Le Président et la Défense nationale

Le Président et la Défense nationale

Le président aime les armées françaises, surtout après le défilé réussi du 14 juillet – les journalistes nous le répètent à l’envie.
Il n’arrête pas de s’afficher avec les armées. Mais, toujours, les actes sont la seule véritable preuve d’amour.

Or, dans ce domaine, difficile d’être convaincu. Comme ses deux prédécesseurs, il vient encore de rogner les crédits consacrés à notre défense : 850 millions, qui s’ajoutent aux 3,5 milliards qui seraient bloqués et dont rien ne dit qu’ils seront débloqués avant la fin de l’année.

C’est une vieille habitude française. Chaque année, on vote un budget. Mais, ensuite, tous les crédits destinés à la défense ne sont pas dépensés.

Très rapidement après le vote, on en bloque une partie qu’on finit, en général, par annuler, au moins partiellement. Évidemment, on ne parle que du budget voté ; c’est la pâture jetée à la presse, donc au public et aux contribuables qui, pour la plupart, s’en moquent.
La suite se passe dans la discrétion des cabinets et seuls les principaux intéressés en ont vent. Cela arrive aussi dans d’autres ministères, mais jamais dans les proportions atteintes au ministère de la Défense.

Cette fois encore, la défense va supporter à elle seule 20 % des économies estimées indispensables. Les élus votent un budget rogné ensuite sans contrôle par le ministre des Finances.

J’ai toujours connu ça. Mais, après les promesses faites si récemment, on a le droit d’être indigné.

Il n’y a aucun espoir que le budget de la défense atteigne les 2 % du PIB promis par le candidat Macron – promis à l’horizon 2025, il faut dire, date prudemment fixée après la fin de son mandat.

Même les journalistes du « Figaro » semblent lui trouver des excuses.

Il agirait ainsi en réaction à la politique de M. Hollande qui aurait particulièrement choyé les armées après les attentats de 2015.

Rien n’est plus faux. Les deux présidents précédents ont constamment diminué les budgets et les effectifs.

Après les attentats de novembre 2015, si la presse nous a annoncé que M. Hollande « redonnait des effectifs aux armées », c’est uniquement parce qu’il renonçait à une partie des nouvelles réductions prévues. Autrement dit, il réduisait les réductions.

Le Premier ministre a benoîtement annoncé que ce nouveau coup de rabot se traduirait au pire par des retards dans les programmes.

C’est ce qu’on fait depuis toujours : programmes annulés, diminués, étalés ou retardés se succèdent, alors que nos matériels sont à bout de souffle pour plus de la moitié, que la disponibilité opérationnelle chute constamment, en particulier celle des hélicoptères tombée à environ 50 %.

Sans évoquer les graves carences que nous avons dans les domaines du renseignement, de l’appui feu et de la logistique, carences qui ne seront jamais comblées avec les budgets actuels.

Toutes ces faiblesses sont incohérentes avec nos prétentions à l’indépendance et se paieront en croix dans les cimetières.

Le budget de la défense, tombé à moins de 1,4 % du PIB (contre plus de 3 % en 1990), ne représente plus que le tiers du budget global consacré à l’éducation nationale, dont, malgré cela, le bilan est si médiocre qu’on compte sur des armées paupérisées pour en pallier les carences.

C’est l’objet principal des questions qui surgissent sur l’opportunité d’un service militaire dont le coût, pour une durée absurde d’un mois, viendrait encore tirer la défense vers le bas en prélevant sur la ressource opérationnelle. Mais donner des ordres aux militaires est plus facile que de mettre au pas « le mammouth ».

Depuis 30 ans, les chefs mili­taires qui se succèdent ne cessent, à chaque coup de rabot, de dire qu’on va faire face, mais que c’est la dernière fois. Davantage ne serait plus possible, compte tenu des missions que le pouvoir politique impose.

Ils sont écoutés poliment, puis « on » remet ça.

Qui aura le courage, un jour, de jeter son képi sur le bureau du ministre ? On dit que l’actuel chef d’état-major des armées a été près de le faire dans le passé récent.

En tout cas, il vient d’être injustement humilié devant ses pairs, par un président qui lui a carrément ordonné de se taire, lui rappelant que le chef, c’est lui (ce qu’aucun militaire ne conteste), et lui reprochant de mettre ces questions sur la place publique, ce qui est inexact, puisqu’il s’est exprimé à huis clos devant la commission de la défense comme son devoir le lui imposait.

Napoléon a dit : « Un chef doit se démettre plutôt que d’être l’instrument de la ruine des siens ». n

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Comments (18)

  • Gérard Beyer Répondre

    Observer en costume 3 pièces le défilé d’une troupe au pas cadencé suivi d’une garden party dans les jardins de l’Elysée, n’est pas le rôle joué par un grand reporter en treillis camouflé mêlé à un commando lâché dans une opération de maintien de l’ordre au Mali tandis que les ressortissants de ce pays nettoient les rues de Paris en attendant de céder leur balai à leurs fils, une fois la retraite… atteinte.
    Le statut de “Nouvelle Chance pour la France” figure dans le patrimoine cessible de ces gens là.

    23 juillet 2017 à 16 h 07 min
  • Bistouille Poirot Répondre

    Un chef constitutionnellement reconnu comme étant le représentant de soldats de plomb, n’en est pas nécessairement exempt.

    23 juillet 2017 à 15 h 48 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      ? … ? …… ?

      23 juillet 2017 à 19 h 53 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Mme Florence Parly a, dit on, acquis un nouveau titre celui de :

    ” Ministre désarmée “

    19 juillet 2017 à 19 h 43 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    votre pétition pour De Villiers n’ a été comme toutes les pétitions qu’ un pet mouillé !

    essayez? plutôt que de vous ” indigner “, l’ arme des faibles qui n’ ont rien à proposer , de ” RENSEIGNER ” vos lecteurs … peut être que ceux-ci seront un peu plus éclairés et qu’ ils prendront les bonnes décisions … électorales

    après tout c’ est le rôle du … ” contre-pouvoir ” non ?

    19 juillet 2017 à 17 h 40 min
    • Bistouille Poirot Répondre

      Il est vrai que les flatulences qui souffrent d’un taux d’humidité élevé ne prédisposent pas à la motivation même si leur odeur pestilentielle mobilise les sourds.

      23 juillet 2017 à 16 h 30 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        ? … ? …… ?

        23 juillet 2017 à 19 h 55 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Le Président , comme tous les Présidents, excepté de Gaulle, aime jouer avec ses soldats de plomb

    19 juillet 2017 à 10 h 03 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Depuis ‘’l’entrée de la France dans la lumière‘’, … en 1981, … la fonction de variable d’ajustement de notre Armée s’est amplifiée en matière budgétaire !

    Cette attitude de nos soit disant gouvernants traduit un état d’esprit, celui du RENONCEMENT !

    Ils ont renoncé à ce que la France soit respectée dans le monde. Ils ont renoncé à la paix pour les générations à venir, tout en en engrangeant les dividendes immédiats, …… sans les réinvestir.

    En l’espace d’un demi siècle la France est passée progressivement entre les mains des boutiquiers que produisent Sciences Po et l’ENA ! …… et ces boutiquiers n’ont qu’une idée en tête : tondre la bête plutôt que de l’alimenter correctement !

    Ça rappelle tragiquement l’histoire de ce fermier nommé Crésus qui trouvait que son âne lui coûtait cher en picotin !

    Jour après jour, il baissait son allocation en nourriture dans sa mangeoire. L’âne ne semblant pas s’en plaindre au début, Crésus continua son expérience. L’âne geignait bien un peu mais Crésus le ‘’remotivait‘’ de temps à autre avec un coup de cravache, et il repartait.

    Considérant que nourrir la bête ne servait à rien puisqu’elle portait toujours son bât, Crésus cessa de l’alimenter.

    Peu de temps après, l’âne mourut.

    Crésus dit alors simplement : « Après tout ce que j’ai fait pour lui, cet âne ingrat me lâche au moment où l’expérience commençait à porter ses fruits ! »

    19 juillet 2017 à 7 h 35 min
  • Legrand Répondre

    Une quetion me taraude, et elle essentielle, que va devenir notre NATION avec cette incompétance aux ordre de Bruxelle ? Je ne perçois qu’une seule issue et elle est effrroyable .

    18 juillet 2017 à 20 h 13 min
  • Fournier Jean-Marc Répondre

    Puisque les moyens budgétaires ne sont pas alloués voire annulés, les Armées doivent retirer leurs troupes de des missions qui ne sont pas de leur ressort, présence inutile devant les monuments, les gares, les ministères…

    18 juillet 2017 à 11 h 54 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      ce n’ est pas l’ Armée qui décide mais le ” pouvoir politique ” ! soyez au moins un adulte informé, avant de dire n’ importe quoi !

      18 juillet 2017 à 21 h 38 min
    • BRENUS Répondre

      Il est vrai que “l’armée” n’a aucune possibilité de retirer elle-même ses troupes d’un endroit. Mais pour tous ceux qui ont gouté à cette vénérable institution, ils savent que l’on peut, de mille manières trainer des pieds et faire en sorte que l’horloge ( tiens, encore elle) se coince. Je ne vois pas pourquoi nos hommes devraient aller se faire hacher menu sans moyens sur les caprices d’un mec qui n’a même jamais tenu un flingue, dans une guerre que nous menons en partie pour les autres qui eux, ne s’y risquent pas. Et elle fout quoi l’armée malienne au Mali. Peut être pourrait elle rappeler ses jeunes hommes robustes et valides qui se font entretenir à Montreuil, entr’autres lieux.

      19 juillet 2017 à 16 h 21 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        une armée ” africaine ” c’ est comme une équipe de foot ” africaine ” c’ est enthousiasmant pour le spectacle … individuel !

        19 juillet 2017 à 17 h 44 min
        • BRENUS Répondre

          Peut être, mais c’est LEUR problème. Ces gens ne cessent de nous baver dessus en ressassant un épisode “colonial” qui n’a jamais rapporté à la France, même si quelques uns ont pu gagner du fric, mais pas le pays. De plus pour nombre de ces nationalités africaines, la “colonisation” française n’aura duré que 50 ou 60 ans, alors qu’elles prétendent maintenant se faire prendre en charge pour des siècles. Et concernant l’esclavage qu’ils se tournent un peu vers leur propre histoire. Par exemple Jacqueville sur le rivage de RCI était un endroit pour ramasser le “bois d’ébène” vendu à des négriers blancs par leurs propres frères ethniques. Le royaume du Dahomey n’était pas en reste non plus. Ne parlons même pas des arabes de tous genres. Alors, disons : finita la comedia et tournez vous vers les Chinois qui ne vous veulent que du bien……

          21 juillet 2017 à 15 h 57 min
          • quinctius cincinnatus

            je ne vois pas le rapport avec ce que j’ ai écrit sauf à faire de la polémique à titre systématique … je ne parlais que d’efficacité

            p s je crois que vous connaissez l’ Afrique aussi bien que moi-même

            22 juillet 2017 à 14 h 04 min
  • Lebol Jean Répondre

    Je le rappelle : il N’Y A PLUS de DÉFENSE NATIONALE !
    Fini, n,i; i.
    Maintenant nous avons le retour au Ministère des Armées, qui n’est plus le ministère de la Mer, de l’Air et de la Terre, mais un ministère – sous entendu – “des armées européennes”, donc de l’OTAN, à fond la caisse !… bref, “aux ordres”.

    18 juillet 2017 à 11 h 33 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      pour être et demeurer autonome il faut en avoir les moyens et la France n’ a pas les moyens de sa politique

      dit comme ça tout est plus clair

      23 juillet 2017 à 19 h 59 min

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