L’effondrement de la diplomatie française (version longue)

L’effondrement de la diplomatie française (version longue)

La polémique de ces derniers jours se nourrit des commentaires d’Éric Zemmour à l’endroit de la politique de François Hollande. Tous les blablas, déversés par les médias et leurs commentateurs patentés de toute tendance politique, n’apportent rien de positif.

Un regard sur le passé est quelques fois utile. En 1964, dans l’église de Kazan à Moscou, consacrée à l’athéisme, des photos de propagande affichaient un monde chrétien occidental en pleine déliquescence. On était encore dans la banalité du registre de la révolution française, celui de la débauche des curés fricotant avec les bonnes sœurs. La sexualité était sujet tabou en France, où la censure existait encore. Dans les années 70 on se passait, sous le manteau, un ouvrage qui dénonçait l’infiltration de l’Eglise par des agents communistes. Leur mission aurait été de pourrir l’Eglise de l’intérieur. Ceux qui ont recherché cet ouvrage plus tard, ne l’ont pas retrouvé. La censure pour ce livre ne fut probablement pas celle à laquelle on aurait pu penser.

La diplomatie de la France d’après-guerre était sous influence de l’allié américain, qui fut présent sur notre sol pendant de longues années. C’est aussi en 1964 que cette présence disparut, grâce à l’action du général de Gaulle, qui remit le pays dans la voie de l’indépendance économique et militaire. Après être sortie des guerres d’Indochine et  d’Algérie, la France retrouva enfin sa sérénité. La reconstruction du pays se poursuivit avec les présidents Pompidou et Giscard d’Estaing. C’est à partir de ce dernier que la politique étrangère quitta l’espace feutré du Quai d’Orsay. La France connut à  nouveau des attentats, comme au drugstore des Champs Elysées (1974).

L’accueil de l’ayatollah Khomeiny (d’octobre 1978 à janvier 1979) était-il destiné à calmer le jeu ? Toujours est-il qu’il y en eut d’autres :  rue Copernic (1980) rue des Rosiers et rue Marbeuf  (1982),  rue de Rennes (1986), etc. Tous ces attentats étaient en relation avec la politique étrangère de la France avec liIslam et Israël. La menace que nous connaissons aujourd’hui est d’une autre nature. Il s’agit maintenant d’une guerre religieuse mondiale menée par les frères musulmans (voir « Le Projet » de Alexandre del Valle et Emmanuel Razavi). Cette guerre a fait de nombreuses victimes au Moyen-Orient où elle est à l’origine de plusieurs guerres civiles et assassinats de dirigeants politiques. En Europe, la France, terre d’asile pour les populations du Maghreb et d’Afrique, se trouve en première ligne.

On peut observer maintenant, pour ceux qui habitent Paris, que l’on ne cesse d’y manifester pour des revendications complètement étrangères au pays, entraînant celui-ci à prendre part à des conflits extérieurs. Cette nouveauté est révélatrice d’une modification de la population française d’origine, qui ajoute un danger de division entre Français. D’autre part, ce qui faisait la force du pays hier, au début de la Ve république, s’est petit à petit émoussé au fur et à mesure de la  modification des institutions, que ce soit du fait de la communauté européenne ou des intérêts des partis – de mars 1986 à mai 1988 première cohabitation (Mitterrand-Chirac), de mars 1993 à mai 1995 seconde cohabitation (Mitterrand-Balladur), de juin 1997 à avril 2002 troisième cohabitation (Chirac-Jospin) – jusqu’à l’instauration du quinquennat d’octobre 2000 en remplacement du septennat, instauré en France en 1873. Depuis qu’observe-t-on? La multiplication des engagements militaires hors de France (ce que l’on appelait hier politique de la canonnière).

La politique extérieure française a perdu sa cohérence, celle dont le Quai d’Orsay s’honorait du temps de Couve de Murville.  Aujourd’hui, la diplomatie séculaire de la France a disparu. La modération dont elle eut l’apanage fit place à l’improvisation, face à  l’imprévu. Nos derniers présidents pensèrent que la politique étrangère faisait partie du domaine réservé et que le peuple n’avait pas son mot à dire. C’est ainsi que l’on durcit les conditions nécessaires pour organiser un vote populaire par référendum.  Les alliances séculaires de la France d’autrefois furent ainsi compromises à la suite d’actions extérieures, difficilement compréhensibles pour le pays. Quoi que l’on dise, la France perd ses amis en conséquence d’actions hasardeuses et coûteuses pour son avenir.

L’ayatollah Khomeiny considérait l’Occident comme corrompu moralement et dénonçait le grand Satan (USA). Pour lui, la France faisait partie de ce clan satanique. Pour nous, il n’y a pas de doute que les événements de 1968 ont changé radicalement le regard que le monde islamique portait sur nous. L’interdit d’interdire a conduit aux caricatures de Mahomet, qui jouèrent un rôle de détonateur pour raviver l’action terroriste en France – cette fois menée par les frères musulmans . Au Bataclan la présence du groupe rock “Eagles of Death Metal” qui invoqua le diable dans sa chanson “Kiss The Devil“, ne joua certainement pas un rôle d’agent modérateur, lorsque la fusillade se déclencha.

Le Président Hollande aurait-il pu jouer un rôle d’agent modérateur ? Probablement oui, en gardant avec la Syrie des relations diplomatiques normales et en ne se montrant pas comme le défenseur acharné des caricatures islamiques, qu’il revendiquait au nom de tous les Français et de la liberté d’expression. Ce que beaucoup de nous récusaient dans leur for intérieur, comme l’accord de Marrakech et la perpétuelle politique de repentance du président Macron. La France se voit de plus en plus occupée par une population que le pays n’a pas choisie. Le passage sous les fourches caudines de la pensée socialiste, associé à la novlangue et autres élucubrations insensées, devient intolérable pour beaucoup et autorise le candidat Zemmour à nous proposer une politique de vérité.

En 1968, le PS pensait qu’à force de trop interdire, le pouvoir arriverait à la dictature. Le général de Gaulle s’en est défendu avec succès, en nous faisant bien rire. Depuis, en citant Augustin d’Hippone « A force de tout voir on finit par tout supporter. A force de tout supporter on finit par tout tolérer. A force de tout tolérer on finit par tout accepter. A force de tout accepter on finit par tout approuver ! »

Franchement, on en a marre de passer son temps à avaler les couleuvres du Président Hollande, de son programme que poursuit le Président Macron. Chaque fois que je vois inscrites ces 2 lettres PS, je pense à l’harmonie imitative chez Racine tirée de sa tragédie Andromaque : “ Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes…

Fermez le ban !

 

Nota :

– En 1999, participation française à la Force pour le Kosovo (KFOR) & Actions humanitaires au bénéfice des réfugiés Kosovar en Albanie et en ARYM , Mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo

– En 2002, participation des forces françaises à la formation de l’Armée nationale afghane sur demande du gouvernement afghan.

– En 2003, participation des forces spéciales françaises à la lutte contre le terrorisme (environ 200 hommes) en Afghanistan sur demande du gouvernement afghan.

– En 2004, opération de maintien de la paix, faisant suite à la Force de stabilisation (SFOR) de l’OTAN, qui, elle-même, a succédé à l’IFOR en 1996.

– En 2011, opération contre le régime du colonel Kadhafi lancée au début de la première guerre civile libyenne. Elle est intégrée à l’opération Unified Protector de l’OTAN à partir du 31 mars.

– En 2013, création par la résolution 2100 de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali. Elle compte en 2021 plus de 18 000 personnels dont une vingtaine de Français pour la coordination avec Barkhane. Opération de soutien aux forces armées maliennes pendant la guerre du Mali, face à l’avancée irrésistible des rebelles islamistes. Elle est remplacée en 2014 par l’opération Barkhane8

– 1er août 2014, opération au Sahel, succédant, en juillet 2014 aux opérations Serval et Épervier. Un effectif de 5 000 militaires est déployé au sol pour faire face à la menace terroriste au Nord-Mali en appuyant les forces de la MINUSMA et du G5 Sahel.

– En 2014, opération contre l’organisation État islamique lancée en septembre 2014 en Irak dans le cadre d’une coalition internationale92, puis étendue à la Syrie le 27 septembre 2015.

– En 2018, opération lancée avec les États-Unis et le Royaume-Uni contre le régime du président Bachar el-Assad en réaction à l’attaque chimique de Douma.

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