La droite accumule les erreurs et perd le Sénat

La droite accumule les erreurs et perd le Sénat

Dimanche 25 septembre, le Parti socialiste et ses alliés de gauche (Com­munistes, Verts, et Ra­dicaux de gauche) ont réalisé une poussée remarquable au sénat : la gauche y a obtenu la majorité absolue, avec 177 sièges sur 348.

Ce n’est pas la première fois que la chambre haute se retrouve dans l’opposition (elle l’a été sous De Gaulle, puis sous les législatures socialistes). Ce n’est même pas la première fois que la gauche y est majoritaire, comme on l’entend ces jours-ci dans les médias (le sénat a été dominé par le radical-socialisme pendant une bonne partie de la IIIe République). Mais c’est la première fois que la gauche y est majoritaire depuis 1958.

Ce succès électoral (la gauche a gagné 25 nouveaux sièges) fait suite à un succès, d’ailleurs plus grand encore, en 2004. Et donne donc la majorité absolue à une gauche qui a, progressivement, regagné tous les échelons locaux qu’elle avait perdus dans les années 1980.
Plus qu’une victoire de la gauche, c’est une défaite de la droite.

La gauche a gagné, parce que la droite a accumulé les erreurs.
La première erreur, c’est, bien sûr, la division. Le nombre de candidatures dissidentes a été impressionnant. Dans les départements où l’élection se pratiquait au scrutin majoritaire, cette division était parfois rattrapable entre les deux tours (mais pas toujours). Mais, au scrutin proportionnel (dans les départements où l’on élisait plus de 3 sénateurs), cette division a fait perdre beaucoup de sièges.

Je note, en passant, que l’union à droite est le contraire de l’union à gauche. À droite, nous passons nos journées à réclamer l’unité, ce qui conduit à anesthésier le débat. Mais, lorsqu’arrivent les élections, chacun part en ordre dispersé. À gauche, ils ne sont d’accord sur rien. Mais, ils arrivent unis aux élections. Inutile de dire que leur tactique est autrement plus efficace que la nôtre !

La deuxième erreur de la droite fut, sans conteste, d’avoir négligé les élections locales
depuis des années.
Et cela, au moment même où la décentralisation conférait d’énormes pouvoirs aux exécutifs locaux !

Il était mécanique que cette désertion produise un jour des fruits aux élections sénatoriales (même si je faisais partie de ceux qui croyaient que le basculement n’arriverait qu’en 2014, au prochain renouvellement sénatorial, et non en 2011).

Enfin, la troisième erreur de la droite reste d’avoir accepté, et de continuer à accepter, l’oukase mitterrandien interdisant toute entente entre la droite parlementaire et le FN.

Certes, cet oukase n’a pas eu d’influence immédiate sur le scrutin sénatorial (encore que le sénateur UMP Jacques Blanc a été battu, après avoir manqué d’une seule voix, celle du candidat FN, l’élection au premier tour). Mais il en a eu sur la perte de la plupart des régions à partir de 1998.
Or, les socialistes utilisent abondamment l’argent public pour aider les élus qui votent, en retour, pour eux aux sénatoriales…
Il est donc parfaitement illusoire de croire gagner le sénat (comme tous les échelons du pouvoir politique) sans accepter l’entente à droite.

Que va-t-il se passer désormais ?

L’élection d’un président socialiste au sénat, le 1er octobre prochain, paraît l’hypothèse la plus vraisemblable
. Ce ne sera pas simple pour la gauche de s’unir derrière un candidat. D’abord, parce qu’il y a de nombreuses tendances de gauche, qui, toutes, feront payer cher leur ralliement. Ensuite, parce que le président du groupe PS, Jean-Pierre Bel, sera fortement con­testé par des grands « barons » de son propre groupe. Enfin, parce que le PS est en campagne pour les primaires et que la proximité de tel candidat au plateau avec tel candidat à la primaire pourra lui nuire. Malgré cela, je ne crois pas que la gauche gâchera sa chance historique.

En toute hypothèse, et à supposer que Gérard Larcher soit réélu à la tête du sénat, la droite sera minoritaire dans chacune des commissions (elle est devancée de 6 sièges et il y a 6 commissions…). Par conséquent, le sénat deviendra une chambre d’opposition jusqu’au mois de mai 2012. Dans la pratique, il ne servira qu’à faire de l’obstruction parlementaire et à fournir une caisse de résonance à la gauche pour la campagne.

Il n’est pas certain que cela handicape Nicolas Sarkozy. De même qu’il n’est pas certain que garder le perchoir dans son camp l’aiderait. Les scrutins et les corps électoraux sont trop différents. Mais c’est, en tout cas, un bien mauvais signal que reçoit la droite au seuil de cette campagne. Souhaitons qu’elle soit capable d’entendre ce signal et qu’elle réagisse vite. Sans quoi la gauche pourrait bien disposer, dans huit mois, de plus de pouvoirs encore que Mitterrand en 1981…

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Comments (8)

  • sas Répondre

    la droite perd puis la gauche revient puis l inverse….

    dans les faits LA FRANC MACONNERGARDE TOUJOURS ELLE LE POUVOIR PARTOUT OU IL EST DECISIF ET GRASSEMENT REMUNERATEUR….

     

    droite, gauche arretez de nous prendre que pour des cons de profanes….mais les lois ne concernent ni les uns ni les autres……

     

    J AI DIT

    sas

    1 octobre 2011 à 20 h 31 min
  • vozuti Répondre

    sur les 4V,  la plupart des articles sous-entendent que l’UMP est un parti de droite libérale qui fait du socialisme "à l’insu de son plein gré" par peur et qu’il faut constamment l’encourager à mener la politique de droite pour laquelle il a été élu.              mais si comme vous le pensez, l’UMP est composé de gens de droite qui en sont réduits par couardise à agir de manière plus socialiste que les socialistes,quel est l’interet de voter pour eux?                 autant voter directement pour le PS,cela ne pourra pas etre pire.

    1 octobre 2011 à 2 h 59 min
  • IOSA Répondre

    La droite perd des sièges au Sénat…parce que les électeurs-moutons votent à Gauche par dépit et non par conviction.

    Hé oui, ils sont tellement idiots, qu’ils votent encore gauche en attendant de revoter à droite (parce que la Loi donne le droit de voter à des blaireaux).

    A croire qu’il existe que deux directions pour eux.

    Au fait les blaireaux, vous pouvez aller tout droit en ligne droite……tout au bout il y a le FN et c’est la seule direction d’avenir.

    IOSA 

    29 septembre 2011 à 22 h 01 min
  • vozuti Répondre

    revizor:"les élections importantes ont été gagnées par la droite"   "l’election se fera sur l’immigration, la fiscalité, la sécurité"              depuis que ce que vous appelez la droite a été élu en 2002 puis 2007,le taux d’immigration a augmenté et la fiscalité s’est alourdie pour devenir la plus élevée au monde.      le PS avait une politique moins gauchiste que cet UMP que vous appelez la droite.

    29 septembre 2011 à 14 h 41 min
  • revizor Répondre

    Je trouve qu’on fait beaucoup de bruit pour rien. C’est ce qu’on appelle plutôt la guerre psychologique.Certes le Sénat , certes il y a eu les régionales et Dieu sait quoi encore.

    La gauche gagne les élections locales du fait du mode de scrutin  et aussi du fait de la moindre participation du peuple.

    Par contre les élections qui déterminent l’avenir du pays , à savoir la présidentielle et les législatives, qui se font au scrutin uninominal majoritaire à 2 tours, ont été gagnées ces dernières années par la droite et il en sera de même en 2012.

    L’élection se fera en effet sur la fiscalité(en fait l’économie) l’immigration et la sécurité.

    28 septembre 2011 à 22 h 05 min
  • HOMERE Répondre

    Oui,et le Hollandisme rajeunit à retardement….

    Les Mairies,Cantons,Communautés des coms,Conseil Généraux et Régionaux,Sénat et bientôt Assemblée Nationale et Président de la République,nous préparent un goulagh rougeoyant sans partage…que nous allons être heureux !!

    Bien sûr il faudra,quand même,rendre des comptes….et vite….car après les festivités…au boulot les gauchiques.Dans les rues citoyens…la rue Solférino va en voir des défilés de mécontents,car il y en aura légions.Médiapart au chomage, Libé coulé,le Canard sans farine,les MJS sans Hitler,le Syndicon de la Magistrature muet,les Syndicons des travailleurs sans banderoles….Ah que le "Tout sauf Sarko"était joli….vous allez voir le Mélenchon au travail……quelle unité !! Euh euh !!

    A moins que les crevards de droite se la jouent perso,alors le plaisir deviendra une extase !!!

    Mon Dieu sont ils bêtes !!

    28 septembre 2011 à 18 h 53 min
  • vozuti Répondre

    la différence entre la droite et la gauche se situe au niveau de leurs électeurs respectifs qui adhèrent soit au discourt  PS soit au discourt UMP.         mais si l’on s’en tient aux faits l’UMP est plus socialiste que le PS:              avec le gouvernement UMP le nombre d’immigrés légaux qui rentrent est plus important que sous jospin et le taux de prélèvements est également plus élevé puisque la france est désormais le pays le plus taxé au monde alors qu’elle était en troisième position lorsque le PS gouvernait.                       le problème en france, est que l’on attache plus d’importance aux paroles qu’aux faits.     on peut discuter très longtemps en refusant de regarder les faits; mais qui est tetu ?   les faits?        ou les commentateurs qui tournent la tete pour ne pas voir la réalité,et continuer à discuter dans le vide?      

    28 septembre 2011 à 14 h 38 min
  • Jaures Répondre

    Pour qu’une analyse soit juste, il faut en remettre les différents éléments dans l’ordre.

    La droite perd les élections locales parce que les électeurs sanctionnent sa politique. Elle a perdu la confiance des grands électeurs car ceux-ci constatent chaque jour les effets de la réforme territoriale. Du fait que la droite perd une à une chaque élection depuis 5 ans, cela crée des fêlures au sein de la majorité, les élus craignant de tout perdre lors des prochaines présidentielles. Cela attise les divisions, exacerbe les conflits de tendances et de personnes qui existent toujours et partout.
    Enfin, une alliance avec le FN marquerait l’éclatement définitif de l’UMP et une déroute de la droite, une grande majorité d’électeurs ne voulant à aucun prix du FN au pouvoir (en plus, Marine Le Pen a exclu toute alliance avec l’UMP: http://www.dailymotion.com/video/xcxz86_marine-le-pen-exclut-tout-rapproche_news).

    Ce à quoi on assiste est une atmosphère de fin de règne qu’on trouve parfois après un exercice du pouvoir de 10 ou 15 ans.
    Le sarkozysme vieillit prématurément.

    28 septembre 2011 à 13 h 08 min

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