Le désastre de l’Éducation nationale

Le désastre de l’Éducation nationale

L’article d’Antoine Esposito dans le n° 1353 me remonte en mémoire une anecdote qui m’est arrivée lorsque j’étais en activité.

J’avais un atelier de réparation automobile que maintenant mon fils exploite.

Pour faire plaisir à une voisine qui élevait seule trois enfants, j’ai pris en stage son gamin en alternance avec l’école.

Toute triomphante, elle m’avait fait admirer une rédaction notée 11/20 du genre de la copie citée dans l’article d’Antoine Esposito : je lui aurais mis un triple zéro. Ce gamin n’était pas plus doué manuellement qu’intellectuellement. Qu’est-il devenu ? Il a déniché un emploi à son niveau : il est professeur dans un centre d’apprentissage.

Pour en revenir à l’article d’Antoine Esposito, il faut avoir un sacré culot pour présenter au baccalauréat des candidats de ce niveau en orthographe – dans les autres matières, ce n’est pas mieux !

En 1946, lorsque j’ai passé le certificat d’études, faire 5 fautes sur une dictée d’une demi-page était éliminatoire, tout comme un problème faux sur trois. Ces candidats au bac, dès la première heure, auraient pu rentrer à la maison. Et nous n’avions que 7 années de scolarité.

Un ami, ancien directeur d’un lycée formant des mécaniciens auto-moto, me disait que moins de 5 % des élèves sortant diplômés restaient dans le métier : 95 % d’échecs.

Normalement, on devrait fermer les boutiques.

Ces élèves diplômés ne savent pas faire grand-chose et surtout pas dans les temps impartis.

Après un an d’enseignement, les professeurs seraient incapables d’assumer un emploi dans un atelier. Ils savent très bien que ce qu’ils font n’a aucun sens, mais où trouveraient-ils un emploi si bien rémunéré pour si peu de travail, aucun devoir de résultat, aucune responsabilité ? Alors ils mentent à tout le monde, y compris à eux-mêmes, tout comme les élus. Les plus scrupuleux évitent de se regarder dans un miroir, la plupart des autres s’en foutent.

Lorsque nous avons des stagiaires en alternance avec l’école, ces stagiaires nous demandent tous à ne plus retourner à l’école, le règlement ne le permet pas. En entreprise, ils ont envie d’apprendre ; ils sont tous dégoûtés de l’école, les enseignants ne savent pas les motiver, ce qui crée des problèmes de discipline que nous ne rencontrons pas en entreprise. Il ne viendrait jamais à l’idée d’un apprenti de manquer de respect à un ouvrier, la sentence serait immédiate.

Ils ont besoin de cette discipline qu’ils ne trouvent pas à l’école, le laxisme a des limites qui sont largement dépassées à l’Éducation nationale. À qui la faute ?

En fin d’apprentissage, si le patron ne garde pas l’apprenti, il lui trouve facilement du travail, la recommandation d’un chef d’entreprise prime sur tous les diplômes qui, comme le baccalauréat, ne valent rien.

En France, il y a un manque de main-d’œuvre qualifiée dans tous les secteurs d’activité et il en sera ainsi tant que la formation professionnelle sera entre les mains du mammouth.

La demande est tellement forte pour les écoles privées qu’il faut inscrire les enfants avant leur naissance, même s’ils ne sont pas pratiquants. Il faut aussi, pour sélectionner, que les parents soient mariés religieusement et les enfants baptisés. C’est tout de même scandaleux d’en arriver là dans notre pays.

En plus, les parents doivent payer ces écoles s’ils veulent que leurs enfants ne soient pas élevés dans l’illettrisme et la racaille.

Ce n’est pas avec les élus de bric et de broc qui viennent de sortir des dernières élections que les choses changeront (voir mon article dans le même n° 1353) !

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Comments (4)

  • Laure Tograf Répondre

    Mon commentaire sur la nullité de l’enseignement technique en général est passé à la trappe.
    Il ne faut pas toucher aux vaches sacrées d’autant qu’elles paissent dans un troupeau peu favorable à leur égard.

    9 août 2022 à 1 h 13 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Durant ma vie active, j’ai eu à guider de nombreux stagiaires, … élèves de BTS ou de DUT, … dans le domaine de l’Achat Industriel, y compris à l’international. Ils étaient généralement là pour trois mois.

    Tous ont été très enthousiastes de se trouver au cœur d’un métier où ils ont pu découvrir comment se préparait une négociation commerciale, puis comment elle se déroulait et comment, ensuite, on débriefait ! … Ils apprenaient comment s’élabore une étude de marché, … quelles sont les étapes d’un dossier : mise en concurrence, appels d’offres, comparaisons, choix, négo, clauses des contrats, suivi, jusqu’à la réception et au paiement, … avec le cas échéant le traitement d’un litige !

    En un trimestre, ils avaient considérablement enrichi leur vocabulaire professionnel.

    J’ai toujours eu à cœur ensuite, d’être présent lorsqu’ils présentaient leur mémoire de stage. Invariablement, leurs enseignants étaient un peu déstabilisé par leurs restitutions car les mots qu’ils utilisaient n’appartenaient pas toujours au vocabulaire scolaire.

    Une professeur principale, à la présentation austère, s’était présentée à moi en me précisant : « Je suis sa professeur de mercatique ! » . Je me suis pincé pour ne pas rire ! … La dame en était encore à Adam Smith.

    Durant l’exposé de mon stagiaire je m’apercevais qu’en règle générale, à travers leur étudiant, certains professeurs découvraient un monde inconnu, … le monde réel !

    Lorsque mon protégé était libéré, je discutais ensuite avec l’équipe professorale, pour m’apercevoir que, in fine, aucun d’entre eux n’avait fait un passage de quelques années dans le monde de l’industrie. Ils étaient passés de l’école à l’école en changeant simplement de côté !

    Bref, ils enseignaient quelque chose qui datait passablement et qu’ils avaient un peu oublié d’actualiser !

    6 août 2022 à 22 h 23 min
    • Laure Tograf Répondre

      Faire le tour en 3 mois seulement de ce que vous énumérez en formation pour vos étudiants BTS, etc… y compris tous les pièges des appels d’offres, cela me semble un peu court, surtout si l’on embrasse le domaine des équipements industriels très vaste. Mais c’était en effet toujours mieux que la nullité généralement constatée de la formation de l’enseignement technique dont les profs n’ont jamais foutu les pieds dans une usine ou un centre de production et n’ont aucune idée de la finalité marchande sans laquelle tout le reste n’apporte rien.

      7 août 2022 à 1 h 35 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    à la Libération De Gaulle a confié l’ Enseignement et la Culture aux responsables politiques et syndicaux de gauche ( et même d’extrême gauche ) une erreur monumentale , par celui qui avait si bien su ” traiter ” l’ Histoire à son profit, car le Pouvoir se gagne par les ” idées ” !

    2 août 2022 à 16 h 10 min

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