Le paradoxe des prisons

Le paradoxe des prisons

Selon Stéphane Bredin, directeur de l’Administration pénitentiaire, les prisons françaises comptaient 72 500 détenus avant le confinement et en ont libéré 13 500, c’est-à-dire presque 20 % du total.

Si l’on compare ces chiffres aux plus de 900 000 verbalisations d’honnêtes gens pour « non-respect du confinement » (souvent simplement une attestation mal remplie) entre la mi-mars et la fin avril, on ne peut manquer d’être indigné.

La France, désormais habituée à distribuer l’argent de ses contribuables aux pays lointains et à en manquer pour les besoins immédiats de ses citoyens, montre à nouveau un curieux sens des priorités.

La Macronie, ce n’est pas seulement la préférence étrangère. C’est aussi la préférence pour les voyous : les prisonniers sont libérés, tandis que les honnêtes gens sont emprisonnés et sévèrement sanctionnés pour un oui ou pour un non.

Il est frappant d’ailleurs que le nombre des verbalisations soit le seul titre de gloire du gouvernement dans cette crise.

Certes, on peut se réjouir que les prisons françaises se rapprochent des standards usuels dans les pays civilisés. Il était assez humiliant de voir la France tancée régulièrement par la Cour européenne des droits de l’homme pour ses conditions carcérales pitoyables.

D’autant que nous réussissions le tour de force d’être à la fois les champions du laxisme judiciaire et les champions des conditions indignes de détention.

Mais comment se réjouir de cette inversion profondément immorale ?

Le plus extravagant, c’est que Stéphane Bredin précise au passage qu’une trentaine de détenus « radicalisés » ont été libérés parmi ces 13 500.

Il précise certes que la plupart auraient de toute façon été libérés dans les prochains mois et que beaucoup sont toujours suivis par la justice.

Mais ce n’est pas forcément rassurant. Le nombre d’assassins ou de violeurs récidivistes « suivis » par la justice est assez considérable.

Surtout, cela prouve que notre système judiciaire fonctionne mal : il n’est pas normal que des personnes impliquées dans une affaire de terrorisme (c’est souvent de cela qu’il s’agit avec les détenus dits « radicalisés ») puissent se retrouver dans la nature aussi facilement.

D’autant que l’on continue à entendre, à intervalles réguliers, la rhétorique martiale de notre « guerre » contre « l’islam radical ». Nous sommes en guerre, mais notre ennemi a droit à tous nos égards. Il peut percevoir le RSA, sortir de prison pour éviter le coronavirus et, quand il aura à nouveau tué, nous chercherons des explications dans son enfance malheureuse !

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Comments (3)

  • OMER DOUILLE Répondre

    Savez vous la signification de “virer bredin” dans les dialogues de Audiard ? Pour les incultes en culture populaire ( si, si, cela existe, il n’y a pas que les faux intellos) vous reporter à wikipédia, réservoir inépuisable pour faire croire que l’on possède la culture.

    26 mai 2020 à 1 h 00 min
  • Gérard Pierre Répondre

    LE RÉPUBLICAIN LORRAIN – Dimanche 24 mai 2020 – « Une vingtaine de Gilets jaunes verbalisés à Longeville-lès-Saint-Avold » – Article signé R.P. :

    [ Ce samedi matin, sur la zone commerciale de Longeville-lès-Saint-Avold, aux abords de leur QG, une vingtaine de Gilets jaunes s’étaient réunis pour évoquer l’avenir de leur cabanon. Et ce, malgré une interdiction préfectorale.

    À la suite d’une invitation lancée sur les réseaux sociaux, une cinquantaine de personnes étaient présentes non loin du « giratoire ». Mais les autorités étaient également visibles, ce qui a dissuadé toute tentative de rassemblement sur la voie publique.

    Du coup, les Gilets jaunes qui pour la plupart n’avaient pas revêtu de signe distinctif ont migré vers l’hypermarché à proximité et par groupe de neuf se sont retrouvés dans les allées du magasin pour discuter (crise sanitaire oblige, il est interdit de se regrouper à plus de 10 personnes sauf dans un lieu privé).

    Gendarmes et policiers se sont postés à la sortie de la grande surface. Au nom de l’arrêté préfectoral du 22 mai portant interdiction de la tenue de cortèges, rassemblements, défilés et manifestations non déclarées à Saint-Avold et Longeville, ils ont donc verbalisé les contrevenants. Une vingtaine de procès-verbaux à 135 €uros ont été dressés.]

    Les préfets, comme la police et la gendarmerie sont au service de l’État.

    Selon que l’État est d’essence démocratique ou républicaine bananière, il existe deux façons de le servir :

    En étant servant, avec toute la noblesse d’action que cela implique dans le premier cas,
    En étant servile, avec toutes les bassesses que cela comprend nécessairement dans le second.

    De quelle essence est notre actuel gouvernement, après son hold up facho financier sur les institutions de la république en 2017 ?

    24 mai 2020 à 16 h 53 min
  • quinctius cincinnatusg Répondre

    on a bien ” élargi ” les époux Balkany !

    d’ accord ils n’ ont plus leurs passe-ports pour … Israël

    19 mai 2020 à 16 h 10 min

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