La médiocrité de Sarkozy vue d’ailleurs

La médiocrité de Sarkozy vue d’ailleurs

Le magazine anglais « The Economist » posait récemment la question : Nicolas Sarkozy est-il un socialiste caché ? L’auteur répondait, pour partie, par l’affirmative. Je ne puis lui donner pleinement tort. Nombre de décisions prises par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l’Élysée ne dépareraient pas dans l’action d’un dirigeant socialiste moderne en de nombreux endroits d’Europe.

Je ne puis, pour autant, pas définir le Président de la République par le socialisme. Mieux vaudrait, pour le qualifier, user d’un mot qu’il ne déteste pas : pragmatique. Celui qui se dit pragmatique prétend s’adapter aux situations, se fier à l’air du temps, humer l’atmosphère, et en arrive à changer de position et d’idées d’instant en instant.

Dans les mesures de Nicolas Sarkozy, il y a de tout, en effet, mais rien qui soit poussé jusqu’au bout. Faute de vraie réforme à même de relancer l’offre et l’esprit d’entreprise, Nicolas Sarkozy a mis en place ce qui s’est appelé le « bouclier fiscal ». Faute d’un retour à une flexibilité souhaitable sur le marché du travail et d’une effective baisse des charges, il a assoupli le régime des heures supplémentaires. Parce qu’il voulait capter l’électorat ouvrier, il a promis de sauver des emplois, comme chez Mittal à Gandrange, et il lui est arrivé d’employer en ce domaine des mots que n’aurait pas reniés Olivier Besancenot.

Parce que l’écologie lui semblait susciter divers engouements, il a mis en place un « Grenelle de l’environnement », maintenu le « principe de précaution » dans la Constitution, n’a rien fait pour lutter contre la phobie anti-OGM qui nuit tant aux entreprises de biotechnologie françaises et européennes. Il n’a rien fait non plus contre les coûteux délires des adeptes de la thèse du réchauffement global dû aux activités humaines.

Confronté à la crise financière, il adopte des mesures qui semblent un décalque au rabais de celles envisagées par Barack Obama aux États-Unis, et, comme Obama. Il essaie de redonner vaguement un peu de pouvoir d’achat aux couches les moins fortunées et, sous le nom d’« investissements », met en place une politique de grands travaux qui va creuser la dette publique, sans permettre à la France de redevenir un pays pleinement dynamique.

La suppression de la taxe professionnelle n’est qu’une opération cosmétique, dans la mesure où elle impliquera de trouver d’autres recettes pour combler le manque à gagner. La réforme universitaire, qui a suscité des remous, ces dernières semaines, n’est elle-même qu’une demi-mesure : donner de l’autonomie à des universités sans que celles-ci puissent fonctionner en concurrence et devenir des entreprises de transmission du savoir aboutit à une forme d’autogestion à la yougoslave, sans que les acteurs aient à assumer les responsabilités financières de leurs décisions.
L’opposition entre « capitalisme patrimonial » et capitalisme d’actionnaires relève d’une vision assez inepte du fonctionnement de l’économie contemporaine, et montre que personne à l’Élysée n’a vraiment compris la mondialisation des entreprises et des investissements. Les propositions sur le partage des profits reposent sur la même consternante incompréhension. Il existe en France des économistes compétents, mais on ne les écoute visiblement pas : on leur préfère des keynésiens, en oubliant au passage que les théories keynésiennes ont échoué partout où elles ont été mises en œuvre.

On pourra me dire que si la France et l’Europe se dirigent vers le naufrage et la ternitude, les États-Unis de Barack Obama en adoptant les méthodes qu’ils adoptent prennent la même direction.

La différence est que nombre d’Américains commencent à comprendre qu’Obama, en devenant Président, a franchi son seuil d’incompétence, car c’est de plus en plus visible. La différence est qu’aux États-Unis, une alternance est possible dès l’automne 2010 et que si, d’ici là, comme c’est probable, Obama offre davantage de preuves de son inaptitude à occuper la fonction présidentielle, les conclusions seront tirées.

En Europe, le déficit démocratique créé par la technostructure bruxelloise se fait sentir partout. En France, Sarkozy peut être considéré non pas comme ce qu’il y a de mieux, mais comme ce qu’il y a de moins pire. C’est infiniment triste.

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Comments (10)

  • chevalier teutonique Répondre

    Le libéralisme a besoin d’une nouvelle jeunesse, Guy Millière.

    23 février 2009 à 19 h 23 min
  • Michel d'Audincourt Répondre

    La médiocrité de Sarkosy?
    C’est facile de critiquer et bien Français, mais malheureusement à sa place que feriez vous???
    Pas mieux que ses prédécesseurs, certainement, dans la conjoncture actuelle.
    A moins que vous eussiez préféré voir Ségolène à sa place………..
    Je pense que Nicolas Sarkozy fait du mieux qu’il peut avec ce qu’on lui a lègué et face à la chianlit de l’opposition.

    22 février 2009 à 14 h 11 min
  • vitruve Répondre

    AVE à tous
    en ce moment dans les truculentes soirées précédant le carnaval qui passent régulièrement sur SWR RP (chaîne allemande Rhénanie Palatinat) les humoristes déchaînés singent régulièrement les mimiques de Sarkosy "ce petit homme bourré de testostérone"…
    Ach, les vrançais, touchours l’amour!
    VALETE

    20 février 2009 à 12 h 59 min
  • Jean-Claude THIALET Répondre

    "Les-4-Vérités"   – 19 02 09

    Peut-on faire plus "jésuite" que le professeur MILLIERE pour "démolir" Nicolas SARKÖZY sans avoir l’air d’y toucher ?

    Le "la" de son article est donné par  "THE ECONOMIST", journal on ne peut plus sérieux, qui, dans, un article se demande s’il n’y a pas, derrière un Président qui se prétend lui-même "libéral", un "socialiste" caché. Mais si l’on peut comprendre qu’un journaliste britannique, puisse se poser la question à ce sujet, que doit-on penser d’un journaliste, doublé d’un professeur, membre, de surcroît, d’un Comité éminent, qui fait semblant de se la poser ? Alors que, par définition, tous nos gouvernants, de droite comme de gauche, sont, D’ABORD" SOCIALISTES". Et même probablement, des socialistes sans l’ignorer ! N’ont-ils pas tous été élevés à l’Ecole de la République ? Alors, Guy MILLIERE peut sinon s’illusionner, du moins vouloir illusionner ses lecteurs en présentant Nicolas SARKÖZY comme le champion du "pragmatisme", il suffit de lire attentivement son article pour se rendre compte que le 8ème Président (1) est bien D’ABORD un socialiste, et que Guy MILLIERE ne se fait guère d’illusions à ce sujet.. . Un "socialiste" qui se donne des airs de (faux) libéral, certes, mais bien un socialiste. La preuve, pour peu que l’on se donne la peine de les analyser, c’est que toutes ses "mesures" (tout au mieux, d’ailleurs, des "mesurettes") (2) auraient pu être prises par un gouvernement MITTERRAND/MAUROIS, ROCARD,CRESSON ou JOSPIN. Même si les Socialistes, aujourd’hui dans l’opposition, les dénoncent tour à tour soit comme "libérales", soit comme "insuffisantes".

    Mais, pour celles et ceux qui se poseraient la question de savoir si Guy MILLIERE est toujours sarközien (il l’a été lors de la "Présidentielle", mais avec –  m’avait-il semblé  – quelques réserves), reportons-nous à sa conclusion : derrière Sarközy, pointe OBAMA… Et; on l’a deviné pour l’ancien Président du Comité TURGOT, chez OBAMA , TOUT EST MAUVAIS !  Exceptée sa couleur, j’imagine (3).

                                           Cordialement, Jean-Claude Thialet

    (1) j’inclus dans ce "8", les deux mandats successifs de François MITTERRAND et de Jacques CHIRAC qui comptent pour 4 Présidents !

    (2) particulièrement celles qu’il a annoncées hier soir à la TV pour répondre (très partiellement) aux attentes de la "rue" !

    (3) sinon gare à la HALDE, à SOS Racisme,  à "TOUCHE PAS A MON POTE !", etc. qui guettent dans l’ombre le moindre faux pas !

    19 février 2009 à 16 h 45 min
  • sas Répondre

    NUEVO ORDO SECULARUM…….oblige…

    sas

    19 février 2009 à 14 h 44 min
  • Anonyme Répondre

    La tromperie permanente

    Le moratoire sur le Monsanto reste en place mais on suivra les ordres de la commission dont on sait déja quelle a décidé d’autoriser (imposer) sa culture.

    18 février 2009 à 23 h 11 min
  • Florin Répondre

    à Heff : lorsqu’on voit un _ _ _  de banquier vous refuser un prêt sous motif que vous êtes diabétique … 

    on a du mal à imaginer une société où l’on serait au bon vouloir de ces requins.

    NON, MERCI ! NO, THANKS ! NEIN, DANKE ! Je préfère la gabegie actuelle.

    18 février 2009 à 18 h 57 min
  • Florin Répondre

    M. Millière nous promet de nous débarrasser d’Obama en 2010 … Disons quand-même que le mandat est de 4 ans, et non pas 2.

    Certes, il y aura les sénatoriales, mais le Président garde un pouvoir considérable. Pour le contrer efficacement, le Congrès devrait être à 2/3 Républicain, ce qui est loin d’être acquis, par les temps qui courent (mais aussi en temps normal, disons-le).

    Dire ensuite qu’Obama a donné, en trois semaines, la preuve finale et définitive de son incompétence … c’est aller un peu vite en besogne, laissons-lui un peu plus de temps …

    18 février 2009 à 18 h 53 min
  • IOSA Répondre

    Sarkosy médiocre ?

    On n’a pas attendu l’avis des autres pays pour le savoir et encore, je trouve le terme bien médiocre sur le qualificatif….

    je suis entièrement d’accord avec ce que disent les autres gouvernants des autres pays, mais pas avec ce simulacre d’accusation qu’est cet article……On brosse Sarkosy dans le sens du poil, tout en l’excusant, c’est ce qui me semble être de la lèche à tout va.

     

    18 février 2009 à 18 h 01 min
  • HEFF Répondre

    Deux conseils à un président en difficulté, par Gérard Pince :

    A l’approche de la négociation du 18 Février, je suggère deux idées de rupture à notre président. Puisqu’une majorité de Français souhaite une augmentation des salaires, le président peut proposer que tout salarié qui touche actuellement 1100 euros reçoive désormais 2200 euros sur son compte bancaire. Comment réaliser un tel miracle ? Reportez vous simplement à http://www.freeworldacademy.com/social.htm  qui explique comment l’Etat confisque 1100 euros pour financer la sécurité sociale. Certes, les salariés qui accepteront cette mesure devront alors s’assurer auprès de compagnies privées pour leur santé et épargner pour leurs retraites, mais ils seront néanmoins largement gagnants. En effet, pour un ménage de deux personnes, le système de la sécurité sociale se traduit par un manque à gagner en fin de vie de 1.833.000 euros (soit 12.000.000 de francs ou 1.200.000.000 d’anciens francs).

    Le président peut aussi proposer la suppression de l’immigration choisie. On nous signale en effet, que des grands groupes hôteliers font venir par charters entiers des cuisiniers ou serveurs de Turquie et du Maroc avec des contrats de travail : 1438,80 € brut par mois – nourris, logés, blanchis – Vol aller/retour payé par l’employeur – lieu de travail : Megève – Courchevel – Les Arcs – Les 2 Alpes etc. Les Savoyards au chômage apprécieront ! Autre statistique : l’année dernière le nombre de travailleurs nés sur le sol britannique a baissé de 278.000 alors que 214.000 personnes nées à l’étranger ont trouvé un emploi. Pour connaître la vérité sur le chômage résultant de l’immigration, reportez vous à http://www.freeworldacademy.com/globalleader/IMMIG.htm

    Il n’est pas certain que les syndicats apprécient ces deux propositions, mais elles auraient le mérite de les mettre au pied du mur et de permettre au président Nicolas Sarkozy de regagner la faveur d’une majorité de Français.

    18 février 2009 à 16 h 42 min

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