La prison pour les parents de délinquants ?

La prison pour les parents de délinquants ?

Il aura suffi de quelques semaines à l’Élysée pour mettre en place le «Sarko 3» sur la sécurité. Vendredi, à Grenoble, le président de la République a prononcé l’un de ces discours qui ont le don
mettre la gauche en ébullition. Le regard tourné vers 2012, Nicolas Sarkozy a pointé du doigt l’immigration mal maîtrisée depuis cinquante ans comme
l’une des causes de la délinquance en France. Il a promis dans la foulée une batterie de mesures musclées, comme les peines incompressibles pour les auteurs
de violences aggravées, la déchéance de sa nationalité française pour le délinquant d’origine étrangère qui attenterait à la vie d’un membre des forces de
l’ordre ou la fin de l’acquisition automatique de la nationalité pour les mineurs délinquants. Et ce ne sont là que quelques pistes, car le plan de bataille, soigneusement mis au point par
l’Élysée, à coups de réunions secrètes avec la haute hiérarchie policière, sous la houlette du secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, promet son lot de révélations. À charge pour la garde
rapprochée du président de distiller, une à une, les nouvelles mesures qui illustrent la stratégie présidentielle.

 

Déjà, au ministère de l’Intérieur, Brice Hortefeux, comme la deuxième lame d’un rasoir, annonce une prochaine extension par la loi de la déchéance de la nationalité française à d’autres
délinquants que le «tueur de flic» ou le polygame. Et l’UMP, vingt-quatre heures plus tard, se fait fort de raser d’encore plus près, avec une proposition de loi du «M. Sécurité» du groupe à
l’Assemblée, Éric Ciotti, élu de Nice, annoncée dimanche dans le JDD, et qui doit aboutir à la responsabilisation pénale des
parents de mineurs

délinquants en cas de défaillance caractérisée. Ceux-ci risqueraient jusqu’à deux ans de prison. La méthode ferait recette au Canada. C’est, en tout cas, ce
que rapportaient les conseillers du chef de l’État quand l’Élysée a suggéré à Éric Ciotti de s’intéresser à ce type de mesures en juin dernier. Entre-temps, ce député des Alpes-Maritimes, proche
de Christian Estrosi avait eu le temps de faire voter en première lecture à l’Assemblée sa proposition de loi conditionnant le versement des allocations
familiales à l’assiduité scolaire des enfants.

Place donc cet été au débat sécuritaire. D’autant plus attendu en août que l’affaire Woerth-Bettencourt a pris beaucoup de place dans l’actualité ces derniers temps. Au plan législatif, tout doit
être prêt pour septembre. Le texte sur les allocations devrait alors être voté au Sénat. Celui sur la responsabilisation pénale des parents arrivera dans la foulée au Palais Bourbon.

Parallèlement, le 7 septembre, Brice Hortefeux présentera aux sénateurs son projet de loi de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi), tandis que son collègue
Éric Besson défendra son projet de loi sur l’immigration, dont les dispositions sur la nationalité ne manqueront pas de susciter de vives polémiques.

La «guerre nationale contre l’insécurité» que le ministre de l’Intérieur appelle de ses vœux ne fait que commencer. La Place Beauvau a déjà prévenu : policiers et gendarmes auront de courtes
vacances.  Le Figaro

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