Le rejet grandissant de l’oligarchie

Le rejet grandissant de l’oligarchie

Les médias ont été d’une discrétion de rosière sur le tout récent baromètre de la confiance politique du Cevipof.

Pourtant, ce baromètre est très intéressant pour comprendre la situation.

Commençons par la confiance en Hollande. Comme nous le savons depuis des mois, plus grand monde ne lui fait confiance : 53 % des Français disent n’avoir jamais eu confiance en lui et 26 % avoir perdu toute confiance en lui. Seuls 20 % des Français lui accordent encore un crédit. L’ex élu de Tulle est en train d’atteindre des scores chiraquiens : il va bientôt réunir sur son nom 82 % des suffrages (mais négatifs, cette fois !). Mais ceci ne nous apprend pas grand-chose. Nous savons bien qu’il n’y a rien à espérer de ce président et de son gouvernement.

Ce qui est plus instructif, c’est que ce rejet concerne désormais toutes les « élites » et tous les corps constitués : seuls 44 % des Français font confiance à la justice, 28 % aux syndicats et 23 % aux médias.

Mais il y a plus exécré encore : les partis politiques. Seuls 11 % des Français leur accordent du crédit !

À titre de comparaison, 74 % des Français font confiance à l’armée (le baromètre ne dit pas si c’est pour organiser un putsch !).

Et ce ne sont pas seulement les institutions actuelles, gérées le plus souvent par des incapables, qui suscitent le mépris et la défiance de nos compatriotes. Mais bel et bien les institutions comme telles. Abstraction faite – s’il est possible – de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, seuls 31 % des Français font confiance à l’institution présidentielle et 25 % à l’institution gouvernementale. Alors que la Ve République a été conçue pour en finir avec le régime des partis et créer une autorité de l’État impartiale et indépendante des lobbies, nous sommes retombés dans les pires travers de la IIIe ou de la IVe Républiques.

Personne n’imagine sérieusement que la présidence soit aujourd’hui indépendante et impartiale. Tout le monde voit le « chef de l’État » comme un chef de clan, soumis à des intérêts corporatistes divers et variés.

Il y a donc un rejet très fort des oligarchies anti-nationales.

Ceux qui ont pu voir le cortège de la manifestation Jour de Colère, dimanche 26 janvier, ont pu aisément s’en rendre compte. Le seul point commun entre tous les manifestants était le slogan « Hollande, dégage ». Pour le reste, vous pouviez y voir toute la diversité de la France d’aujourd’hui : des contribuables excédés aux côtés d’opposants à l’islamisation, des militants contre le monopole de la Sécu derrière un drapeau rouge de la CGT Impôts (je l’ai vu de mes propres yeux, m’étant trouvé pendant quel­ques minutes derrière ce drapeau rouge !), des amis de Dieudonné aux côtés des Jeunesses nationalistes. Et surtout des dizaines de milliers de Français en colère.

La manifestation s’est dissoute en réclamant des parlementaires l’application de l’article 68 de la constitution permettant de chasser un chef de l’État nuisible.

Les parlementaires se trouvent ainsi devant un choix difficile. Soit soutenir le président et courir le risque d’être emportés dans la tempête qui pourrait le renverser. Soit utiliser cet article 68, tout en sachant que plus rien ne sera comme avant : si le peuple reprend son destin en main et emporte une victoire aussi décisive que la destitution de François Hollande, il est évident que ce ne sera pas pour « rentrer à la niche » immédiatement après. Ce sera, au contraire, un premier acte de self-government comme disent les Anglo-Saxons.

Dans tous les cas, ce qui se joue aujourd’hui sous nos yeux est le réveil du peuple français. Ce dernier a manifestement décidé de ne plus se laisser guider aveuglément.

Les oligarques sont, quant à eux, un peu paniqués. On l’a vu d’ailleurs le 26 janvier : 10 minutes à peine après la dissolution d’une manifestation, qui pourtant était « à risques », la police a bloqué certaines issues et commencé à gazer des manifestants. Dans ces conditions, qu’il n’y ait eu que 250 interpellations montre bien davantage le sang-froid des manifestants que leur violence.

Il est vrai qu’il était peut-être difficile d’anticiper le succès de ce rassemblement qui répondait à l’appel d’un collectif volontairement anonyme et sans existence légale.

Mais il y avait une solution très simple pour savoir que les Français en colère étaient nombreux : les écouter. Il suffit d’aller sur un marché, dans un bistrot ou un dîner en ville, pour constater que le mécontentement grandit chaque jour. Il est vrai que l’écoute du peuple ne rentre pas dans les compétences de nos gouvernants. C’est peut-être aussi pour ça que Jour de Colère a été un succès !

Guillaume de Thieulloy

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Comments (14)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    la faillite de l’entreprise de transports routiers Mory-Ducros illustre, on n’ose dire à … merveille , la totale responsabilité des dirigeants politiques Français , U.M.P. comme P.S. , qui ont livré les salariés Français à la dérégulation européenne … comment lutter contre des salaires roumains, espagnols, etc … 5 fois inférieurs aux salaires français ?

    4 février 2014 à 15 h 01 min
  • BRENUS Répondre

    Laissez a jojo ses illusions lorsqu’il veut se persuader que cette manifestation compte pour du beurre et que la majorité du peuple français est ravi des pratiques de ses acolytes. Même s’il faut être totalement idiot pour le croire, rappelons la vieille formule “remercions Dieu d’avoir créé les imbéciles car sans eux, nous ne serions pas ce que nous sommes”

    1 février 2014 à 17 h 18 min
  • jean françois CHARLES Répondre

    Mobiliser un grand nombre est difficile. Et UNE ABSENCE D’ACTION EST PEU VISIBLE !!! Ainsi le boycott des élections (abstention) est sans grand effet car comment distinguer les suiveurs de ce mot d’ordre des autres abstentionnistes (malades, vacanciers, et autres tenants du tous les mêmes..)Je pense que l’abstention aux élections est la pire des attitudes. Je propose au contraire une ACTION VOLONTAIRE INDIVIDUELLE MAIS DONT LE NOMBRE SE VERRA, gratuite , non répréhensible. Porter le GILET JAUNE FLUO qui traîne dans nos voitures pour en toute non-violence dire “ATTENTION” ça ne va pas, “DANGER”. J’ai commencé, personne ne se retourne sur moi, pas plus qu’on ne s’étonne que l’agent de surveillance aidant les enfants à traverser n’en porte un…Mais si beaucoup, partout, nous le portons alors C
    CE SERRA VISIBLE et LE MESSAGE PASSERA… Faisons fleurir les GILETS JAUNES. OPERATION JONQUILLES ?? chiche.

    30 janvier 2014 à 9 h 59 min
  • jean françois CHARLES Répondre

    Mobiliser un grand nombre est difficile. Et UNE ABSENCE D’ACTION EST PEU VISIBLE !!! Ainsi le boycott des élections (abstention) est sans grand effet car comment distinguer les suiveurs de ce mot d’ordre des autres abstentionnistes (malades, vacanciers, et autres tenants du tous les mêmes..)Je pense que l’abstention aux élections est la pire des attitudes. Je propose au contraire une ACTION VOLONTAIRE INDIVIDUELLE MAIS DONT LE NOMBRE SE VERRA, gratuite , non répréhensible. Porter le GILET JAUNE FLUO qui traîne dans nos voitures pour en toute non-violence dire “ATTENTION” ça ne va pas, “DANGER”. J’ai commencé, personne ne se retourne sur moi, pas plus qu’on ne s’étonne que l’agent de surveillance aidant les enfants à traverser n’en porte un…Mais si beaucoup, partout, nous le portons alors SE SERRA VISIBLE et LE MESSAGE PASSERA… Faisons fleurir les GILETS JAUNES. OPERATION JONQUILLES ?? chiche.

    30 janvier 2014 à 9 h 55 min
  • obachiwa Répondre

    Je partage aussi, entierement, cette analyse. Et il est vrai que pour une fois, la composition “du cortege” etait on ne peut plus heteroclite. Mais avec un puissant denominateur commun que j’aime particulierement.

    La gauche aime la diversite, elle en avait une sous la main la. Ah c’est vrai j’oubliais, ce n’est pas celle-la qu’elle porte dans son coeur.

    Je suis personnellement beaucoup trop loin pour participer a tout cela, mais je dois dire que chaque fois qu’il y a une manifestation, et cela est plus vrai encore pour cette derniere du 26, je surveille internet, compte tenu du decalage horaire, pour avoir une confirmation hautement esperee de succes.

    Quant au dernier chapitre de l’article de M. de Thieulloy, il decrit on ne peut mieux la maniere de voir et comprendre la realite, qui de fait ne rentre pas dans les competences de l’ensemble de ce gouvernement.

    @Hanslm. Je suis plutot pour le baton. Ou mieux s’il y a, il doit bien y avoir la aussi, une diversite de manieres d’operer!!

    30 janvier 2014 à 1 h 42 min
  • DESOYER Répondre

    J’ai été étonné par:
    1) La jeunesse des manifestants;
    2) Leur détermination: les visages étaient graves et les manifestants savaient qu’il se passe des choses graves en
    France, que l’enjeu était important.

    29 janvier 2014 à 19 h 52 min
  • Philippe POINDRON Répondre

    Je partage entièrement cette analyse. Je confirme avoir vu le drapeau de la CGT et je l’ai du reste signalé dans le récit que j’ai fait le 26 janvier au retour de la manifestation. J’ai quitté la place Vauban peu après l’arrivée de la tête du cortège de façon à pouvoir rédiger mon compte-rendu avant les médias officiels. La narration qu’en fait le Monde est ignoble, madame Claire CHAZAL en a rajouté au journal télévisé. Bien entendu aucun de ces distingués bobos n’ont été se mouiller les pantalons et ils nous assènent des vérités qu’ils ont trouvées dans leur cerveau. Ils arguent de l’origine des associations pour déclarer que c’est, au choix, une manifestation des catholiques intégristes, du Front National, d’un ramassis de groupuscules. On se demande si ces gens ont encore le moindre contact avec le réel !

    29 janvier 2014 à 16 h 34 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      Hier, sur le blog du ” Point “, j’ai tenté une information photographique , bien entendu sans être publié, dans une réponse faite à un néo-@jaurèssien … qui voulait se convertir à l’Islam devant ce ” déferlement réactionnaire ” d’inspiration religieuse ( comprenez Catholique Romaine …pour information, je suis Calviniste ) …

      je signalais la présence dans le défilé d’une grande banderole qui prenait toute la largeur de la rue et sur laquelle on pouvait lire de gauche à droite:

      ” les Musulmans Français contre le mariage homosexuel ”

      et de droite à gauche

      ” les Musulmans Français contre le mariage homosexuel ”

      mais en … arabe bien sûr

      @ Jaurès va nous dire que nous soufflons sur les braises du Communautarisme … Religieux

      Ma réponse ” prévisionnelle ” : à qui la faute ?

      4 février 2014 à 14 h 06 min
  • Jaures Répondre

    “Le réveil du peuple français”… Après chaque manifestation on nous ressert ce refrain. Manifester est un droit mais seul le suffrage universel est souverain. Et je ne crois pas que le cortège grotesque du 26 janvier, entre bonnets rouges et croix celtiques, entre quenelles et saluts nazis mobilise le peuple français autour de ses slogans.

    29 janvier 2014 à 15 h 47 min
    • Dr H. Répondre

      On connaît la chanson “Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire…” Il suffit donc qu’une majorité de députés décident que les hommes sont des femmes, ou qu’il fait jour à minuit, pour que ce soit vrai…

      30 janvier 2014 à 8 h 33 min
      • Jaures Répondre

        Où avez-vous vu pareilles inepties ?

        30 janvier 2014 à 18 h 04 min
        • quinctius cincinnatus Répondre

          c’était un Ministre de François de l’Observatoire, vous connaissez, qui avait éructé cette vérité première et démocratique … j’ai oublié jusqu’à son nom … je n’encombre jamais ma mémoire avec des inepties … pas comme vous

          1 février 2014 à 22 h 18 min
          • Jaures

            Un ministre a dit que “les hommes sont des femmes et qu’il fait jour à minuit” ? Pas étonnant que vous ne vous souveniez plus de son nom.

            4 février 2014 à 15 h 19 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    La question est de savoir comment dégager un incompétant ne voulant pas être dégagé.
    Carotte ou bâton?

    29 janvier 2014 à 12 h 36 min

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