La victoire de François Fillon et la campagne de 2017

La victoire de François Fillon et la campagne de 2017

Le deuxième tour de la primaire de droite a confirmé le premier : François Fillon l’a emporté haut la main avec 66,5 % des suffrages et dans le contexte d’une participation qui a encore augmenté par rapport au premier tour (4,3 millions d’électeurs).

Cette participation indique d’ailleurs peut-être que les électeurs de gauche se sont davantage mobilisés qu’au premier tour (où ils avaient déjà été autour de 10 % des électeurs selon les estimations des sondeurs – à prendre avec beaucoup de prudence, naturellement).

En attendant, ce qui est plébiscité, c’est donc une ligne politique de libertés économiques et de conservatisme social.

Il est évidemment très discutable que François Fillon incarne réellement cette ligne politique, lui qui a grandi dans l’ombre de la Chiraquie.

Mais, en politique, les images comptent autant, sinon plus, que la réalité. Et il n’y a guère de doute que c’est cette ligne qui l’a emporté, le 27 novembre.

Il faut ajouter aussi que le profil sérieux et enraciné de François Fillon a beaucoup joué – à la fois pour le distinguer d’un Nicolas Sarkozy, virevoltant trop souvent d’une prise de position à son contraire, et d’un Alain Juppé, chantre d’une « identité heureuse » à laquelle les Français ne croient plus guère.

Ajoutons à cela que les primaires se sont relativement bien passées. J’avoue que je pensais que les at­taques seraient beaucoup plus brutales entre les différents candidats et que, par conséquent, il serait beaucoup plus difficile de « recoller les morceaux ». Mais, là, les conditions sont optimales pour François Fillon : les débats ont été assez sereins (à l’exception de quelques attaques un tantinet surréalistes entre les deux tours), la participation a été élevée et le score du vainqueur est sans appel au premier comme au deuxième tour. Tout devrait donc favoriser le rassemblement.

Après ce succès, on pourrait donc penser que la droite est en ordre de bataille pour la présidentielle et les législatives, qu’elle a désormais un programme et un champion.

Cependant, la gauche a ceci de remarquable que, même battue largement, elle ne désarme jamais et prétend faire endosser son programme par le vainqueur.

En l’occurrence, dès le 27 novembre, plusieurs voix – notamment autour de Jean-Christophe Lagarde, d’autres dirigeants centristes ou d’anciens soutiens d’Alain Juppé – se sont élevées pour réclamer un infléchissement du programme.

C’est évidemment absurde. Si Fran­çois Fillon l’a emporté, c’est pour ap­pliquer son programme et non celui d’Alain Juppé. Mais c’est une tentation que beaucoup vont sans doute relayer, dans les prochains jours, dans le propre camp de M. Fillon.

Plusieurs scénarios sont donc possibles à l’heure où j’écris ces lignes.

On peut imaginer que M. Fillon, heureux de sa victoire, tende la main au centre, voire aux fameux « déçus du hollandisme », pour bâtir la mythique « France apaisée », et reproduise l’erreur sarkozyste de l’ouverture à gauche. Auquel cas, il peut perdre en 2017 – et, en tout cas, ayant déçu, il sera sèchement battu en 2022.

On peut aussi imaginer que le Front national renchérisse sur la ligne que certains de ses élus ont défendue sur les réseaux sociaux entre les deux tours de la primaire en dénonçant un « ultra-libéral » et un « ultra-conservateur ».

Ce serait, cette fois, suicidaire pour le FN. La candidature Fillon est clairement un danger pour ce dernier. Sa seule chance est de l’attaquer « sur sa droite », en demandant pourquoi nous devrions faire confiance à un homme qui doit être solidaire du bi­lan des quinquennats Chirac et Sar­kozy, puisqu’il en a été plusieurs fois ministre et Premier ministre.

Attaquer François Fillon sur sa gauche, en « surfant » sur la critique du PS et des médias du système, aura l’effet exactement inverse, en crédibilisant une alternance « radicale » avec l’élection de François Fillon. Et donc siphonnera l’électorat FN, déjà déboussolé par bon nombre de déclarations et de symboles contradictoires. Le fait de proclamer que l’islam est compatible avec la république, comme l’a récemment déclaré Marine Le Pen ; de comparer la défense de la famille à la culture du bonsaï, comme le fit naguère Florian Philippot ; ou de remiser les questions identitaires au second plan, loin derrière les préoccupations économiques et sociales, sont déjà, me semble-t-il, des fautes politiques. Attaquer François Fillon comme « trop à droite » serait dévastateur.

La course au centre, qu’elle soit le fait de François Fillon ou de Marine Le Pen, serait, en tout cas, un suicide électoral!

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Comments (8)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    la grande mascarade de la Cour de Justice de la République commence ce matin ; rappelons que la C. J. R. avait été créée par … François Mitterrand du square de l’ Observatoire personnage ambivalent qui entretenait sa maîtresse et leur fille aux frais des contribuables et que … François Hollande s’ était engagé à … dissoudre !

    il ne s’ agit, ni plus ni moins, que d’ une ” Justice de Connivence ” et , là encore , dans le monde occidental, d’ une exception bien française qui a pour ” mission ” d’ alléger la portée de très éventuelles sanctions contre les ripoux de la République quand elle ne les … blanchit pas ce qui est le cas le plus courant

    ” la Loi est égale pour tous ” … mais c’ est en Italie sur les frontons des palais de justice où cette institution n’ existe pas ( c.f. … Berlusconi )

    12 décembre 2016 à 9 h 42 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    un point de bonus pour François Fillon : il n’ est pas ” énarque ”

    en langage mathématique un énarque pourrait se définir ainsi :

    ” suffisant mais pas nécessaire ”

    car comme le disait mon prof de maths en terminale , en parlant des élèves simplement moyens dans cette matière :

    ” ils pourront toujours faire l’ E.N.A. ou H.E.C. “

    4 décembre 2016 à 18 h 46 min
    • Paul Répondre

      Excellent, mon prof de math disait quelque chose de semblable dans les annees 50

      5 décembre 2016 à 2 h 40 min
  • BRENUS Répondre

    La victoire de Fillon est en réalité plus nette que ce qu’elle affiche dans les chiffres : le monde “muzz” ayant voté massivement pour Ali juppé et la gooche ayant pratiqué une de ses habituelle escroqueries en chargeant les urnes de son vote en faveur de l'”accommodant”. Sans ces arnaques , ce ne serait pas 66% pour Fillon , mais certainement près de 75%. Normal du fait du positionnement de Ali dont on est en droit de se demandé s’il n’a pas déjà fait sa conversion à l’islam et qui nous saoule à longueur de temps avec sa “diversité” au point que les autochtones que nous sommes sont considérés comme de la merde par ce gugusse . Que Bordeaux le garde et en fasse bon usage.

    4 décembre 2016 à 10 h 10 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Valls va connaître les … joies du candidat ” réformateur ” : … le ” tout sauf Valls ” s’ organise à gauche, impitoyablement

    3 décembre 2016 à 8 h 58 min
  • Pr S. Feye Répondre

    En tout cas, celui qui fera campagne sur la restitution des humanités gréco-latines jadis offertes à tous avec l’argent du contribuable, fera un tabac!

    2 décembre 2016 à 23 h 48 min
  • Alain Répondre

    C’est bien ce que font les médias gaucho -liberaux, en l’attaquant à gauche il credibilise une posture pseudo-radicale à droite pour siphoner le FN. Ainsi si Fillon gagne il sera plus facile de miner ce mou, voire de s’entendre avec lui, comme avec Estrosi et au bon vieux temps du front républicain..
    Finalement le PS anticipe simplement pour sauver ses meubles

    2 décembre 2016 à 20 h 36 min
  • SCOCCIMARRO Répondre

    L’ELECTION DE LA PRIMAIRE, NE COMPORTAIT PAS DEUX PROGRAMMES PRESIDENTIELS, MAIS QUELQUES DIFFERENCES AU SEIN D’UN MÊME PARTI ???
    LA SIGNATURE DEMANDEE AUX ELECTEURS ETAIT SUR LE MÊME TEXTE CONVERSATISTE !!!
    DONC, AUCUN DES DEUX N’ETANT EN ELECTION NATIONALE PRESIDENTIELLE A CE MOMENT LA “CHOISI PAR LE PARTI”, CES DEUX EX MINISTRES DES GOUVERNEMENTS AYANT PREPARE LE PROGRAMME DE FRANCOIS HOLLANDE , AVEC LE GOUVERNEMENT SARKOZY, PROUVE, SI BESOIN ETAIT, LA RESPONSABILITE QUANT A LA POLITIQUE MONDIALISTE PRATIQUEE DEPUIS 2007, AU MEPRIS DU REFERENDUM POPULAIRE FRANCAIS, TRAHI AVEC ACCORD DE CES CANDIDATS, POUR LE TRAITE DE LISBONE, LIU MÊME ACCEPTE PAR LE GOUVERNEMENT SOCIALISTE DE F;HOLLANDE ET VALLS, ET LES CANDIDATS AUX PRIMAIRES DE LA GAUCHE PS, PC, EELV, AU MEPRIS DU RESPECT DE LA DECISION FINALE DU VOTE SEUL DECISIONNAIRE SUR LA DECISION A ADOPTER SOUVERAINEMENT ET DECIDE PAR LE PEUPLE FRANCAIS !!! IL Y A DONC ; PARTAGE DE LA COMPLICITE DE TOUS CES PARTIS EN LICE, QUIONT VIOLE LA CONSTITUTION DE LA 5ème REPUBLIQUE , VIOLANT LA SOUVERAINETE NATIONALE ET L’INDEPENDANCE DU PEUPLE FRANCAIS , SEUL SOUVERAIN !!!! PRETENDRE LE CONTRAIRE, SERAIT AVOUER PUBLIQUEMENT DE LA HAUTE TRAHISON !!!

    2 décembre 2016 à 10 h 30 min

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