La règle d’or et la démagogie électoraliste

La règle d’or et la démagogie électoraliste

Le site du quotidien gauchiste « Libération » a publié dimanche 21 août une lettre du député-maire d’Évry, Manuel Valls, aux autres candidats à la primaire socialiste.

Cette lettre ouverte est un pavé dans le marigot politique et mérite d’être lue avec attention.
Valls y prend notamment à re­brousse-poil ses « camarades » sur la question de la règle d’or (sempiternellement dénoncée comme un piège de Sarkozy par les caciques du PS) : « Je suis favorable au principe d’une “règle d’or”. Sacrifier l’avenir et les nouvelles générations est insupportable. Laisser filer le déficit de la dette, c’est se mettre dans les mains des marchés. »

Mieux encore, le trublion tire le premier sur un projet socialiste, qui ne pouvait, de toute façon, séduire ni les socio-démocrates, ni l’ultra-gauche du PS, étant un texte de compromis assez mal ficelé : « Sans remettre en cause notre projet pour 2012, nous devons le revoir à l’aune de cette crise et de ses effets sur nos finances. »

Il faut saluer l’effort de responsabilité et de vérité de ce jeune parlementaire socialiste. Tout en n’étant pas dupes : cette lettre ouverte a été publiée par un homme qui sait qu’il ne peut gagner la primaire et souhaite à tout prix faire parler de lui.
Au plan politique, ce texte mar­que sans doute le début des hostilités (dont la campagne des primaires ne devrait pas manquer…). Encore une fois, nous constatons que la meilleure chance du candidat Sarkozy, ce sont ses adversaires !

Mais cette lettre ouverte pourrait aussi être une pierre dans le jardin du gouvernement.
Car il est clair que la « règle d’or », si elle n’est pas d’abord un piège politique, permet aussi à l’UMP d’apparaître comme responsable face à des socialistes inconscients, désireux de creuser le déficit.

Or, la réalité est assez différente. Ni l’UMP, ni le PS ne se sont considérés comme liés par les critères de Maastricht (qui, pourtant, juridiquement, sont désormais d’une autorité supérieure à la constitution). On voit mal pourquoi ils se sentiraient liés par une nouvelle loi constitutionnelle.

Et, surtout, la règle d’or n’a de chance de s’imposer qu’à la con­dition d’abandonner la démagogie électoraliste. Or, aucun parti ne peut se permettre de l’abandonner en premier, sous peine de perdre les élections… et donc de laisser le pouvoir à plus démagogue que lui !
C’est donc le système lui-même qu’il faut réformer. Plus encore qu’aux déficits, c’est à l’électoralisme qu’il faut s’attaquer !

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Comments (11)

  • François Répondre

      @ Jean Pierre
     Je n’oublie pas que qu’il faut payer les retraites des fonctionnaires, mais qu’on remplace un fonctionnaire sur deux ou tous les fonctionnaires, cela ne change rien pour ceux qui partent à la retraite, du moins dans l’immédiat. Donc, cela ne doit pas entrer en ligne de compte dans les économies, ces dépenses auraient de toutes façons eu lieu.  Cela changera par contre plus tard car il y aura encore moins de retraites à payer. 

      Jaures, Il y aurait beaucoup à dire sur votre intervention. Il y a par exemple 54 000 profs qui n’enseignent pas de l’année. Le fait de ne pas les remplacer ne supprime pas leur travail? Oui, mais quand le travail est égal à ZERO, ne pas remplacer celui qui est supposé le faire n’est pas une perte.
     
     La moitié des gains sont affectés à une revalorisation du salaire des fonctionnaires? 3 remarques.
             – Je trouve aussi que c’est du gâchis.
             – Merci de confirmer un point que toute la presse de gôche ( pléonasme) et le PS contestent.
             – C’est bien la première fois que je vois un syndicaliste critiquer une augmentation du salaire des fonctionnaires. Mais comme c’est Sarko qui l’a fait, ça ne peut pas être bien…

      Votre dernière remarque sur les impôts montre votre méconnaissance de l’arithmétique élémentaire. Un fonctionnaire paye des impôts, c’est vrai. Mais un fonctionnaire est aussi payé EXCLUSIVEMENT par les impôts et taxes. Jusqu’à preuve du contraire, ils payent moins d’impôts et taxes que ce qu’ils touchent de l’état. La suppression d’un fonctionnaire est donc bénéfique de toutes façons. Et la personne qu’on n’embauche pas en tant que fonctionnaire doit bien trouver un métier pour vivre. De préférence dans le privé où il payera de toutes façons des impôts et taxes. Et là, l’état est bien plus bénéficiaire qu’avec un fonctionnaire. Mais il semble que vous ayez réinventé le mouvement perpétuel? Ou que comme je ne sais plus quel personnage vous arriviez à vous sortir de l’eau en vous tirant vous même par les cheveux? Car c’est exactement ça, votre remarque sur les impôts que payent les fonctionnaires…

       Pour finir, la remarque de la cour des comptes. Présidée par un socialiste pour qui 9×7 font 76, cet avis prend toute sa saveur.

    30 août 2011 à 21 h 18 min
  • Anonyme Répondre

    SAS : " François Fillon a-t-il oublié que le Parlement est appelé à débloquer 15 milliards d’euros supplémentaires pour le tonneau des danaïdes grec les 6 et 7 septembre prochains ?"
    –          Allez, Ton Altesse, soit pas radin… on leur doit bien ça, aux Grecs! Y’a pas que les Danaides, il y a aussi Socrate, Platon, Aristote (et ses péripatétitiennes!), Hippocrate, Diogene – et son tonneau rempli de vin résiné -, Epicure, Seneque, la Guerre des Gaules que tu devais traduire, (ok, ok, I know, Caesar, c’est pas Grec, c’est romain, Seneque, aussi d’ailleurs, mais c’est kif-kif, va bientot falloir payer pour eux aussi..)… Quoi, tu préferes vraiment BHL?
    Et puis tu imagines le monde aujourd’hui si Darius (l’Ahmaddinejad de l’époque) avait vaincu Alexandre? Et meme si Leonidas n’avait pas résisté a l’Invasion étrangere ou meme a l’Islam – qui allait etre inventé 1000 ans plus tard? Tu imagines un peu?? T’acheterais du chocolat "Kounia-Ourguentch", toi, a la place du Léonidas? (Ne pas confondre avec "Kounia-Mamahou").
    Kalimera, les Grecs, Efharisto!

    Mancney
     

    30 août 2011 à 3 h 39 min
  • Jean-Pierre Répondre

     

    François, vous oubliez que ces fonctionnaires qui partent à la retraite continuent de toucher une trés bonne paye  et pendant encore trés longtemps  n’ayant pas beaucoup étés fatigués au boulot.

    C’est un sur cent seulement qu’il faudrait remplacer,   démanteler d’innombrables services inutiles  et privatiser le reste.

    Quant à l’autre zauzau quelle infamie d’appeller  cadeau  un petit allégement du racket de sa maffia étatique.

    30 août 2011 à 0 h 54 min
  • Jaures Répondre

    Francois, il ne faut pas raisonner en théorie mais en pratique: quand un fonctionnaire n’est pas remplacé, vous ne supprimez pas pour autant son travail. Ainsi, quand un professeur s’en va, vous ne supprimez pas sa classe, quand un policier part, vous ne supprimez pas la délinquance. Le fait est qu’une bonne part des économies réalisées sont parties en heures supplémentaires et en recrutements de vacataires. Par ailleurs, le gouvernement avait dit que la moitié des économies réalisées seraient reversées aux fonctionnaires. Il y a donc eu quelques mesures catégorielles qui ont grevé le pactole.
    Enfin, un fonctionnaire de moins c’est moins d’impôts et de taxes ce qui limite également le résultat net de l’opération.

    "La Cour des comptes dénonce les faibles économies – 100 millions d’euros par an – que cette règle du «un sur deux» génère…
    Cette règle n’a pas été conçue pour des économies de court terme, même si je considère que les coupes sont plutôt de l’ordre de 230 millions d’euros par an"( entretien avec G.Tron:  "Libération" du 31/03/2011)
    29 août 2011 à 21 h 07 min
  • François Répondre

      Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ne ferait gagner que 350 millions ? Chaque année, c’est 35 000 fonctionnaires de moins. Cela mettrait l’économie  à 10 000 € par fonctionnaire et par an? soit 833 € par mois ( salaire + charges sociales)? Je ne savais pas les fonctionnaires aussi mal payés!…
      D’autre part, l’économie est cumulative. C’est à dire que si chaque année on  supprime 35 000 fonctionnaires, au bout de 5 ans, on en aura 175 000 de moins. Qu’il ne faudra pas payer. Soit, à la louche, avec un salaire de début de carrière, une économie annuelle avec les charges sociales entre 4 et 5 milliards…Et c’est un minimum.

    29 août 2011 à 10 h 13 min
  • Jaures Répondre

    François, vous avez tout à fait raison: le gouvernement n’a aucunement l’intention de faire des économies puisque quand il en réalise (non remplacement d’un fonctionnaire sur deux= 350 millions/an) il se précipite pour baisser les prélèvements (tva restaurateurs: 3 milliards).
    En distribuant dix fois ce que l’on a économisé (sur le dos des usagers car on ferme des classes, des commissariats, des hôpitaux,…), on ne fait qu’amplifier les déficits qui plus est sans impact sur l’économie et l’emploi.
    C’est ce que l’on appelle une gestion clientéliste que Sarkozy voudrait nous faire avaler comme une règle d’or !

    28 août 2011 à 15 h 02 min
  • François Répondre

      C’est d’autant plus une tartuferie que ce ne sont pas des "économies" qu’a évoqué Monsieur Fillon, mais des recettes supplémentaires.
      Les économies, c’est quand on dépense moins, pas quand on gagne plus. Et quand on a moins de recettes, ce n’est pas une "dépense", mais un manque à gagner.
      Donc, monsieur Fillon a promis à terme 12 milliards de recettes supplémentaires pour l’état, soit 12 milliards d’impôts de plus pour le contribuable… Et pour ce dernier, ce sont bien des dépenses supplémentaires.
       Parler "d’économies" dans ces conditions, que ce soit pour l’Etat ou le contribuable est un mensonge.
     

    27 août 2011 à 10 h 23 min
  • Guillermo Répondre

    Bien vu SAS

    Mais on se demande pourquoi c’est le seul Fillon qui est visé et pas aussi Sarko.

    27 août 2011 à 8 h 11 min
  • sas Répondre

    FILLON EST UN TARTUFF DE L ECONOMIE…..et d la finance

    En annonçant 11 milliards d’économies, Francois Fillon, fidèle à son nouveau personnage de père-la-vertu, veut apparaitre comme le champion d’une gestion en bon père de famille. Si on regarde derrière les effets d’annonce et les effets de manche, François Fillon est en réalité un tartuffe.

    Comment ose-t-on se moquer ainsi des Français ? François Fillon a-t-il oublié que le Parlement est appelé à débloquer 15 milliards d’euros supplémentaires pour le tonneau des danaïdes grec les 6 et 7 septembre prochains ?

    Les 11 milliards d’économies que le gouvernement a difficilement rassemblés au prix de nouveaux sacrifices pour les Français, ils vont être jetés par la fenêtre dans deux semaines pour contenter les marchés financiers et les banques.

    Faut-il aussi rappeler que, depuis un an, le gouvernement a déjà augmenté la dette de 45 milliards d’euros pour mettre sous perfusion une monnaie unique qui asphyxie pourtant l’économie de nos pays ?

    C’est une tartufferie sans précédent à laquelle se livre François Fillon, une politique où l’on rançonne les Français pour payer les banques qui se sont trop aventurées en Grèce.

    Si le gouvernement peut débloquer tant de milliards, ils devraient être investis dans l’économie réelle, pour soutenir les PME et les artisans qui souffrent de la crise. Cet argent-là ne sera pas perdu sur des marchés financiers mais investi pour relancer l’économie du pays. Voilà une vraie gestion en bon père de famille

    sas

    26 août 2011 à 14 h 19 min
  • François Répondre

      Heraclite, la démagogie républicaine n’a pas tant frappé dans les niches fiscales que dans les dépenses.
      N’oublions pas que les prélèvements représentent déjà 53% de la richesse nationale. Quand on atteint de tels sommets, le bon sens voudrait qu’on réfléchisse aux dépenses plutôt que de réfléchir aux "niches fiscales".
      Dernier point, pour les socialistes (et je mets l’UMP dans le tas), les niches fiscales sont des "dépenses"!… Comme sans doute le voleur qui ne vous prend pas tout vous fait un "cadeau". Si l’on suit cette dérive sémantique, on en déduira que tout ce que l’état ne vous prend pas est une "dépense". Et que cette "dépense" sera réduite au minimum le jour où il nous prendra les 47% de richesse qui restent…

    26 août 2011 à 9 h 03 min
  • heraclite Répondre

    A l’évidence Sarkozy a tendu un piège habile aux socialistes : Ils ne pourront se dérober à cette nécessité évidente et dans le même temps prévoir de nouvelles dépenses pour leurs chers fonctionnaires et électeurs. Mais c’est aussi un piège pour Sarkozy qui ne sera pas plus capable que les socialistes de revenir à l’orthodoxie budgétaire.
    Je pense d’ailleurs que la France ne pourra jamais revenir à un niveau de dette acceptable pour que le AAA de sa notation puisse durer longtemps.
    Trop longtemps les gouvernement de gauche comme de droite se sont laissés aller à la facilité, à la démagogie électoraliste. Tellement de niches ont été délibérément créées pendant tellement d’années, au profit de tout et n’importe qui, qu’on ne peut plus revenir sur autant d’avantages "acquis", sauf à prendre le risque d’une crise politique majeure.
    Que va-t-il se passer ? Dieu seul le sait. Voilà où nous en sommes après des décennies de démagogie républicaine.

    25 août 2011 à 23 h 28 min

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