Le déclin de la France

Le déclin de la France

La France prépare-t-elle vraiment son avenir ? Hélas, des signes inquiétants suggèrent une réponse négative. Certes l’effacement progressif de la France en tant que puissance s’avère peu visible sur le court terme, car tous les déclins s’étalent sur des décennies, ce qui entretient l’impression d’une continuité, démentie par la cruauté des faits. Pourtant, sur le long terme, le déclin de la France demeure une réalité indiscutable : 2e puissance mondiale à l’aube de la première guerre mondiale, elle n’a cessé de perdre du terrain pour chuter à la 6e place des puissances industrielles, derrière une Chine en pleine expansion.
La France promet également de laisser quelques plumes sur le plan politique. L’élargissement européen risque de provoquer une immense déception chez les partisans d’une Europe forte qui démultiplierait la puissance de la France dans le monde. Certes, la construction européenne a procuré un effet de levier économique et politique à notre « vieille nation », mais c’est oublier que l’adhésion de nouveaux pays efface progressivement la primauté du couple franco-allemand au profit d’un éclatement du pouvoir entre des pays aux intérêts de moins en moins convergents.
Pire : la prochaine adhésion de la Turquie dans l’espace européen, voulue et clairement assumée par nos gouvernants, signe l’étouffement définitif de cette « influence française » sous le poids écrasant du Grand Turc.
Notre rayonnement mondial risque de pâtir d’une nouvelle répartition des pouvoirs au sein du Conseil de Sécurité. En effet l’Inde, le Japon, le Brésil revendiquent à leur tour un siège permanent dans cette structure héritée de la Conférence de Yalta. Et la France devra concéder un peu de son influence face à ces nouveaux venus dont les puissances démographiques et économiques cumulées accorderont des miettes à notre rayonnement onusien. La France n’aura d’autre choix que de picorer dans la main des puissances américaine ou chinoise pour préserver son siège permanent, ou encore, de se faire l’ambassadeur du monde arabe comme elle sait si bien le faire déjà, pour éviter d’être mise sur la voie de sortie.
La foi dans l’avenir, voilà une valeur qui a disparu dans le cœur des Français. Les peurs nouvelles que suscite le progrès scientifique, l’hystérie collective entourant les OGM, le rejet souvent irrationnel du nucléaire, le détournement massif des jeunes des filières scientifiques illustrent toute la défiance qu’inspirent les valeurs de progrès et de modernité. Jouant comme à leur habitude sur les fantasmes du complot, les mouvements anti-mondialistes attisent les craintes d’une mondialisation accusée de servir les intérêts des seules multinationales, en oubliant un peu vite que la mondialisation ouvre aussi de nouveaux marchés aux entreprises françaises dont les succès à l’exportation créent emplois et richesses.
Il est vrai que toute notre législation écrite par des générations de technocrates sert surtout à décourager l’esprit d’entreprise dans notre pays… Refusant l’évidence, la France préfère l’assistanat social à l’émulation par le travail. Incapable de prendre des choix stratégiques, impuissante à relever le défi excitant de la mondialisation, l’économie française rechigne à investir dans les domaines porteurs.
Une donnée de fond beaucoup plus grave entraînera de toute façon le dépeuplement dramatique de notre vieux pays : c’est le déclin démographique d’une France qui ne fait pas assez d’enfants, comme le reste de l’Europe d’ailleurs. Or comment la France pourra espérer rester dans la course des nations avec plus de vieux dans les maisons de retraites que de jeunes débordants de projets ?
Le recours à une immigration massive représente une solution aussi mauvaise que dangereuse. En effet, contrairement aux présupposés tendancieux de certains économistes, les immigrés ne sont pas de la matière première corvéable à merci. Ils sont avant tout des hommes et des femmes doués de culture. Or dans une société démocratique, c’est l’homogénéité culturelle qui conditionne l’unité politique d’une nation.
De manière générale, la France ne pourra jamais se redresser en comptant sur les autres. Elle devra se redresser en comptant d’abord sur sa propre foi dans l’avenir. Cette foi nouvelle exige le réinvestissement de valeurs morales telles que la liberté, le civisme, la famille, l’émancipation par le travail. La France doit réapprendre à donner la vie. La France doit se remettre au travail. La France doit réinvestir la notion de progrès. Autant de défis à surmonter pour que la France ne disparaisse pas, purement et simplement, de la mémoire des Hommes.

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Comments (5)

  • MrToutleMonde Répondre

    Avec des ideologies comme celle de l’auteur, c’est sur La France n’a pas d’avenir. “Les valeurs morales telles que la liberté, le civisme, la famille”… on voit mal ou l’auteur veut en venir. S’agit-il du sacro-saint concept de solidarité par lequel on justifie une politique fiscale honteise? “L’émancipation par le travail”, soit mais alors il est grand temps de réécrire le code du Travail. “La France doit réapprendre à donner la vie”. Pardon ? “La France doit réinvestir la notion de progrès”. Sur le modele danois d’accord. Mais si on accepte que la France

    31 mars 2005 à 16 h 28 min
  • MrToutleMonde Répondre

    Avec des ideologies comme celle de l’auteur, c’est sur La France n’a pas d’avenir. “Les valeurs morales telles que la liberté, le civisme, la famille”… on voit mal ou l’auteur veut en venir. S’agit-il du sacro-saint concept de solidarité par lequel on justifie une politique fiscale honteise? “L’émancipation par le travail”, soit mais alors il est grand temps de réécrire le code du Travail. “La France doit réapprendre à donner la vie”. Pardon ? “La France doit réinvestir la notion de progrès”. Sur le modele danois d’accord. Mais si on accepte que la France

    31 mars 2005 à 16 h 28 min
  • Louis Provostic Répondre

    La France n’est “grande” que par ses discours. Elle fait la morale sur les “Droits de l’Homme” aux autres nations alors qu’elle est un modèle qui les a bafoués. L’élite verbale, ce sont bien les “Politiques” mais ils étouffent les autres.

    5 novembre 2004 à 11 h 59 min
  • R. Ed. Répondre

    Le dernier chapitre de cet article , c’est la vue des nationalistes ! Travail, famille, patrie ! Interdit en France. La France a pour vocation d’acceuillir toute la misère du monde. C’est l’Eldorado des laissés pour compte. D’ailleurs, elle s’apauvrit de jour en jour . La france, deuxième puissance mondiale? Tout juste devant la Grèce et le Portugal!Pour combien de temps encore ?

    31 octobre 2004 à 12 h 24 min
  • jacques furlainac Répondre

    Vous posez une question importante: comment l’identité et l’influence française sera-t-elle préservée dans une Europe élargie? Un élément de répone peut nous venir de l’exemple des Etats-Unis. Ainsi la Californie ou le Vermont ont pu préserver des identités spécifiques très différentes tout en faisant partie d’un état fédéral. Par contre, les différences culturelles entre la Turquie et le reste de l’Europe m’apparaissent insurmontables pour une adhésion complète avec libre-échange des personnes. Par contre une adhésion plus sur mesure, surtout économique et militaire, m’apparait sensé. Pour ce qui est de la science en France, l’incapacité de certain sur ce site de comprendre la différence entre une approche scientifique de la santé (médecine) et une approche dite euphémistiquement “alternative” (homéopathie) me fait croire qu’effectivement vous avez raison. Mais ce problème existe partout en particulier aux Etats-Unis où l’on enseigne le “créationisme” dans des écoles. En général, le niveau scientifique général des Français est à mon avis tout-à-fait remarquable. “l’économie française rechigne à investir dans les domaines porteurs.” Je ne croit pas que vous avez raison. En aéronautique, en nano-technologies, en médecine, en commerce international (L’Oréal, Michelin, etc), en physique nucléaire la France investit beaucoup et tire généralement très bien son épingle du jeu.

    31 octobre 2004 à 4 h 22 min

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