrangées par quelques patrons….à moins que l’ISF les chasse en Suisse, c’est de l’argent que l’on retrouvera dans le circuit économique qui en a d’ailleurs bien besoin. L’argent ” consommé” par contre profite plus aux chinois qu’à notre pays !

    9 avril 2015 à 11 h 26 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      la géo-politique , la géo-économie, bref tout ce qui demande une vision ou une conception spatiale de la politique ne sont pas la tasse de camomille de @ Jaurès !

      11 avril 2015 à 16 h 16 min
  • gilbert Répondre

    on cherche des recettes miracles, on invente un “fond” sans fond pour aider les entreprises à investir, avec quel argent, celui des impôts qui sont censés ne pas augmenter,

    ils ont du mal à décider que plutôt de “donner” aux entreprises (toujours les mêmes, il y a de fortes chances), mieux vaudrait ne pas leur prendre ou prendre moins,

    mais là les syndicats veillent au grain, pas question de faire des cadeaux aux exploiteurs du peuple,

    alors on réinvente le fil à couper le beurre et une machinerie qui éventuellement permettra de placer copains et coquins et coquines, n’oublions pas la parité chère à leur cœur.

    comme dirait l’autre, “on n’est pas sorti le cul des ronces”.

    9 avril 2015 à 9 h 11 min
    • Jaures Répondre

      “Prendre moins aux entreprises”, pourquoi pas mais à condition que ce qui n’est pas pris aux entreprises ne serve pas qu’à garnir le compte en banque des actionnaires ou des grands patrons. Carlos Ghosn s’est ainsi attribué l’équivalent du salaire annuel de 50 ingénieurs, soit plus de 160% d’augmentation !
      Et n’oublions pas que les cotisations servent à payer retraites, système de santé et allocations chômage.
      Il est donc compréhensible que les salariés soient vigilants: la baisse des charges ne doit pas simplement servir de vase communicant entre les salaires et pensions des travailleurs et les dividendes des actionnaires.

      9 avril 2015 à 10 h 53 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        l’ ENVIE est l’ Origine de toutes les guerres … méritez vous AU MOINS ce que vous gagnez ?

        9 avril 2015 à 13 h 50 min
        • Jaures Répondre

          Etrange que vous me ressortiez régulièrement cet argument.
          Quand vous critiquez la polygamie, est-ce par ENVIE ?
          Ne vous passe-t-il pas par la tête que l’on puisse avoir d’autres préoccupations que gagner plus que le voisin ?
          Si Carlos Ghosn avait augmenté l’emploi de 160% chez Renault je serais le premier à proposer pour lui une augmentation, si gagner quelques millions de plus lui fait tant plaisir, comme autrefois les enfants une image supplémentaire à leur collection.

          9 avril 2015 à 17 h 34 min
          • quinctius cincinnatus

            Parce que vous confondez ( consciemment ) le sens de la justice avec l’ envie ; cette ” confusion ” voulue est le fondement même de la constitution de ” l’ appareil socialiste ” et vous en serez vous même, tôt ou tard, la ” victime ” si … vous n’ arrivez pas … au sommet de la hiérarchie … C’est ce que nous apprend l’ Histoire lorsqu’ elle est vue par un esprit libre

            10 avril 2015 à 9 h 02 min
          • goufio

            Il suffit de penser que sans les entreprises il n’y aurait rien à partager. Prendre quoique ce soit c’est toujours le prendre aux entreprises qui le répercuteront sur les consommateurs après avoir servit charges et salaires et le solde servira à investir et provisionner et bien entendu rémunérer le risque des apports capitalistiques car sans épargne il n’y a pas d’économie, et sans économie pas de Jaurès.

            11 avril 2015 à 10 h 12 min
          • goufio

            Avez-vous interviewé M Carlos Ghosn pour connaître ainsi sa motivation ou supputez-vous comme d’habitude.

            11 avril 2015 à 10 h 15 min
          • Jaures

            Goufio, je suis d’accord que ce sont les entreprises qui créent les richesses. Cependant, la question qui se pose est que devient le produit de ces richesses ? Quelle part pour l’entreprise (investissements), les salariés et les actionnaires ? C’est là l’objet des négociations ou luttes.
            Car si sans épargne il n’y a pas d’investissement, sans travailleurs il n’y a pas de richesses produites.
            Par ailleurs, l’investissement public sert à tous, y compris aux entreprises.
            Quant à la valse des millions que s’octroient certains patrons, actionnaires ou footballeurs, je dois avouer qu’elle dépasse mon entendement. Est-elle seulement rationnelle ? J’en doute.

            11 avril 2015 à 11 h 15 min
          • quinctius cincinnatus

            les entreprises peuvent créer des richesses mais aussi à la condition de ne pas employer que des @Jaurès !

            11 avril 2015 à 15 h 17 min
  • obachiwa Répondre

    Une fois de plus cher M. de Thieulloy je partage votre point de vue mais le probleme, une fois de plus, est que les francais revent, pas seulement d’un homme providentiel, qui ferait de la politique, mais simplement: revent. Ils attendent, ils attendent et ils attendent. C’est le ciel qui va leur tomber sur la tete oui. Il n’y a rien a attendre de qui que ce soit.

    Il faut AGIR. Et les seuls qui agissent sont ceux qui livrent tout a la destruction. Alors peut etre faudrait-il les aider. Plus vite on arrivera en bas et plus vite enfin, on pourra remonter. J’aimerais tant qu’il en soit autrement, mais il faut malheureusement se faire une raison.

    9 avril 2015 à 2 h 00 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Je propose @ Jaurès comme porte-parole du Gouvernement ( français ) pour les questions ( sans réponses ) économiques … lui, au moins, ne manie pas la langue de bois ; c’ est plutôt du ” munchmallow ” !

    8 avril 2015 à 18 h 41 min
  • Jaures Répondre

    Mais comment diable ont fait les autres ?
    Le Royaume Uni augmente son déficit, endette largement les ménages et a largement profité d’une livre faible.
    Les Etats-Unis sont en déficit permanent, ont une dette record et, comme le R.U pratiquent la titrisation à outrance. A cela ils ont ajouté l’exploitation brutale du gaz de schiste
    Où se trouve l’originalité économique ? La politique gagnante ?
    De même sur le chômage: la moyenne de croissance de l’Allemagne de 2009 à 2013 a été de 0,7%. Parallèlement, le chômage est passé de 7,8 à 5,2%.
    On voit que le chômage peut nettement baisser avec une croissance inférieure à 1%.

    8 avril 2015 à 17 h 54 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      quand la population active vieillie et part en retraite ( en général vers l’ âge de 67 ans en R.F.A. ), quand les générations nouvelles sont squelettiques, quand les ” immigrés ” sans emplois depuis 6 mois, regagnent leur pays d’ origine selon la législation allemande et que la robotisation ( qui remplace ces gens là ) bat son plein le … chômage diminue sans pour cela qu’ il soit nécessaire d’ avoir une croissance à 1,5 % ( c.q.f.d. )

      11 avril 2015 à 18 h 31 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *