Le prétendu « sérieux budgétaire » de Hollande

Le prétendu « sérieux budgétaire » de Hollande

La commission européenne a admis, par la voix d’Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques, la possibilité que la France ne revienne au fameux impératif de 3 % de déficit public qu’en 2015, soit deux ans plus tard que prévu.

Aussitôt, les thuriféraires mé­diatiques nous ont expliqué le « sérieux budgétaire » de l’équipe Hollande avait convaincu Bruxelles.

J’avoue que j’en doute un peu.

Je note, d’abord, que la commission a dit, une nouvelle fois, qu’elle ne croyait pas aux prévisions de croissance du gouvernement. Bruxelles anticipe une baisse de 0,1 % du PIB en 2013, quand Paris prévoit une hausse de 0,1 %.

Et les prévisions de déficit public divergent plus encore : Bruxelles anticipe un déficit public de 3,9 % en 2013 (contre 3,7 % selon le gouvernement) et 4,2 % en 2014 (2,9 % selon le gouvernement).

Je rappelle que l’on parle ici de pourcentage du PIB. Ce qui signifie que 0,1 point représente la bagatelle de 2 milliards d’euros environ. La divergence d’appréciation du déficit en 2014 est donc de pratiquement 26 milliards d’euros (c’est-à-dire plus du quart du déficit enregistré en 2012). La divergence entre Paris et Bruxelles n’est pas vraiment mineure !

Il faut rappeler aussi que ces fameux 3 % sont calculés, non pas sur le montant global du budget, comme il serait logique, mais sur la production de richesses. En 2012, l’État a ainsi dépensé environ un tiers de plus que ses recettes – malgré une pression fiscale délirante.

Et il faut rappeler encore qu’à l’époque de Maastricht, ce critère avait été donné par les collaborateurs de Mitterrand de façon parfaitement fantaisiste, comme un chiffre qu’aucun gouvernement n’atteindrait jamais…

Au demeurant, ce n’est pas pour plaire à Bruxelles que nous de­vons viser l’équilibre, mais pour la survie de la France !

Ce délai de 2 ans pour atteindre les fameux 3 % – qui sont loin très loin de l’équilibre budgétaire et, a fortiori, à des années-lumière du remboursement de la dette – est une prime au laxisme.

Car il faut dire et redire qu’un déficit nul, cela ne dépend ni de la croissance, ni de la conjoncture. Cela dépend de la volonté politique. Il suffit pour l’atteindre de savoir que les ressources de l’État ne sont pas illimitées et de faire des choix. Mais c’est bien ce que les démagogues sont incapables de faire : ils veulent à tout prix « arroser » toutes leurs clientèles électorales. C’est sans doute ce que l’on appelle le « sérieux budgétaire » dans le jargon contemporain ! n

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Comments (8)

  • captier Répondre

    mais bon sang pourquoi n’écoute t’on plus la fameuse
    ménagère de moins de “5Oans”quand vous avez 4Oeuros
    dans votre porte-monnaie vous n’en dépenser pas 6O,c’est quoi ce foutoir,ces gens dépensent de l’argent qui
    ne leur appartient même pas,que feront les enfants et petits enfants bientôt,rien,juste les yeux pour pleurer devant l’inconséquence de leurs prédécesseurs,la honte,et quand je pense à nos parents qui nous apprenaient à mettre de l’argent de côté pour plus tard,et
    surtout le respect du travail,sans travail tu n’a rien,mais bon,j’arrête,quelle époque et surtout quelle pagaille,merci les socialistes et autres avant.

    20 mai 2013 à 1 h 16 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    le futur (réel) selon François l’Optimiste ( et son porte parole sur le blog @ Jaurès ) : tout se fera ( bien ) sans rien changer … car on ne peut attenter aux dogmes

    16 mai 2013 à 11 h 41 min
  • BAYLE Répondre

    Ce n’est pas 3% de déficit qu’il faut viser : c’est 0 % !
    Si les pouvoirs publics en avaient le courage, c’est 60 milliards d’euros que l’on peut économiser en une année pleine ! Une fois les bonnes mesures prises, l’économie peut aller jusqu’à 100 milliards ! De quoi envisager la baisse des charges fiscales pesant beaucoup trop tant sur les entreprises que sur les ménages !
    Une première mesure simple : 50% de Français ne payent pas d’impôts, ce n’est pas normal, tout le monde devrait payer, même une somme symbolique : 50 € par exemple. Nous sommes dans le non respect de l’égalité devant l’impôt, Pourquoi ? Pour faire plaisir aux gauchistes !

    16 mai 2013 à 10 h 45 min
    • Jaures Répondre

      Si tout le monde paye une somme symbolique, le recouvrement coûtera plus cher que le montant de la recette fiscale. A 50€ pour pratiquement la même somme de frais de dossier, est-ce ainsi que vous récupèrerez 60 milliards ? Cette somme est, je le rappelle, le budget de l’Education.
      Pour économiser une telle somme, il faut renoncer à des prestations de masse (je cite plus bas l’école maternelle: 20 milliards) ou à des secteurs régaliens comme la défense.
      De plus, comme je l’ai écrit au sujet de l’Espagne, un déficit 0 ne vous garantit pas une croissance durable.

      16 mai 2013 à 21 h 01 min
  • Jaures Répondre

    Brennus, caricaturer les propos des autres est sans doute approprié aux “Guignols de l’info” mais guère pertinent dans un débat. Je serai bien surpris si vous trouviez dans mes interventions les propositions que vous me prêtez.
    Tout d’abord,et pour vous contredire, je suis opposé au recours non maîtrisé à l’emprunt. En effet, cela oriente les prélèvements fiscaux et sociaux vers la rente. L’emprunt doit donc servir à l’investissement et plus particulièrement à celui qui sert la balance commerciale (économies d’énergie), et permet de baisser les coûts de fonctionnement.
    Je suis également pour une gestion rigoureuse du bien public. Par exemple, il importait de supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires qui coûtait 4 milliards et nuisait à l’emploi.
    Mais bien gérer les finances publiques ne veut pas dire couper bêtement dans les dépenses. Ainsi, ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux de manière systématique est contreproductif. Investir dans l’éducation et la recherche est indispensable. Aucun pays ne s’est développé sans cette condition incontournable. De même, la Justice et la sécurité ne doivent pas être sacrifiées car elles participent de la cohésion sociale. Tout le monde dit qu’il y a trop de fonctionnaires mais dés qu’un problème surgit, on se plaint qu’il n’y a pas assez de policiers, de juges, de profs, de contrôleurs sanitaires,…Tout le monde estime trop payer d’impôts mais qu’on ne touche pas à ma préfecture, à ma caserne,…
    Il convient à ce sujet d’être pragmatique et de peser le pour et le contre sans idéologie. Les pays avec moins de fonctionnaires que la France ne se portent pas forcément mieux. Le contraire est également vrai. Il n’y a donc aucune raison objective d’être dogmatique.
    “Comment d’autres y sont arrivés” demandez-vous ? Actuellement, les seuls pays relativement bien portants sont ceux qui disposent de matières premières recherchées (Australie, Norvège, Canada,…) ou qui ont instauré un système financier opaque (Suisse, Luxembourg,…). Rien ne dit cependant que ces situations sont définitives: les gisements s’épuisent et la finance n’est pas toujours fidèle et rationnelle comme l’Islande et Chypre ont pu le constater à leurs dépends.

    16 mai 2013 à 9 h 13 min
  • BRENUS Répondre

    La bonne santé économique selon jaurès :
    – plus de dépense publique, donc relance avec prospérité et travail – ou semblant – pour tous .
    -embauche forcenée d’innombrables fonctionnaires, bien sur encadrés politiquement par de nouveaux jaurès, syndicalistes inamovibles.
    -lancement des ateliers nationaux comme en 1848, avec les résultats que l’histoire nous a fait connaitre
    -refus de toute réduction du décifit, avec appel à l’emprunt élargit et pourquoi pas l’emprunt forcé en junk bonds a taux d’intérêt nul imposé au seul secteur marchand – ces salauds d’ultra libéraux-
    -répudiation de la dette – tiens fume ! –
    – mise en place de la valorisation gauchisante de l’immense actif de la France (Versailles, le Louvre, le Mont-Blanc, etc…) qui selon les économistes formés à l’E.N. ultra politisée représente beaucoup plus d’actif que nous n’avons de passif. Un de ces cocos (le nom est bien choisit) a meme prétendu à la télé que non seulement chaque nouveau né français ne naissait pas avec des dettes, mais avec un crédit. Il faut le faire. Ajoutant aussi, un peu comme jaurès, que chaque nouvelle dépense collective était en fait une nouvelle richesse.
    Si l’on voulait être un tant soit peu sérieux, au lieu d’être dans le déni permanent, la gauchitude qui prétend que l’on ne peut toucher à rien pour améliorer les choses, mais craint surtout pour son fromage, devrait se poser la question de savoir comment d’autres, et pas des plus minables, y sont arrivés. Pas en multipliant les fonctionnaires, en tous cas.

    15 mai 2013 à 23 h 16 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Nicolas Sarkozy avait fait tout aussi bien ( enfin tout aussi mal je veux dire ) …

    15 mai 2013 à 13 h 31 min
  • Jaures Répondre

    On pourrait a priori suivre Rouxel et demander un déficit moindre, atteindre au plus vite le déficit 0. Cela semble relever du simple bon sens: il suffit de ne dépenser que ce que l’on a et le tour est joué !
    Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simple. On l’a vu avec la fameuse RGPP. Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux n’a non seulement pas permis de freiner les déficits mais a engendré une telle désorganisation qu’il a fallu recourir dans de nombreux cas à des renforts privés plus coûteux. Plus important, la baisse de l’investissement public entraine une baisse de l’activité générale. De nombreuses entreprises ne subsistent que grâce aux commandes publiques et leur défaillance a un effet de dominos sur l’économie locale aggravant encore la situation. On le voit dans les pays qui ont adopté une rigueur budgétaire encore plus rude que la France: certains sont au bord du désastre.
    De même, l’équilibre budgétaire ne protège de rien. L’Espagne était à l’équilibre en 2007, ce qui lui valait à l’époque satisfecit des économistes libéraux qui nous pressaient de l’imiter (comme l’Irlande).
    En somme, M Rouxel, on pourrait aisément retrouver l’équilibre. Par exemple, en supprimant l’école maternelle, on économise 20 milliards. La France s’en trouvera-t-elle dés lors en meilleure posture ? Mesure-t-on les conséquences d’une telle mesure à moyen terme ?
    Idem, on pourrait aligner notre budget de la défense sur celui de l’Allemagne, il suffit de renoncer à la dissuasion nucléaire et nous économisons plus de 10 milliards.
    Comme on voit, réduire les dépenses est théoriquement aisé mais qui connaît les conséquences des renoncements nécessaires et qui est prêt à les assumer ?

    15 mai 2013 à 11 h 57 min

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