Le Brexit, les oligarchies et la démocratie

Le Brexit, les oligarchies et la démocratie

L’affaire du Brexit devient tout à fait ridicule et les « élites » britanniques et européennes ne s’y montrent certes pas sous leur meilleur jour.

On peut discuter sur l’intérêt pour la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne.

Il n’est effectivement pas certain – et même assez improbable – que les électeurs aient maîtrisé l’ensemble des conséquences de leur vote.

Pour ma part, si j’avais été Britannique, j’aurais sans doute voté en faveur du Brexit. La tradition britannique n’est pas l’alliance avec le continent, mais l’indépendance insulaire en lien avec l’empire. Et les frontières transformées en passoires par les accords européens ne m’auraient certainement pas poussé vers le Remain !

En sens inverse, il existe de sérieuses raisons de penser que les conséquences du Brexit ne seront pas toutes merveilleuses pour la Grande-Bretagne.

Quand on lit que tout ira bien en matière commerciale parce que la Grande-Bretagne rejoindra directement l’OMC, au lieu d’y adhérer par l’intermédiaire de l’Union européenne, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’une méthode Coué bien peu réaliste. Car on ne voit vraiment pas pourquoi cette profonde modification des relations n’entraînerait pas une renégociation importante des accords commerciaux. Et il est peu probable que la Grande-Bretagne demeure dispensée de droits de douane dans ses échanges avec l’UE.

Mais, enfin, quoi qu’on en pense, il y a eu vote. Si l’on ne voulait pas l’avis du peuple, il ne fallait pas le lui demander. Maintenant que le peuple a donné son avis, la moindre des choses pour des « démocrates » est d’obtempérer.

Mais, précisément, le Brexit – comme naguère le référendum français sur le Traité constitutionnel européen – manifeste remarquablement les ambiguïtés de la démocratie contemporaine.
De toute évidence, la démocratie a plusieurs sens, pas tous compatibles entre eux.

Le premier consiste à laisser le peuple désigner ses dirigeants. De ce point de vue, les démocraties modernes sont assez discutables : le poids des oligarchies dans les choix proposés aux peuples y est considérable.

Certes, il existe un choix, mais c’est, comme aurait dit Brej­nev, une « souveraineté limitée » : il est des choix impossibles. Certains candidats, tels naguère Le Pen, sont discrédités d’office et il est bien entendu qu’ils peuvent se présenter, mais non gagner.

Inversement, les oligarchies peuvent littéralement imposer un candidat, comme ce fut le cas pour Emmanuel Macron, parfaitement inconnu du grand public deux ans avant son élection.
La démocratie peut aussi désigner une philosophie subversive, selon laquelle tout – y compris la nature même de l’homme – peut se mettre aux voix et être modifié par une « majorité qualifiée ». De ce point de vue, le national-socialisme et le communisme furent profondément « démocratiques ».

En tout cas, jamais la démocratie contemporaine n’imagine de consulter le peuple là où il est compétent (c’est-à-dire évidemment pas sur la dissuasion nucléaire, mais sur sa vie quotidienne). On a trop oublié à ce propos qu’il existait une démocratie bien plus réelle dans notre prétendu « obscur Moyen Âge » : à l’époque, les boulangers légiféraient en matière de boulangerie et le roi ne prétendait pas décider de tout.

Aujourd’hui, à l’inverse, le peuple peut voter sur tout, mais, s’il « se trompe », on le fera revoter – ou on revotera pour lui – jusqu’à ce qu’il donne la « bonne réponse ». De même, l’État s’occupe de tout et fait très mal ce qu’il est seul à pouvoir faire. Je ne suis pas sûr que ce soit un immense progrès !

Voir les derniers ouvrages proposés par les4verites-diffusion ici

Partager cette publication

Comments (5)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    savoir aussi que : …

    ” l’ opinion publique a toujours raison , surtout quand elle est bien conne ”

    Louis – Ferdinand Céline

    24 octobre 2019 à 9 h 14 min
  • BRENUS Répondre

    Et hop, c’est reparti pour un tour : les “27” viennent de donner leur accord pour un nouveau délai du brexit. Décidément, ces anglais qui savent si bien jouer la comédie nous prennent pour des cons. C’est un peu dans leur nature d’ailleurs : dans un bouquin que j’ai lu il y a quelques décades – écrit par un auteur français célèbre et anglophile intitulé “histoire de l’Angleterre” et très documenté, l’auteur dans sa préface n’a pu s’empêcher de leur reconnaitre “une certaine duplicité”. Laquelle leur a toujours bien servi d’ailleurs. Quand vous leur serrez la main , n’oubliez pas de compter vos doigts avant et après.

    24 octobre 2019 à 0 h 26 min
  • vozuti Répondre

    le peuple est un troupeau de moutons.lorsque le troupeau ne fait pas ce que l’autorité lui demande de faire,la télé aboie et tout rentre dans l’ordre.mais si les moutons n’obéissent plus à la télé,l’oligarchie devra trouver un autre moyen de contrôle,sinon les moutons vont s’échapper et ils ne pourront plus être tondus.

    23 octobre 2019 à 14 h 54 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Hitler aussi avait été élu … démocratiquement par le … Peuple allemand !

    moralité : …

    il faut parfois que l’ élite ” contrôle ” le … ” Peuple ” …

    ainsi , moi , sur ce blog j’ essai ( en vain ! ) de ” contrôler ” quelques énergumènes ( un mot qui vient du grec langue de la … Raison )

    23 octobre 2019 à 10 h 28 min
  • OMER DOUILLE Répondre

    The show must go-on ! Tous à l’antépénultième représentation du ” brithish circus” ! Il ne manque plus que l’éléphant blanc d’Asie qui pisse tous les 25 ans ( les personnes ne sachant pas nager sont priées de monter sur les bancs ) . Au fait, ça se prononce comment “ridiculous” .

    21 octobre 2019 à 16 h 59 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Vous venez d'ajouter ce produit au panier: