La droite est mal armée

La droite est mal armée

En nombre d’électeurs, la droite, toutes tendances confondues, a la majorité dans le pays et cela depuis très longtemps. Mais le suffrage universel est la seule arme de la droite, ce qui prouve d’ailleurs à quel point elle est démocrate. La gauche, en revanche, fait flèche de tout bois et, lorsque le suffrage universel lui donne congé, elle utilise sans vergogne les autres armes dont elle dispose : les grèves, les médias et la rue, autrement dit le chantage, la démagogie et l’intimidation, ce qui prouve à quel point elle N’EST PAS démocrate. La gauche n’accepte jamais des élections perdues, car les « bien-pensants » de gauche sont si convaincus de détenir la Vérité qu’à leurs yeux un électeur de droite ne peut être qu’une « brebis égarée ».

On me dira que c’est réciproque. Eh bien, pas tout à fait. Les gens de droite ne sont nullement convaincus de posséder la science infuse et ils savent parfaitement que lorsque la gauche gagne des élections, c’est parce que la droite a fait des sottises. Les gens de droite n’ont pas d’idéologie. Ils s’efforcent seulement de chercher les recettes empiriques et pragmatiques grâce auxquelles la nation pourrait se mieux porter. Malheureusement, même lorsqu’ils les trouvent, les gouvernants de droite ont rarement le courage de les appliquer, parce qu’ils savent que dans ce cas, la gauche va aussitôt utiliser ses armes de rechange : la grève, la manif et l’intoxication médiatique.

On le voit très bien aujourd’hui. La gauche, impuissante à l’Assemblée nationale à stopper les réformes du gouvernement, pourtant bien timides et insuffisantes, passe le relais aux syndicats énervés, aux lycéens surexcités et aux journalistes inféodés. Ces derniers ne cessaient de répéter dans les médias, début mars, que cent mille lycéens dans les rues pourraient faire reculer la réforme Fillion, manière déguisée de dire aux lycéens : « Allez-y ! Si vous êtes cent mille, vous gagnerez ! » Alors que cent mille lycéens dans toute la France, cela reste une infime minorité sur le total des élèves.

Le mythe de mai

Rien n’est plus facile que d’exciter les étudiants et les lycéens. Car le mythe de mai 68 a la vie dure et la jeunesse de gauche rêve toujours de refaire la pseudo-révolution de ses parents ou grands-parents. Alors, faisons un peu d’Histoire : En mars 1968 commence le « Printemps de Prague », avec le programme libéral d’Alexander Dubcek, soutenu par la révolte de la jeunesse tchèque qui veut secouer le joug soviétique. Le mouvement est en passe d’enflammer tous les pays communistes et on se fait du souci à Moscou. Les stratèges du Kremlin veulent engager une répression violente, mais ils craignent une réaction musclée des Occidentaux. Ils ont alors une idée de génie : ils activent leurs agitateurs dans toutes les universités occidentales et ceux-ci poussent devant eux les Cohn-Bendit, Geismar, Sauvageot et consorts, qui se prennent pour des meneurs et ne sont que des marionnettes. Les Russes ont un double but : a) faire croire au monde entier que la jeunesse conteste partout et que la révolte de Prague n’est donc pas une révolte anticommuniste, b) faire comprendre aux Occidentaux qu’ils peuvent créer la « chienlit » chez eux si ceux-ci ne leur laissent pas les mains libres à l’Est.

Le 22 mars 1968, le président tchèque Novotny, un pur stalinien, est déposé par Dubcek. Le soir même de ce 22 mars, des étudiants français manifestent violemment à Nanterre et créent le « Mouvement du 22 mars ». En avril et mai, tout s’amplifie de part et d’autre. Le 29 mai, De Gaulle, déstabilisé, se rend en hélicoptère à Baden-Baden, pour se concerter, dit-on, avec le général Massu. Une fois sur place, il disparaît durant deux heures et personne ne saura jamais où il est allé ni qui il a vu. (Je rappelle que Baden-Baden est exactement à égale distance de Paris et de Prague). Le 30 mai, De Gaulle est de retour, ragaillardi, et lance aux Français un vibrant appel qui rassemble un million de personnes sur les Champs-Élysées. Ce même 30 mai, le général russe Kazatov entre avec ses blindés en Tchécoslovaquie et se prépare à écraser le « Printemps de Prague ». Ce sera fait en juillet-août, après les élections françaises de juin, triomphe gaulliste. La Tchécoslovaquie est envahie par 650 000 soldats des pays de l’Est fidèles à Moscou. À l’Ouest, personne ne bouge. Nos soixante-huitards, qui croient encore avoir servi la liberté, ont en réalité contribué à retarder de 30 ans la chute du mur de Berlin. Qui va expliquer cela à nos lycéens ?

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Comments (14)

  • LESTORET Répondre

    Je serais plutôt de votre avis Isocrate. Mr Pierre Lance fait l’histoire à sa manière de façon à présenter comme conclusion ce qu’il formule comme hypothèse. Cela n’a d’ailleurs pas grande importance, étant donné que Mai 68 est de l’histoire ancienne qui n’a rien à voir avec la situation actuelle. Ceci dit, je l’ai déjà expliqué autre part je crois, si les lycéens avaient un bulletin de vote en mains ils seraient traités autrement. Hélas, ce ne sont que des gamins qui n’ont pas encore l’âge de voter d’une part et leur mouvement n’a pas été assez important ni bruyant pour amener les Syndicats d’abord et les partis ensuite à “prendre le train en marche”. Vous voyez donc: rien à voir avec Mai 68. Quant à savoir si c’est un bien ou un mal, c’est me semble-t-il un autre débat.

    24 mars 2005 à 17 h 39 min
  • Pierre LANCE Répondre

    A Isocrate : Je suis très impressionné par les extraordinaires informations de votre commentaire, et j’avoue être battu à plate couture sur le plan de la fantaisie, et plus encore de la myopie. Le PC et la CGT tombaient des nues ? Parbleu ! Parce que vous vous imaginez que Moscou allait les mettre au courant de sa stratégie, alors que pendant des décennies le Kremlin a roulé dans la farine les PC occidentaux, simples pions dans son jeu d’échecs. D’autre part, où ai-je dit dans mon article que De Gaulle était allé à Prague ? Avant de commenter, il faut tout de même lire avec soin. Il n’a disparu que pendant 2 heures. Bien entendu il est resté à Baden-Baden, ayant fait la moitié du chemin entre Paris et Prague. Je laisse toujours à mes lecteurs l’occasion de deviner quelque chose. Vous auriez pu deviner par exemple, que De Gaulle pouvait aussi demander à Massu d’envoyer ses blindés à Prague pour soutenir Dubcek et les étudiants. C’était certainement une hypothèse envisagée. Il ne l’aurait sans doute pas fait, mais il a pu mettre ce poids dans la balance vis-à-vis des Russes. Il ne faut pas oublier que ceux-ci, malgré leur puissance, étaient très inquiets du Printemps de Prague, car tous les étudiants des pays de l’Est étaient prêts à emboîter le pas au Tchèques. Amitiés à tous. PL

    24 mars 2005 à 17 h 35 min
  • sas Répondre

    a lance, la droite mal armée ???LA FRANCE n’a jamais été de gauche ni de cette droite ump/UDF affairiste,vérolé et sectaire…UN HOMME = une voie et lepen serait président…c’est exactement pour cela que le vote n’est pas obligatoire en FRANCE;les démocraties occidentales sont mieux “habillées”que les vrais dictatures tribales , mais sur le fond c’est le même fonctionnement que chez SADAM…cooptation,népotisme et faux electeurs….et dire que c’est pour leur apprendre a mieux tricher qu’on leur fait la guerre…. sas

    22 mars 2005 à 21 h 47 min
  • Thierry Répondre

    Mai 68 en France ou pas, MOscou aurait de toute façon broyé la révolte tchèque menée d’ailleurs en grande partie par les étudiants qui devaient probablement suciter aux aparachiks des propos assez semblables aux vôtres. Question: à qui la droite doit-elle sa victoire en 2002 ? A la cohérence, l’ambition et la clairvoyance de son programme ou à une campagne médiatique sans précédent autour de l’insécurité menée par les médias?

    22 mars 2005 à 13 h 48 min
  • Thierry Répondre

    Mai 68 en France ou pas, MOscou aurait de toute façon broyé la révolte tchèque menée d’ailleurs en grande partie par les étudiants qui devaient probablement suciter aux aparachiks des propos assez semblables aux vôtres. Question: à qui la droite doit-elle sa victoire en 2002 ? A la cohérence, l’ambition et la clairvoyance de son programme ou à une campagne médiatique sans précédent autour de l’insécurité menée par les médias?

    22 mars 2005 à 13 h 48 min
  • Adolphos Répondre

    “Mais chacun sait qu’elles ne sont faites que pour rêver. Et accessoirement, pour “bourrer le mou”.” Oui, ca bourre le mou, la preuve : suffit de vous lire.

    21 mars 2005 à 19 h 35 min
  • Bourbaki Répondre

    Pierre Lance a dirigé cette semaine son lance-pierres (*) vers les affreux Cocos, véritable chancre de l’humanité. (*) OK, elle est un peu facile, mais je n’ai pas pu résister. Il est vrai que cela pourrait faire un joli film, avec Arnold le facho (Son nom est décidément trop difficile à orthographier), dans le rôle du gentil conseiller technique prêté par la CIA au grand sauveur de la patrie française… Quelques rafales de mitrailleuses tenues, siouplait, d’un seul bras, quelques jolies filles et un peu de Karate… Ah ! Que les productions capitalistes sont saines et édifiantes, en plus d’être superbes ! Mais chacun sait qu’elles ne sont faites que pour rêver. Et accessoirement, pour “bourrer le mou”.

    20 mars 2005 à 22 h 40 min
  • La Raison Répondre

    “Les gens de droite n’ont pas d’idéologie. Ils s’efforcent seulement de chercher les recettes empiriques et pragmatiques grâce auxquelles la nation pourrait se mieux porter.” Laissez-moi rire. Les gens de droite ont bien une idéologie: c’est le socialisme. Leurs recettes empiriques consistent à jeter l’argent par les fenêtres afin de résoudre les problèmes (sans pour autant les résoudre, bien au contraire) et à augmenter les impôts quand il n’y a plus rien dans les coffres. Non Monsieur, n’essayez pas de rassurer vos lecteurs, la droite française ne vaut pas mieux que la gauche. Comme dit Reichman: “Une fois de plus se vérifie la profonde connivence entre les deux forces politiques qui gouvernent le pays depuis plusieurs décennies. Leur lien secret, c’est le maintien du système social français, qui assure aux politiciens tout pouvoir sur la société par le biais des masses financières dont ils exercent le contrôle et qui interdit aux classes moyennes de bénéficier de l’aisance financière qui leur permettrait de jouer le premier rôle politique dans le pays.”

    20 mars 2005 à 21 h 36 min
  • isocrate Répondre

    Analyse tout à fait fantaisiste. Les événements de mai 68 nanterro-parisiens ont pour origine des mouvements étudiants antérieurs aux USA, pas les antichambres du Kremlin. Les mouvements d’extrême gauche (gauchistes) non affidés au PCF ont mené la danse tout au long de mai. Le PCF et la CGT qui tombaient littéralement des nues ont suivi tant bien que mal, mais n’ont jamais rien compris aux évènements, d’un bout à l’autre. Moscou avait dû oublier de leur expliquer… De Gaulle avait bien d’autres chats à fouetter que d’aller à Prague – pour y faire quoi d’ailleurs? et il n’allait pas risquer de se faire pincer là bas par des paparazzi, si tant est qu’il ait pu traverser le rideau de fer! Il allait tout simplement à Baden-Baden auprès de Massu pour voir ce que ferait l’armée au cas où…mais Massu qui n’était pas la moitié d’un idiot s’est contenté de remonter les bretelles (et le moral à zéro) du Général, avec un certain succès – d’où la manif du 30 mai et la suite (élections piège à cons!). Un point c’est tout. Tout cela est archi connu, analysé, écrit, filmé, diffusé. Bien à vous.

    20 mars 2005 à 18 h 56 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Il faudrait d’abord se demander si ce que Pierre LANCE, comme d’ailleurs l’ensemble des médias appelle “la droite” (sans doute pour leur permettre de qualifier la droite nationale d’ “extrême” !)est bien LA DROITE. Je rappelle à ce sujet ce propos (faussement ingénu ?) de CHIRAC Ier alors qu’il était en campagne pour les dernières présidentielles. Répondant au micro de RTL: “Etes-vous de droite ?”, il avait énoncé: “Le parti qui me soutient se dit de droite !”. Il il y a (aura) toujours des gogos “de droite” pour voter pour lui et pour l’UMP. Quant à “68”, il s’agit d’une révolution (suscitée certainement par des partis de l’étranger: il n’ya a qu’à voir quelles en étaient les principales têtes, toutes “cosmopolites”) qui s’inscrit dans la droite lignée de 1789. La “Révolution française à tué la Royauté et supprimé les privilèges (d’autres se sont chargés de se les attribuer !), et cette de Mao 68 a tué les véritables valeurs bourgeoises: le Travail, la Famille. Je n’ose ajouter: la Patrie ! En ce qui concerne la fin de la chronique “lancienne”, dans laquelle il suggère que De Gaulle aurait pu faire un saut à Prague pour “négocier” avec ce qu’il appelait dans ses formules inimitables “la chère Russie”, cela s’inscrit bien dans la nature du personnage qui avait avoué “Je feins de feindre pour mieux tromper les gens”. Il aurait bien pu ainsi feindre d’aller méditer à Baden Baden ! Bien cordialement à toutes et à tous, Jean-Claude Lahitte

    20 mars 2005 à 17 h 58 min
  • gustave rodriguez Répondre

    de gaulle état ragaillardi parce qu’il avait eu la promesse que les communistes aux ordres de Moscou le laisseraient au pouvoir. en échange il a fermé les yeux sur les tueries soviétique. Chirca est bien son héritier.

    20 mars 2005 à 14 h 37 min
  • t..larger Répondre

    pour essayer de compléter votre 1ère partie, la gauche actuelle est essentiellement externe, donc conflictuelle: les problèmes viennent des autres ( bourgeois, capitalistes, américains, etc…)et c’est en mettant à contribution les autres ( impots, travail forcé, partage des richesses,…) qu’on résoudra les problèmes essentiellement liés à la comparaison avec son voisin (inégalités et lutte des classes). On aimerait que la droite rappelle que l’essentiel consiste en l’effort personnel de s’assumer et de contribuer par son travail à l’enrichissement individuel et collectif qui ne sont pas forcément incompatibles. une problématique interne et moins systématiquement conflictuelle, sauf avec soi même éventuellement

    20 mars 2005 à 10 h 36 min
  • david Martin Répondre

    interessante théorie , en effet. Pour l’essentiel , je suis d’accord avec le fait que les méthodes “musclées” de la gauche” n’ont pas trop à voir avec le scrutin démocratique.

    20 mars 2005 à 7 h 58 min
  • Stéphane Répondre

    Mai 68 ne serait en fait qu’un avatar de la guerre froide ? L’idée est séduisante car la pseudo-révoltution de bobos, qui nous pollue depuis près de 40 ans, est enfin ramenée à un théâtre de pantins dont les ficelles sont tirées par les Soviétiques. Toutefois, dans ce cas, il faudrait expliquer pourquoi le PC soviétique a manipulé les trosko-maoïstes plutôt que les cadres du PCF ? Il faudrait creuser un peu plus la piste et mettre au jour plus d’éléments que les coïncidences relevées (22 mars à Prague et à Nanterre, disparition du Général… à Prague ?) Avis aux amateurs !

    20 mars 2005 à 1 h 54 min

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