La traite résumée par un universitaire sénagalais

La traite résumée par un universitaire sénagalais

 

Bizarrement nos associations, politiques, professeurs et manuels scolaires ne tiennent pas compte de
l’explication de monsieur Ibrahima Thioub, historien
, professeur d’histoire à l’université de Dakar :

 

“La vision “chromatique” de l’Afrique aboutit à une vision fausse de l’esclavage. La traite ne
se limitait pas à une vente de Noirs à des Blancs dans des ports africains. Elle englobe la manière dont les esclaves étaient “produits” à l’intérieur  du continent et acheminés sur la
côte.

Ce système atlantique était une organisation globale, qui mettait en relation, dans un partenariat asymétrique
mais intéressée, les compagnies européennes et les élites africaines. Celles-ci utilisaient la traite pour redéfinir les rapports de pouvoir sur le continent.”
(…)

 

En quoi cela se distingue-t-il de la trait [la situation contemporaine] ? A l’époque, des compagnies
européennes apportaient en Afrique des  biens tout aussi inutlies et destructeurs, comme la verroterie, l’alcool et les armes. Elles les remettaient aux élites qui organisaient la
chasse aux esclaves.
Déjà le pillage permettaient aux élites d’accéder à des biens de consommation importés. Aujourd’hui, le système s’est perfectionné puisque les esclaves se
livrent eux-mêmes : ce sont les émigrés. (…)

 

Si vous voulez comprendre le système de la traite négrière, observez le comportement actuel des élites
africaines.
Pourquoi nos systèmes de santé et d’éducation sont-ils aussi vétustes ? Parce que les élites ne s’y soignent pas et n’y éduquent pas leurs enfants, ils préfèrent les pays du
Nord. Leur système de prédation ruine les campagnes et contraint les populations à s’exiler. au point qu’aujourd’hui, si vous mettez un bateau dans n’importe quel port africain
et proclamez que vous cherchez des esclaves pour l’Europe, le bateau va se remplir imédiatement.

 

Certes, ce système fonctionne au bénéfice des multinationales, mais il n’existerait pas sans les élites
africaines.
A l’époque de la traite négrière, l’alcool et les fusils achetés aux Européens leur permettaient de se maintenir au pouvoir. Désormais ce sont les 4X4 et les kalachnikovs.
Source : le Monde

 

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