Le péché d'orgueil de l'euro

Le péché d'orgueil de l'euro

 

Avec la crise grecque, le doute sur l’euro s’est installé dans les médias. Il ne s’agit plus
du doute des eurosceptiques, ceux-qui pensent qu’une monnaire correspond à une nation, un gouvernement. Cela dépasse même celui exprimé par des économistes sur le thème de la zone monétaire
optimale, celle dont la convergence entre différentes économies pourrait permettre à une monnaie d’être efficace pour plusieurs pays…

 

Non, le doute est plus profond et avec le début de la spéculation contre l’Espagne, c’est l’euro
lui-même qui est en danger.

 

Les commentateurs osent aujourd’hui lister les erreurs commises lors de la création de l’euro : une monnaie qui
n’est pas appuyée sur un gouvernement, l’absence de politique économique correspondant au territoire de la monnaie, l’hétérogénéité économique structurelle entre les pays détenteurs de l’euro,
l’absence de contrôle du respect des critères de convergence économique,…

 

Il reste un argument nous semble-t-il, qui n’a pas été développé et c’est peut-être pourtant celui qui coûte
depuis 10 ans des millions de chômeurs à l’Europe et une croissance atone. C’est le péché d’orgueil de l’euro, celui d’avoir fixé sa valeur, au moment de
sa création, au niveau du dollar.

 

Or, aucun des membres de l’euro n’avait une monnaie du niveau du dollar, pas même l’Allemagne avec son
Mark !

 

Quel était l’avantage d’avoir une monnaie du niveau du dollar : concurrencer la monnaie
internationale dans le domaine des transactions internationales, devenir une monnaie de réserve, attirer les fonds de la finances et de la spéculation, et même
le blanchiment de l’argent sale avec le fameux billet de 500 euros…

Dans ce domaine, les objectifs n’ont été que partiellement réalisés : la monnaie de réserve est toujours le
dollar, et les échanges internationaux, comme le cours des matières premières, dont le pétrole est toujours fixé en dollar.

 

Quel est le coût à payer pour les économies européennes d’avoir une monnaie dont la valeur est
au moins le double des anciennes monnaies (on ne parle même pas des pays méditerranéens) ?

 

Une inflation immédiate par les prix, comme tous les consommateurs le dénoncent : du café au
croissant en passant par l’immobilier ainsi que les services, tous les prix des produits et services réalisés sur place se sont alignés sur l’euro.

 

D’où un coût de la vie plus élevé pour le consommateur et des pertes de marchés à l’exportation pour
les entreprises.
Et donc déjà, une perte de compétitivité avec les délocalisations et le chômage que cela entraîne.

 

Ce phénomène a été renforcé par la croissance des importations. Avec une monnaie plus forte, le
consommateur européen peut se payer des produits non européens
: haute technologie américaine ou japonaise, habits fabriqués en Chine. Mais aussi les produits des pays européens qui
avaient la monnaie la plus forte. Les voitures françaises et allemandes ont gagné des ventes dans les pays du sud. Les touristes ont pu envahir Paris sans être pénalisés par la Lire ou la
Drachme.

 

Globalement, c’est encore la production locale qui a souffert de cette facilité donnée aux
importations. D’où un renforcement du cycle des délocalisations et du chômage.

 

Il y a donc bien un véritable péché d’orgueil dans la création de l’euro, jusque dans la fixation de sa
valeur à son départ.
La réalité, c’est que l’euro à plus d’un dollar n’est supportable et bénéfique que pour les services financiers et pour un pays spécialisé sur un
créneau bien particulier de biens à haute valeur ajoutée : l’Allemagne…

 

 

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